Burkina Faso/Problématique du mariage d’enfants : Des avancées significatives enregistrées, mais la garde ne doit pas être baissée, selon les acteurs
Le ministère en charge de l’action humanitaire et ses partenaires ont tenu leur seconde session ordinaire, la dernière de l’année, de la plateforme multisectorielle de prévention et d’élimination du mariage d’enfants au Burkina Faso. Au cours de cette dite session, il sera question d’évaluer les activités menées sur le terrain pendant l’année, et d’analyser les défis auxquels, les acteurs sont confrontés. C’était ce mardi 10 décembre 2024 à Ouagadougou.
Se tenant deux fois par an, cette session réunit les acteurs publics et privés impliqués dans la problématique du mariage d’enfants afin d’évaluer les interventions menées sur toute l’année. Ce, dans le but de faire le bilan des avancées enregistrées sur la question, mais aussi des défis auxquels les acteurs sont confrontés sur le terrain.
Cette dernière session de l’année a été présidée par la représentante de la ministre en charge de l’action humanitaire, la chargée d’études du ministère, Halimata Sawadogo, en compagnie d’Edith Ouédraogo, représentant les partenaires techniques et financiers.
Lançant officiellement les travaux, la chargée d’études du ministère a rappelé que cette présente session se tient dans un contexte toujours marqué par la crise sécuritaire et humanitaire dans plusieurs localités de notre pays. « Ce qui a rendu difficile la bonne exécution des activités du plan d’actions 2024 sur le terrain », a-t-elle regretté. D’après elle, la lutte pour l’épanouissement de la jeune fille demeure un impératif national, même si de nombreux progrès sont aujourd’hui enregistrés dans le domaine. Il s’agit notamment de la prévention, de la prise en charge, du renforcement du dispositif national et de la répression du mariage d’enfants.
La représentante des partenaires techniques et financiers, Edith Ouédraogo, se réjouissant elle-aussi des progrès enregistrés, a attiré l’attention des acteurs sur le fait que, malgré cela, la problématique demeure une réalité douloureuse pour des millions de filles dans notre pays. Car les chiffres de la dernière enquête démographique et de santé (EDS) indiquent une baisse du pourcentage des femmes qui ont été en union avant l’âge de 18 ans. Il est passé de 51, 5% en 2010 à 38, 2% en 2021, a-t-elle laissé entendre.
Au titre des avancées enregistrées, le directeur de la protection et de la promotion de la famille, Sahid Kobiané, parle d’un grand nombre de personnes touchées par l’information et la sensibilisation. « Parce qu’aujourd’hui, la majorité des communautés savent de quoi il est question, et également beaucoup de leaders communautaires sont d’accord qu’il faut laisser tomber le mariage d’enfants », a-t-il expliqué.
En plus de cette avancée, il a fait savoir que plus de 6 000 villages ont déclaré publiquement l’abandon du mariage d’enfants. Il y a eu également l’installation des relais dans les villages qui poursuivent les sensibilisations auprès de leurs communautés. À ces avancées, la présidente de la cérémonie a par ailleurs cité aussi l’organisation de nombreuses activités de communication sociale sur la promotion de l’abandon du mariage d’enfants qui ont permis de toucher 4.866.265 personnes sur l’ensemble du territoire national, l’encadrement de 56.896 adolescents et jeunes filles dans les espaces sûrs, les écoles de futurs maris, les gouvernements scolaires, les réseaux de jeunes sur les compétences de vie courante, la santé sexuelle et reproductive, le mariage d’enfants et les VBG. Aussi, il y a eu l’organisation de 629 cérémonies de déclarations publiques d’abandon du mariage d’enfants, ainsi que la mobilisation d’environ un milliard par l’État et les partenaires pour la lutte contre le mariage d’enfants.
Mais au-delà de ces avancées, la crise sécuritaire impacte les actions menées sur le terrain et cela mitige le bilan, dit-il. C’est pourquoi, selon lui, il faut accentuer les veilles dans les villages pour que les gens sachent que la problématique est toujours interdite.
L’autre défi qu’il faut relever, c’est la relecture du Code des personnes et de la famille. En la matière, le directeur fait comprendre qu’il faut veiller à ce que la relecture puisse être effective afin de pouvoir sévir efficacement contre cette problématique du mariage d’enfants. « Car dans le code actuel, l’âge du mariage n’est pas harmonisé pour les garçons comme pour les filles », a-t-il regretté.
Yvette Zongo
Lefaso.net