Santé : Le Burkina Faso s’engage à abandonner les dispositifs médicaux contenant du mercure
Le ministère de la Santé et celui de l’Environnement ont tenu, le mardi 10 décembre 2024, un atelier de lancement du projet d’élimination progressive des dispositifs médicaux contenant du mercure. Financé par le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) et soutenu par l’Organisation mondiale de la santé, ce projet concerne l’utilisation des thermomètres et les spygmomanomètres dans les établissements sanitaires au Burkina Faso.
Le Burkina Faso a réalisé une évaluation initiale sur le mercure en 2018, qui a montré un apport total annuel de mercure estimé est à 353 590 kg. De plus, un inventaire effectué de 2016 à 2021 dans 348 établissements de santé et a montré une quantité de 126 492 thermomètres à mercure et 8 973 sphygmomanomètres à mercure. L’étude menée en 2022 sur l’état actuel de mise en œuvre de la Convention de Minamata sur le mercure a montré que le Burkina Faso a importé 15 kg de thermomètres à mercure. Les sphygmomanomètres à mercure sont utilisés pour mesurer la tension artérielle et les thermomètres à mercure pour mesurer la température.
Pourtant, selon le représentant pays par intérim de l’OMS, représenté par Dr Ramatou Sawadogo, le mercure peut avoir des effets toxiques sur les systèmes nerveux, digestif et immunitaire, ainsi que sur les poumons, les reins, la peau et les yeux. Pour lui, il n’existe pas de niveau d’exposition au mercure élémentaire qui soit sans risque pour le corps humain ; des effets peuvent être constatés même à de très faibles concentrations. « Les fœtus, les nouveau-nés et les enfants sont parmi les plus vulnérables et les plus sensibles aux effets nocifs du mercure », a-t-il déclaré dans son discours lu par Dr Ramatou Sawadogo.
Elle souligne qu’il s’agira tout d’abord d’élaborer une stratégie pour l’élimination progressive des dispositifs médicaux à mercure, pour les remplacer par des outils plus adaptés soutenus par l’OMS et l’ensemble des partenaires qui œuvrent au sein du projet.
Le ministère de l’Environnement, qui a pris part à l’atelier, a remercié le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le Programme des Nations-unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui accompagnent la mise en œuvre du projet. Ce processus est, selon le ministère, capital pour le Burkina Faso en matière de protection de la santé, de préservation de l’environnement et de respect de nos obligations vis-à-vis de la convention.
L’atelier a ainsi permis de partager les connaissances de base sur le mercure, les dispositifs médicaux et la gestion rationnelle des déchets. La mise en œuvre de la Convention de Minamata au Burkina Faso a également été au cœur des échanges. C’est un projet de cinq ans qui s’étend de 2024 à 2029, dans cinq pays dans le monde, à savoir l’Albanie, le Burkina Faso, l’Inde, le Monténegro et l’Ouganda.
La Convention de Minamata
La Convention de Minamata sur le mercure est un traité international visant à protéger la santé humaine et l’environnement contre les effets néfastes du mercure. Elle a été adoptée le 10 octobre 2013 à Kumamoto, au Japon, par 128 pays. Parmi ses principales dispositions, elle prévoit l’interdiction des nouvelles mines de mercure et l’abandon progressif des mines existantes, la suppression et l’élimination progressive de l’utilisation du mercure dans un certain nombre de produits et procédés, la mise en place de mesures visant à contrôler les émissions de mercure dans l’atmosphère et ses rejets dans l’eau et le sol, ainsi que le contrôle du secteur informel de l’extraction minière artisanale et à petite échelle de l’or. La Convention traite également de la question du stockage provisoire du mercure ainsi que de son élimination une fois devenu déchet, des sites contaminés ainsi que des aspects sanitaires.
Le Burkina Faso a ratifié la convention de Minamata le 10 avril 2017. L’objectif général de cette convention est de protéger la santé et l’environnement contre les émissions et rejets anthropiques de mercure et de composés de mercure. En plus des objectifs spécifiques, elle a défini des échéances en vue de l’élimination progressive de la fabrication, de l’exportation ou de l’importation de plusieurs produits contenant du mercure ajouté, notamment les sphygmomanomètres et les thermomètres. Ainsi, l’année 2020 était fixée comme la date limite à partir de laquelle la fabrication, l’importation et l’exportation de sphygmomanomètres et de thermomètres contenant du mercure n’était plus autorisée par les parties à la convention, sous réserve d’une prolongation unique.
Le secrétaire général du ministère de la Santé a rappelé que le mercure est un métal lourd utilisé dans la fabrication d’un certain nombre de dispositifs. « Lorsqu’il y a une fuite ou un endommagement de ces équipements, le mercure représente un danger pour les agents de santé, les patients et l’ensemble des accompagnants. C’est pourquoi le ministère de la Santé a adhéré à la Convention de Minamata qui vise à protéger la santé et l’environnement de la population », a-t-il précisé. Cet atelier est donc une étape décisive pour la mise en œuvre de cette convention au Burkina Faso, ajoute Dr Issa Ouédraogo.
« Pour ma santé et la préservation de l’environnement, je m’engage à abandonner l’utilisation des thermomètres et les sphygmomanomètres à mercure », c’est sur ce thème que l’atelier de lancement s’est tenu.
Farida Thiombiano
Lefaso.net