Lutte contre les violences basées sur le genre : Le programme Soil Values et ses partenaires sensibilisent des acteurs sur la problématique à Bama
Le programme Soil Values, financé par la Direction générale de la coopération internationale des Pays-Bas, en collaboration avec le Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest, a organisé le jeudi 5 décembre 2024 dans la commune rurale de Bama, un atelier de sensibilisation sur les Violences basées sur le genre (VBG). Cette activité entre dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre qui se déroule du 25 novembre au 10 décembre 2024. Elle vise à améliorer la prévention et la prise en charge intégrée des survivants des VBG dans la commune de Bama.
Le programme Soil Values est mis en œuvre au Burkina Faso par un ensemble d’organisations dont le Centre international pour le développement des engrais. Ce programme vise à gérer durablement les contraintes liées à la fertilité des sols et à améliorer la production alimentaire écologique, tout en augmentant la résilience des petits producteurs alimentaires et des éleveurs au Sahel. Le Burkina, le Mali, le Niger et le nord du Nigeria sont les zones d’intervention du programme. Il vient donc en appui au secteur de l’agriculture qui agonisait sous le poids des nombreux défis notamment la sécheresse, les conflits, le changement climatique, etc.
Ce programme montre la nécessité de valoriser les sols pour garantir des pratiques agricoles durables. Ainsi, sur le terrain, des actions sont menées pour dynamiser le secteur agricole au Burkina. Financé par la Direction générale de la coopération internationale des Pays-Bas (DGIS), ce programme vise à impacter 1,5 million de petits exploitants agricoles dont 800 000 femmes dans les Etats concernés. « Ce programme met en exergue surtout les femmes et les jeunes quand on sait qu’on a une forte participation de cette couche dans la production agricole. Il vise à identifier les difficultés que cette couche rencontre en termes d’accès aux ressources de production et voir dans quelle mesure on pourra identifier les solutions pour mieux les accompagner et atteindre les objectifs du programme. Pour cela nous travaillons en synergie avec d’autres acteurs sur le terrain notamment le PRSA. Ensemble nous travaillons à renforcer les actions sur le terrain afin d’être plus impactant », a expliqué Mariam Balima /Bambara, conseillère juniore en genre et inclusion sociale du programme Soil Values.
A l’en croire, dans le cadre du programme, les études ont montré qu’il y a des difficultés en termes de protection des couches vulnérables surtout dans ce contexte sécuritaire que le Burkina Faso traverse. « La situation de vulnérabilité des femmes et des jeunes s’est beaucoup exacerbée. Également dans le secteur agricole, il y a un certain nombre de difficultés, de problématiques liées au genre, qui font que les femmes n’arrivent pas à exploiter vraiment tout leur potentiel afin de contribuer à ce secteur de développement. C’est pourquoi nous avons planifié cette activité à cette période de plaidoyer contre les violences basées sur le genre, notamment cette période des 16 jours d’activisme. Tout cela traduit notre engagement et celui de nos partenaires dans la lutte contre les violences basées sur le genre », a-t-elle laissé entendre.
Lutter contre les violences basées sur le genre
En effet, les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) sont une campagne internationale annuelle qui se déroule du 25 novembre au 10 décembre. Cette période coïncide avec la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, et se termine le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme. La campagne a été lancée en 1991 par le Centre de leadership des femmes, en collaboration avec des organisations de la société civile, pour sensibiliser à la violence faite aux femmes et aux filles, sensibiliser aux droits humains et promouvoir des actions concrètes pour y mettre fin.
Malgré les différentes actions menées sur le terrain pour éradiquer ce mal, les statistiques dépeignent toujours un « tableau noir ». En effet, les VBG, particulièrement les violences faites aux femmes et aux filles, restent une problématique majeure à l’échelle mondiale. Ces violences incluent des agressions physiques, psychologiques, économiques et sexuelles, et touchent des millions de personnes chaque année. En 2023, selon des données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une femme sur trois dans le monde a été victime de violences physiques et/ou sexuelles au cours de sa vie. En Afrique de l’Ouest, les statistiques des nations unies indiquent que 45% des femmes ont vécu une forme de violence au cours de leur existence, et cette proportion reste particulièrement élevée dans des régions comme le Sahel, où le conflit, l’extrémisme et les déplacements forcés exacerbent ces violences.
Au Burkina, la persistance de l’insécurité engendre une vulnérabilité accrue des couches vulnérables notamment en ce qui concerne les risques de violences basées sur le genre. C’est pourquoi, l’initiative de cet atelier dans la commune de Bama a été saluée par Etienne Nikiéma, représentant le président de la délégation spéciale de Bama. Selon lui, cette initiative des partenaires de la commune va permettre de sensibiliser la population sur les VBG car, dit-il, c’est une thématique qui est d’actualité. Il a ainsi exprimé sa gratitude à l’endroit des partenaires pour cette initiative.
Au cours des travaux, il s’est agi de renforcer les connaissances des participants sur les causes, les facteurs de risques et les impacts des VBG sur les survivants(e)s, la communauté et la société dans son ensemble ainsi que les canaux de dénonciations et la prise en charge des VBG. Par ailleurs, il s’est agi d’informer et sensibiliser la communauté de Bama sur les différentes catégories et formes de VBG et particulièrement dans le secteur agricole. Les travaux se sont déroulés autour des présentations et des projections de films sur les VBG. Toute chose qui a suscité des échanges entre les acteurs en vue de proposer des solutions sur la prévention et la gestion des VBG dans la commune de Bama.
Cette activité est rendue possible grâce à des partenaires du programme dont le PRSA qui est aussi un programme de résilience. Ce Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest a été représenté par Innocent Stanislas Tuina, expert en violences basées sur le genre au PRSA/Burkina. Il a salué l’organisation de cette activité. A l’en croire, le programme Soil Values et PRSA poursuivent les mêmes objectifs. « Le PRSA est un programme de résilience et nous travaillons dans l’agriculture notamment dans l’aménagement des périmètres maraîchers de bas-fonds. Le programme accompagne 40% de jeunes et de femmes. C’est dire que nous avons les mêmes objectifs et les mêmes cibles », a-t-il laissé entendre.
Romuald Dofini
Lefaso.net