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Affaire "détournement de fonds au ministère de l’Action humanitaire" : Le Tribunal demande à écouter deux agents du Trésor public, Issa Sagnon et son collaborateur M. Lankoandé

Publié le mardi 10 décembre 2024 à 09h54min

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Affaire

Renvoyée du mardi, 3 décembre 2024 à ce lundi, 9 décembre 2024, l’audience de jugement du dossier portant détournement de Fonds publics au ministère en charge de l’Action humanitaire a, enfin, entamé sa phase d’audition des mis en cause. A la barre, le prévenu Amidou Tiégnan. Des révélations sur des pratiques ayant concouru aux charges à lui reprocher, mais aussi des personnes citées comme complices ou ayant facilité certains actes.

Après quelques discussions entre les parties au procès, relatives à des exceptions soulevées par les conseils du prévenu, et vite évacuées, le Tribunal a amorcé l’étape d’audition avec le prévenu Amidou Tiégnan. Elle a concerné les infractions de « Faux en écriture publique et usage de faux en écriture publique », « détournements de fonds publics », l’« enrichissement illicite » (l’infraction de blanchiment de capitaux ayant été séparée des autres infractions).

Sur le chef d’accusation portant « Faux en écriture publique et usage de faux en écriture publique », le prévenu dit reconnaître les faits, mais relativise en indiquant agir sur les ordres de ses supérieurs hiérarchiques.« Nous ne sommes que des agents exécutants et nous exécutons les ordres venant directement de notre hiérarchie », dit-il.

Il cite ici, le directeur de gestion des finances (DGF), Camille Yé, et le chef de service de la commande publique, Amidou Gnoumou.

M. Gnoumou lui envoie les contrats à payer (y compris les contrats inachevés), lui se contente de payer les fournisseurs, sur instructions de M. Yé.

Le prévenu explique que la confiance entre lui et son supérieur Camille Yé était de sorte que ce dernier lui avait laissé un specimen de sa signature, pour qu’en cas d’indisponibilité (voyages ou déplacements hors du bureau), il puisse signer les chèques et procéder aux décaissements. « Avec Yé Camille, tout se faisait de façon verbale dans son bureau ou au téléphone. Le chef de la commande publique aussi m’envoyait chaque fois des contrats inachevés, mais Yé Camille me demandait de faire le paiement. Dans le ministère, c’est moi qui détenais le plus gros compte. Ce compte était un compte fourre-tout. Je suis le co-signataire et Yé Camille est le signataire. Souvent, il met sa signature sur des feuilles blanches, il laisse à mon niveau. Je lui rends compte. C’est comme ça, qu’il m’a reconduit comme gestionnaire (en 2023) parce que je faisais son affaire. Tout ce que je prenais, j’avais ma part. Je le rejoins souvent à Saaba pour lui remettre des millions en liquide dans des sacs. M. Yé Camille me fait sortir de l’argent même pour les déplacements de la ministre », déclare M. Tiégnan, précisant que pour dix millions remis, Camille Yé pouvait lui remettre deux à trois millions et pour 20 millions, lui recevait cinq ou six millions "pour service rendu".

Dans ces pratiques peu orthodoxes, M. Tiégnan a déclaré qu’il rendait compte de tout ce qu’il faisait à son supérieur Camille Yé.

A la question de savoir à combien estime-t-il le montant que lui et son supérieur Camille Yé se sont partagés, le prévenu dit ne pas s’aventurer à avancer des chiffres. Néanmoins, il estime son gain, et pour l’année 2024, à environ 900 millions FCFA.

A la question également de savoir comment le Conseiller en éducation féminine qu’il est, a pu se retrouver gestionnaire de compte du Trésor, Amidou Tiégnan apprend qu’il a été imposé à ce poste en 2017. Et ce, sans formation, et même les promesses de formations pour le mettre au diapason n’ont jamais été respectées.
Pire, poursuit-il, le compte dont il était le gestionnaire, n’a ni d’arrêté de création ni de lettre d’ouverture.
Mais, comment réussissait-il à faire passer autant de chèques et de grosses sommes au Trésor public pour se faire payer ?

A cette question, le prévenu explique que pour les grosses sommes, les coups de fil se passaient simplement entre son chef Camille Yé et le chef de service dépôt du Trésor public, Issa Sagnon. Lorsque le montant atteignait 100 ou 200 millions, il allait donc voir directement M. Sagnon, qui donnait instructions à son collaborateur, un certain monsieur Lankoandé, pour paiement. « Pour les sommes de 100 ou 200 millions, le DÉFI appelait M. Sagnon et ce dernier donnait des instructions à un certain monsieur Lankoandé. Pour les sommes de 30, 40 millions, je partais voir directement M. Lankoandé », dévoile Amidou Tiégnan.

Des déclarations qui valent convocation par le Tribunal, de ces deux agents, Issa Sagnon et M. Lankoandé, pour être entendus demain, 10 décembre 2024 à partir de 9h.

O. L.
Lefaso.net

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