Burkina/Prévention des conflits entre agriculteurs et éleveurs : La zone pastorale de Sondré-est dans la région du Centre-sud dispose désormais de son titre foncier
La zone pastorale de Sondré-est située dans la commune de Bindé, région du Centre-sud dispose désormais de documents juridiques attestant son existence (titres fonciers). Cet acte a été rendu possible grâce l’Organisation néerlandaise de développement (SNV) et ses partenaires notamment la Coopération suisse et le ministère en charge de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques, dans le cadre du projet d’amélioration de la Mobilité du bétail et des revenus des agropasteurs par l’utilisation de la téléphonie mobile et de l’imagerie satellitaire/ Composante infrastructures pastorales (MODHEM+/DDC). La cérémonie de restitution de ces documents d’immatriculation a eu lieu le mercredi 4 décembre 2024 sur le site de la zone pastorale de Sondré-est dans la région du Centre-sud, en présence du ministre délégué chargé des ressources animales et halieutiques, Amadou Dicko.
Au Burkina Faso, l’intégration du pastoralisme dans les plans de développement local demeure un défi important. Face à cette réalité, le projet d’amélioration de la mobilité du bétail et des revenus des agropasteurs par l’utilisation de la téléphonie mobile et de l’imagerie satellitaire/ Composante infrastructures pastorales (MODHEM+/DDC), mis en œuvre par l’Organisation néerlandaise de développement (SNV) et ses partenaires, s’est engagé à renforcer l’autonomie des communes dans la gestion des ressources pastorales.
Ce projet, financé par la Coopération suisse à hauteur de 3 milliards de francs CFA et d’une durée de quatre ans (2021-2024), intervient dans 20 communes de quatre régions du pays, à savoir le Centre-sud, le Centre-ouest, le Sud-ouest et les Cascades. L’objectif principal de MODHEM+/DDC est d’équiper ces communes des outils et des compétences nécessaires pour gérer efficacement le pastoralisme, en intégrant cette activité dans leurs plans de développement, en renforçant également leurs capacités à mobiliser des ressources financières, et en améliorant la gestion des infrastructures et services pastoraux. Le projet a également mis en place des mécanismes de prévention et de gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs.
C’est dans cette optique que le projet d’immatriculation de la zone pastorale de Sondré-est a été initié. Cette démarche vise à formaliser l’utilisation des terres pastorales et à les sécuriser, ce qui contribuera à une meilleure gestion des ressources naturelles.
L’immatriculation et le bornage de la zone pastorale de Sondré-est permettront de sécuriser les espaces pastoraux, d’améliorer la productivité du secteur pastoral grâce à une meilleure gestion des ressources pastorales et à une mobilité plus efficace du bétail, de renforcer l’économie locale en favorisant une exploitation durable des terres et en améliorant les conditions de vie des éleveurs, de réduire les conflits fonciers en établissant des titres fonciers clairs et reconnus pour les zones pastorales, etc.
« L’immatriculation est l’acte juridique par excellence qui crée un droit de propriété sur le terrain. Ces documents qui sont en réalité les actes de naissance de ce périmètre agro-sylvo-pastoral de Sondré-est que nous appelons des titres fonciers qui sont établis au nom de l’Etat au compte de l’Etat, au bénéfice de la population qui exploitera la zone. En matière foncière, on a les titres de jouissance et les titres de propriété. Ici, nous sommes allés jusqu’aux titres de propriété qui est le titre foncier et qui a été matérialisé par le bornage-immatriculation du terrain. Toute chose qui donne une sécurité certaine, qui protège davantage cet espace de plus de 14 000 hectares », a détaillé Ousmane Zoungrana, coordonnateur de l’agence nationale du domaine foncier et des organismes publics au ministère de l’Économie et des finances.
D’une superficie de plus de 14 000 hectares, la zone pastorale de Sondré-est est située à une trentaine de kilomètres au Nord-est de Manga et à 12 km de Bindé (chef-lieu de commune). A l’intérieur, le projet y a réalisé et réhabilité des infrastructures de points d’eau et d’autres infrastructures sont en cours de réalisation telles que le parc à vaccination, des aires de pâturage avec la production du fourrage.
Pour Amadou Dicko, ministre délégué en charge des ressources animales et halieutiques, cette immatriculation de la zone pastorale s’inscrit dans le cadre de l’offensive agro-sylvo-pastorale lancée par le gouvernement en 2023. « Nous sommes là pour la remise des documents d’immatriculation de la zone pastorale. Comme vous savez, nous avons lancé l’offensive agropastorale et halieutique en 2023. Et dans le cadre de cette offensive, nous avons prévu de créer deux zones pastorales modernes. Il s’agit de la zone de Sondré-est et de la zone de Bagré. La zone de Sondré-est est aujourd’hui la première zone pastorale du pays qui a été totalement sécurisée à travers l’immatriculation de la zone », a précisé le ministre Amadou Dicko.
Amadou Dicko a également indiqué des investissements seront réalisés sur le site au profit des populations et pour une meilleure gestion de cette zone pastorale. « Il y a eu des sorties terrain pour identifier les limites, le bornage et enfin nous sommes arrivés à l’immatriculation du terrain. Après l’immatriculation, des investissements massifs suivront afin que la zone puisse être une zone productive en lait et en viande. Il s’agit aussi d’assurer le bien-être de la population qui se retrouve à l’intérieur de la zone. Donc, nous avons déjà commencé la réalisation des forages pour l’adduction d’eau. D’autres investissements tels que des parcs de vaccination, des aménagements hydroagricoles pour la culture fourragère suivront. Des centres de collecte de lait seront construits dans l’ensemble de ces zones », a expliqué le ministre délégué aux ressources animales.
« Il faut dire que nous sommes dans une zone d’élevage, il faut élégamment penser au bien-être des populations qui y vivent. Donc des infrastructures socio-économiques suivront afin que ces populations puissent s’épanouir. Aujourd’hui, il nous faut des zones pastorales entièrement sécurisées. Ce qui nous permettra de faire des investissements à l’intérieur pour empêcher les mouvements non contrôlés de nos animaux, pour limiter le nombre d’animaux qui vont en transhumance et pour arriver à sédentariser les éleveurs dans des zones qui sont sécurisées », a-t-il ajouté.
De son côté, Kassoum Ouédraogo, coordonnateur du projet MODHEM+/DDC a laissé entendre qu’un diagnostic a été fait sur le terrain avant l’immatriculation. « L’immatriculation de la zone pastorale de Sondré-est a été une réalité grâce au projet MODEM financé par le Bureau de la coopération suisse. C’est depuis 2021 que nous avons commencé par un diagnostic participatif. Et ce diagnostic a révélé effectivement que la question de la sécurisation et l’immatriculation de la zone était au cœur de toutes les préoccupations, qu’il fallait immatriculer la zone. Après ce diagnostic, nous avons commencé par une ingénierie sociale qui a permis une concertation beaucoup plus élargie avec l’ensemble des acteurs concernés. Cette ingénierie sociale a permis effectivement de connaître les nouvelles limites de la zone et lorsque nous avons connu les nouvelles limites, nous avons entamé l’immatriculation qui a commencé par une reconnaissance de la zone, ensuite un bornage de la zone, la prise des coordonnées GPS et enfin l’acte d’immatriculation qui a été remis aux autorités locales », a-t-il confié.
L’immatriculation de la zone pastorale de Sondré-est est bien accueillie par la population locale qui appelle les autorités à étendre ce processus dans d’autres localités du pays. « Vraiment, nous sommes très contents de ces documents d’immatriculation de la zone pastorale de Sondré-est. Ces documents présentent de nombreux avantages pour les éleveurs et la population de façon générale. Avant, il y avait des problèmes entre les agriculteurs et les éleveurs et maintenant, cette immatriculation permettra d’éviter ces genres de conflits. Merci aux initiateurs de ce projet et au gouvernement », a déclaré le Samande Naba Sanem de Sondré, représentant le Naba Tigré, chef coutumier de Sondré.
Mamadou Zongo
Lefaso.net