Soutien à la Transition : Une délégation de « Burkina Celbal Baara », organisation de chefs coutumiers, chez le roi du Yatenga
C’est en forte délégation que « Burkina Celbal Baara », portée sur les fonts baptismaux en fin août 2024, et réunissant des chefs coutumiers en faveur de l’effort de paix et de la reconquête du territoire national, s’est rendue en cette journée de vendredi, 29 novembre 2024 à Ouahigouya, chef-lieu de la province du Yatenga et de la région du Nord. L’objectif était de rendre visite et présenter l’organisation au roi de la localité, Naaba Kiiba, aux chefs des localités traversées ainsi qu’aux autorités administratives. Il s’agissait par-là, également, de partager sa lecture de la situation nationale, les actions en vue et, en retour, solliciter les bénédictions pour les missions qu’elle a entamées en direction de l’ensemble du territoire national et dont la présente visite marque l’une des étapes.
Occasion donc pour exhorter ces leaders communautaires, autorités coutumières et traditionnelles, à davantage resserrer les rangs pour porter la dynamique de « Burkina Celbal Baara », afin de promouvoir la paix, le vivre-ensemble et la cohésion sociale. Pour mieux cerner la démarche, il sied de rappeler que « Burkina Celbal Baara » se veut une approche endogène, qui tire sa dénomination de langues nationales (« Celbal », en fulfuldé, qui veut dire "la paix" ; « Baara » qui signifie "travail", en bambana).
L’organisation a pour objectif global de mobiliser les chefs coutumiers et traditionnels, en une seule voix, pour accompagner les autorités burkinabè et l’ensemble des forces combattantes dans la lancée de défense et de reconquête du territoire national. En clair, « Burkina Celbal Baara » vise une implication plus accrue de ces leaders communautaires, les chefs coutumiers et traditionnels, dans la lutte contre le phénomène d’insécurité et pour la « souveraineté réelle ». D’où, selon la délégation, cette visite au relent de mobilisation générale qui va conduire dans toutes les localités du Burkina.
Selon Honoré Samandoulougou, un des principaux artisans de cette initiative à travers la structure de la société civile et de veille citoyenne dont il a en charge la direction, le Mouvement le Faso, ma Patrie (MFP), il faut savoir s’appuyer sur ces leaders communautaires dont la voix porte, pour également faire passer et maintenir le message de mobilisation générale, de paix, de cohésion et de resserrement des rangs autour de la Transition. « Ils sont beaucoup écoutés quand ils s’adressent aux populations. C’est au regard de cette réalité que, dans ces moments difficiles que notre pays, le Burkina Faso, traverse, les chefs coutumiers sont en train de se mettre ensemble pour soutenir Son Excellence le capitaine Ibrahim Traoré et tout son gouvernement, pour la paix, et la paix durable de notre pays », a-t-il présenté, avant de dire sa reconnaissance à Sa Majesté le Naaba Kiiba, pour avoir accueilli la délégation. « Il nous a dit son soutien, nous a prodigué des conseils et fait des bénédictions. Il a réaffirmé son soutien ferme, sans condition, en tout ce qui concerne la paix pour notre Faso. Nous savons très bien que ce sont eux les garants de la tradition, qui sont mieux placés pour favoriser l’implication et l’engagement total des chefs coutumiers, pour qu’ils puissent prôner le vivre-ensemble, la solidarité, le respect d’autrui... », a poursuivi M. Samandoulougou.
Soutien indéfectible au président du Faso
Le chargé de mission du ministre en charge de l’Administration du territoire, Régis Zougmoré, par ailleurs leader coutumier, explique que sa présence aux côtés de « Burkina Celbal Baara » se justifie par la volonté de soutenir cette initiative faîtière en faveur du Burkina Faso, notamment pour la reconquête de l’intégrité du territoire national et du bien-être de l’ensemble des populations. « Vous savez que notre crise n’a que trop duré, depuis 2016. Donc, nous sommes pratiquement à dix années dans cette crise. Que de larmes, que de pleurs, que d’orphelins, que de veuves, que de veufs. Je crois qu’il est temps maintenant que chaque Burkinabè joue davantage sa partition. Donc, si nous avons l’engagement de ces dépositaires de la puissance traditionnelle et coutumière, nous pensons que la guerre est à moitié gagnée. Vous voyez notre forme d’organisation sociale, elle était faite de sorte que chacun avait son rôle. Dans le vivre-ensemble, il y avait des ressorts, des rôles qui étaient repartis. Mais ici, nous sommes en temps de crise, et ‘‘Burkina Celbal Baara’’ pense qu’en plus des forces combattantes au front, si ceux qui sont dépositaires de la puissance traditionnelle s’engagent, il n’y a rien de tel », convainc l’autorité coutumière, pour qui, cette visite est une des étapes qui doivent conduire aux cinq « Dima » (royautés) du pays et à tous les chefs de canton. « Nous avons trouvé que c’est un chemin avec une issue certaine, raison pour laquelle, le gouvernement accompagne cette structure, ‘‘Burkina Celbal Baara’’, afin qu’on puisse vraiment déconstruire dans les cœurs, la haine, réanimer la fibre patriotique et permettre à ce que chaque Burkinabè, même ceux-là qui sont égarés, puisse retrouver vraiment ce sentiment-là, qu’il puisse savoir que le pays a besoin de tout le monde, surtout en ces temps de fragilité. Donc, la contribution des coutumiers va être une phase déterminante », poursuit le chargé de mission.
Le Basem-Yam Naaba Tigré, Saaba, lui également réitère son soutien au président du Faso. « C’est pour cela que grâce à nos ancêtres, nous avons pu effectuer le déplacement chez le roi du Yatenga, pour nous confier à lui, exposer la situation et en retour, solliciter ses bénédictions. Vous avez été témoins, vous avez écouté son message ; il dit qu’il a toujours été des soutiens du président et qu’il l’est toujours. Tout ce qu’il (le roi, Ndlr) nous demande, c’est l’entente, pour que dans un bref délai, nous puissions recouvrer notre souveraineté totale. Il nous a dit que chaque Burkinabè a un devoir vis-à-vis de son pays ; quand tu es un Burkinabè, c’est une obligation de construire le pays et non le détruire. Quel que soit là où l’on se trouve. Quel que soit notre degré de colère, on ne doit pas taper notre mère ou notre père ; le Burkina Faso est notre père, c’est notre mère. Chacun doit donc agir bien envers eux. Voilà pourquoi, nous disons à ceux qui se sont trompés d’abandonner leur chemin pour venir à la maison, pour qu’on mange et vive ensemble. Nous sommes tous les enfants d’une même mère, d’un même père », a prodigué le leader coutumier, précisant que c’est le même message qui sera distillé partout sur le territoire national, pour la restauration de la paix et de l’intégrité du territoire. « Qu’est-ce qu’on peut faire pour instaurer la paix entre nous ? C’est de se pardonner, car le président du Faso est venu pour nous unir, pour qu’on travaille ensemble. (...). Les chefs coutumiers et traditionnels se sont toujours impliqués, nous en demandons encore plus », a-t-il dit.
Une démarche louée par l’hôte, le Naaba Kiiba, qui dit s’approprier l’initiative de « Burkina Celbal Baara ». « Je les accompagne nuit et jour. Ce qu’ils veulent, qu’ils me le disent seulement. Je constate que malgré leur diversité et nombre, ils portent un seul message, et c’est le même message que nous portons dans le cœur. Je suis très content de les voir tous présents devant moi ce matin. Je suis très content de leur visite », a confié le roi du Yatenga, Naaba Kiiba.
C’est visiblement avec un sentiment de mission accomplie, et surtout avec de belles perspectives, que la délégation a pris congés de son hôte, affichant sa détermination à poursuivre la mission partout sur le territoire. Pour ce qui est donc de ce périple en cours, il devra aboutir, selon ses responsables, à l’organisation d’une rencontre nationale de ces leaders communautaires, coutumiers et traditionnels.
O.L.
Lefaso.net