Cet hommage rendu au Pr Jean-Bernard Ouédraogo se tient alors que le GRIL, dont il est l’un des pères fondateurs, souffle sa 30e bougie. Celui que le monde universitaire et le GRIL célèbrent aujourd’hui, est actuellement le directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS/Paris) et directeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris.

Il œuvre depuis 1989 à la formation universitaire et à la recherche de haut niveau en sociologie à l’université Joseph Ki-Zerbo et dans plusieurs universités et instituts prestigieux aux USA, au Canada, en Allemagne, en Suède, au Sénégal. En plus de sa fécondité et de sa rigueur intellectuelle, Pr Ouédraogo a toujours su convoquer dans ses enseignements, des références et des réflexions choisies dans et en dehors du champ de la sociologie. Pour le Pr Gabin Korbéogo, président du comité d’organisation, ce colloque est une opportunité de rendre hommage à une « éminence grise » de la sociologie africaine et internationale, marquée par la quête perpétuelle de l’excellence, de la rigueur, qui a la passion contagieuse pour la sociologie, d’une part, et d’autre part, de magnifier les qualités humaines d’un homme affable, modeste, altruiste, discret et honnête. « En outre, ce colloque est une occasion pour célébrer les 30 ans du GRIL et de magnifier le mérite de ses membres fondateurs », a-t-il ajouté.

Un parrain qui n’en est pas un

Le parrain de cette cérémonie d’hommage est le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo. Il a confié que lorsqu’il a été contacté, il n’a pas fait attention au mot parrain. « J’ai tout de suite dit oui. Après, j’ai réfléchi, parrain, c’est quoi ? Est-ce que ce mot n’est pas trop fort pour moi ? », s’est-il questionné. Selon ses dires, il n’est pas en réalité un parrain. « Je ne suis pas un universitaire. Je ne peux pas être le parrain d’un colloque universitaire », a-t-il déclaré. Il a soutenu avoir accepté de participer à cet hommage pour apporter sa contribution. « J’aurais de toute façon accepté n’importe quel rôle. Que ce soit celui de maître de cérémonie ou tout autre chose, pourvu que j’ai l’occasion de rendre hommage à cet homme », a-t-il fait savoir. Il a profité de la cérémonie pour rendre témoignage de leur engagement commun avec le Pr Ouédraogo en faveur d’une science démocratique et populaire. Aux côtés du journaliste Norbert Zongo, M. Nacanabo a affirmé que le Pr Jean-Bernard Ouédraogo a participé à la collecte de nombreuses informations relatives à des faits de corruption et aux dénonciations d’injustices. Il a aussi pris part à la distribution du journal « L’Indépendant » de Norbert Zongo à l’intérieur du pays et dans les établissements secondaires. « Nous avons aussi créé ensemble un réseau de lecteurs du journal pour partager les bonnes idées, les idées justes », a rappelé le parrain.

Pour le Pr Jean François Silas Kobiané, président de l’université Joseph Ki-Zerbo, représenté par le Pr Zida, si la notion de résilience devait avoir un sens moins galvaudé, elle s’appliquerait parfaitement au GRIL, pionnière de la recherche en science sociales à l’université de Ouagadougou, aujourd’hui, université Joseph Ki-Zerbo. Le thème, a-t-il poursuivi, colle « merveilleusement » au colloque. A l’en croire, cette cérémonie d’hommage n’est pas seulement qu’une tradition. « L’initiative de vos étudiants devenus vos collègues est le témoignage d’une mission bien remplie et bien accomplie », a-t-il terminé.

De la célébration collective

Celui qui est à l’honneur a reçu des présents et des témoignages émouvants de ses anciens étudiants au cours de la cérémonie. C’est tout ému que le Pr Jean-Bernard Ouédraogo a pris la parole. « Tous ceux qui sont passés disant que j’ai eu un effet positif sur eux, je dirais que c’est plutôt eux qui ont eu un effet sur moi. Et c’est à mon avis le plus important », a-t-il lancé d’entrée. Pour le Pr Ouédraogo, cette cérémonie d’hommage est exagérée. Il préfèrerait une célébration collective. « Je m’excuse de le dire. Je pense que c’est exagéré. Parce que ceux qui devraient recevoir ces hommages, c’est plutôt vous. Nous avions eu un contexte qui était vraiment favorable pour les études. Nos professeurs nous incitaient à étudier. Mais j’ai eu affaire à des étudiants qui étaient dans des conditions difficiles. Donc, c’est une célébration collective de tous ces étudiants qui devrait être organisée », a-t-il nuancé. Qu’à cela ne tienne, Pr Ouédraogo a estimé avoir joué sa partition dans la formation de sociologues de haut niveau au Burkina Faso et dans le monde.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net