Burkina/Agroalimentaire : AGRODEV Services et CBI présente les résultats des tests de séchage du moringa avec les séchoirs Attesta et Tunnel
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AGRODEV a présenté les résultats de ses tests de séchage des feuilles de moringa utilisant les technologies Atesta et Tunnel, ce mercredi 4 décembre 2024, à Ouagadougou. Cet événement, qui a rassemblé des acteurs de la filière en présentiel et en ligne, s’inscrit dans le cadre du projet « Moringa et ingrédients naturels au Burkina Faso ». Le projet est financé par le Centre pour la promotion des importations en provenance des pays en développement (CBI) du ministère néerlandais en charge des affaires étrangères.
Comment trouver une réponse appropriée aux défis liés au séchage artisanal, majoritairement utilisé par les producteurs et transformateurs de moringa au Burkina Faso ? C’est ici l’objectif visé par AGRODEV Services et CBI en initiant les tests de séchage avec les séchoirs Atesta et Tunnel. L’objectif recherché était d’analyser la faisabilité technique et économique du séchage des feuilles de moringa. Les résultats de ces tests ont été présentés par le directeur général de AGRODEV Services, Jean Bosco Dibouloni, et le gestionnaire de projet au sein de la même structure, Hypolite Kaba. Hamidou Ouédraogo, assistant de projet, a quant à lui, modéré les échanges.
Dans son exposé du contexte de l’étude, Jean Bosco Dibouloni a mis en lumière les variations saisonnières qui caractérisent la production de moringa au Burkina Faso. Selon ses observations, la production est presque inexistante entre janvier et avril et connaît une baisse progressive à partir du mois de septembre. Paradoxalement, les feuilles de moringa sont plus abondantes durant la période de juin à septembre, qui correspond à la saison des pluies. Cette abondance, cependant, n’est pas pleinement exploitée par les producteurs et transformateurs en raison des contraintes liées à cette saison humide.
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En effet, Jean Bosco Dibouloni a relevé que la majorité des transformateurs procèdent au séchage solaire sous des arbres ou dans des entrepôts, sur des claies en bois ou des bâches, rendant le séchage inefficace en période d’hivernage. En effet, en saison hivernale, le séchage prend plus de temps (96 à 120 heures) causant une forte dégradation de la qualité des feuilles. Cette situation limite la capacité de transformation et de conservation des feuilles séchées, contribuant ainsi à une irrégularité de la disponibilité du moringa sur le marché tout au long de l’année. Ces défis structurels dans la filière appellent à des solutions adaptées pour améliorer la production et la valorisation du moringa au Burkina Faso.
Le témoignage d’une transformatrice de moringa
Erna Nadine Ouattara/ Nignan, transformatrice de moringa, a partagé les défis majeurs auxquels elle et ses collègues sont confrontés, particulièrement en période d’hivernage. Elle a expliqué que les conditions climatiques de cette saison ont un impact négatif sur la qualité des feuilles séchées. « Nos méthodes actuelles entraînent souvent une dégradation de la couleur verte des feuilles, ce qui affecte leur attractivité sur le marché », a-t-elle souligné.
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Cette altération, en plus de réduire la valeur marchande du produit, compromet également sa compétitivité face à des produits similaires, appelant à une amélioration des techniques de séchage pour préserver la qualité des feuilles tout au long de l’année.
Résultats des tests : des performances prometteuses
Pour répondre aux défis liés au séchage des feuilles de moringa, le gestionnaire de projet à AGRODEV Services, Hypolite Kaba, a présenté les résultats de dix tests réalisés avec les séchoirs Atesta et Tunnel dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Ces tests, effectués entre août et octobre 2024, ont démontré l’efficacité de ces technologies. Le séchoir Atesta permet de sécher les feuilles en 6 à 7 heures, tandis que le séchoir Tunnel réduit ce temps à 5 à 6 heures. Le processus inclut un temps de permutation des claies allant de 30 à 45 minutes pour Atesta et de 45 à 60 minutes pour Tunnel. En termes de main-d’œuvre, le séchage de 60 kg de feuilles nécessite quatre personnes pour Atesta et huit pour Tunnel pour une quantité de 300 kg de feuilles à sécher. Ces équipements se révèlent ainsi prometteurs pour pallier les contraintes saisonnières et améliorer la qualité du moringa transformé.
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Hypollite Kaba a souligné que ces séchoirs, ayant déjà fait leurs preuves dans la filière mangue au Burkina Faso, sont sous-exploités en période d’abondance des feuilles de moringa. Leur utilisation pourrait alors être étendue pour répondre aux besoins des producteurs et transformateurs de moringa, garantissant un séchage de qualité même durant l’hivernage. Le ratio feuilles fraîches sur feuilles séchées est assez intéressant et se situe entre 6,43 et 6.93 pour Atesta, selon le type de séchage et 5,91 à 7.90 avec Tunnel. L’analyse financière a révélé des coûts unitaires moyen maxima des feuilles séchées de 1 292 FCFA/Kg pour Atesta et 3 968 FCFA/kg pour Tunnel. L’étude a également évalué les coûts d’investissements dans des unités de séchage modernes estimant un investissement de 24 005 000 FCFA pour une unité de séchage avec Atesta et 57 475 000 FCFA pour une unité de séchage avec Tunnel. Ces coûts prennent en compte l’investissement initial et les charges d’une année d’exploitation. Jean Bosco Dibouloni a souligné que le coût d’acquisition des séchoirs Atesta s’évalue entre 800 000 FCFA à 3 000 000 FCFA l’unité au niveau national.
Trois modèles économiques ont été proposés pour exploiter ces technologies :
Les technologies de séchage à gaz Atesta et Tunnel se révèlent parfaitement adaptées au traitement des feuilles de moringa, offrant des produits de qualité avec une conservation optimale de leur couleur verte et de leur odeur naturelle. En termes de performance, le séchoir Tunnel permet de traiter des volumes importants, avec une capacité d’au moins 50 kg de feuilles séchées par jour, tandis qu’Atesta se distingue par ses coûts de séchage compétitifs. Ces technologies ouvrent ainsi des perspectives intéressantes pour améliorer la rentabilité et la compétitivité de la filière moringa au Burkina Faso, tout en répondant aux attentes des transformateurs et du marché.
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Sur le plan économique, trois modèles fonctionnels peuvent être envisagés pour tirer parti de ces technologies selon le directeur général de AGRODEV Services. Le premier consiste à encourager les producteurs à collaborer avec des entreprises de transformation disposant de séchoirs pour bénéficier de prestations de séchage. Le deuxième modèle invite les producteurs ayant les moyens financiers à investir dans leur propre unité en s’équipant de séchoirs Atesta ou Tunnel, renforçant ainsi leur autonomie et leur capacité de production. Enfin, un modèle collectif peut être promu, où les producteurs s’associent pour créer une unité de séchage commune, réduisant ainsi les coûts initiaux et facilitant l’accès à cette technologie pour les petits producteurs. Ces approches offrent une flexibilité permettant de répondre aux besoins variés des acteurs de la filière.
Pour rappel, le projet Moringa et ingrédients naturels au Burkina Faso vise à construire et présenter des modèles d’affaires durables dans le secteur du Moringa, par la promotion de l’exportation du Moringa et d’autres produits potentiellement exportables vers les marchés régionaux et européens, et en relevant les défis de la durabilité écologique par des modèles d’affaires viables. L’objectif est que la valeur économique et la valeur écologique aillent de pair et se renforcent mutuellement.
Cet atelier marque un pas significatif vers une transformation durable du secteur, en alignant innovation technologique et développement économique. Les participants se sont engagés à poursuivre les discussions pour favoriser l’adoption des solutions présentées et élargir leur impact à l’échelle nationale.
Hamed Nanéma
Lefaso.net