Autonomisation financière : Des femmes des régions du Nord et du Centre-Nord bénéficient de l’appui de l’OIM
Afin de renforcer la résilience des femmes déplacées et des communautés hôtes, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a mis en œuvre le projet de renforcement de l’autonomisation et de la résilience des femmes pour promouvoir la paix et la cohésion sociale dans les régions du Nord et du Sahel du Burkina Faso. À travers ce projet, plusieurs femmes ont pu bénéficier de formation en divers métiers et se sont organisées en coopératives. C’est en vue de faciliter la mise en réseau de ces coopératives de femmes du Nord et du Centre-Nord, qu’une rencontre d’échanges a été initiée ce 10 décembre 2024 à Kaya par l’Association pour la promotion de l’éducation et pour le développement (APED), partenaire de mise en œuvre du projet.
Venues de Ouahigouya, de Yako et de Gourcy, les femmes de la région du Nord sont à Kaya pour renforcer le partenariat avec leurs paires de la région du Centre-Nord. Toutes bénéficiaires de l’appui de l’OIM pour le développement d’activités génératrices de revenus, elles ont pu ainsi échanger sur les acquis et opportunités du projet, les facteurs de réussite, les leçons apprises, les défis liés à l’autonomisation des femmes ainsi que les opportunités de synergie entre les productrices. Les bonnes pratiques et défis liés à la promotion du leadership féminin dans la gouvernance inclusive et la cohésion sociale ont aussi été débattues.
À en croire Binta Kibsa Ouédraogo/Simporé, présidente de l’APED, 18 sociétés coopératives ont été constituées dans le cadre du projet. Et avec ces coopératives, ce sont 500 bénéficiaires qui ont été formées dans la région du Nord et 350 au niveau du Centre-Nord. Ces bénéficiaires, à travers des formations de courte durée, ont vu leurs capacités renforcées en entrepreneuriat, en aviculture, en pisciculture, en saponification et en transformation agroalimentaire. Aujourd’hui, elles vivent de ces activités. « Grâce à ces activités, ces femmes sont indépendantes et très épanouies et peuvent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles, sans difficulté », s’est réjouie la présidente de l’APED.
Ces différentes activités faut-il le relever, ont été mises en œuvre par APED avec le concours d’autres organisations telles que l’Association Vision Action Développement (AVAD), Vétérinaires sans frontières et la Croix-Rouge Burkinabè.
Il faut noter que la rencontre d’échanges a aussi servi de cadre pour présenter à l’OIM, les différentes réalisations faites par ces femmes. Il a ainsi été donné de voir la ferme avicole et les bassins piscicoles situés au sein de l’APED. Les femmes ont aussi présenté leurs produits d’élevage de mouton, de lapins, de canards ; les jus issus de la transformation agroalimentaire, du soumbala, du poisson fumé, des biscuits à base de produits locaux, etc.
Des femmes résilientes
À la rencontre d’échanges, les témoignages des bénéficiaires n’ont pas manqué. Aguiratou Sawadogo, déplacée de Remba ayant trouvé refuge à Kaya, dit avoir été formée par l’APED en transformation agroalimentaire, plus précisément en fabrication de jus locaux. « Avec la fabrication et la vente de jus, nous (femmes de la coopérative) arrivons à avoir de l’argent pour nos besoins. Nous avons beaucoup de commandes et nous ne chômons pas. Grâce aux bénéfices que nous avons eus de la vente des jus, nous avons même pu avoir notre propre local pour mener notre activité », confie-t-elle.
Yacine Simporé, présidente d’une coopérative de femmes formées à la pisciculture et à la transformation du poisson, a aussi laissé entendre que grâce à cette activité, la trentaine de femmes que compte la coopérative arrive à joindre les deux bouts. Selon ses propos, la vente du poisson entre 2022 et 2023 leur a permis d’enregistrer un chiffre d’affaires de 8 millions de F CFA. Elle n’a pas manqué de plaider auprès des acteurs de mise en œuvre du projet, afin que la formation soit étendue à d’autres femmes également dans le besoin.
Mariam Pafadnam de la coopérative Sandbonde, spécialisée en aviculture, soutient qu’en deux ans d’activité, la coopérative a pu écouler environ 10 000 poulets pour un chiffre d’affaires d’un peu plus de 19 millions de F CFA, avec un bénéfice de 7 millions. Si dans un passé récent, ces femmes majoritairement déplacées peinaient à nourrir, scolariser et soigner leurs enfants, cela est désormais un vieux souvenir, a laissé entendre Mariam Pafadnam.
Visiblement émue par les différents acquis engrangés par les femmes, Aïssatou Guissé Kaspar, cheffe de mission de l’OIM, a exprimé toute son admiration face à leur esprit de résilience et de combativité. Elle n’a pas manqué de les encourager à persévérer dans leur combat quotidien pour leur bien-être et celui de leur famille. Elle a aussi réaffirmé l’engagement de l’OIM à accompagner de telles initiatives.
Armelle Ouédraogo
Lefaso.net