Burkina/Santé : Une réflexion sur la disponibilité des micronutriments multiples dans les formations sanitaires au cœur d’un atelier
L’Association nationale des infirmiers et infirmières du Burkina Faso (ANII-BF) a tenu un atelier d’échange et de bilan d’étape ce vendredi 29 novembre 2024, à Ouagadougou. Cet événement s’est centré sur le plaidoyer pour la disponibilité de la supplémentation en micronutriments multiples (MMS) dans les formations sanitaires du Burkina Faso. Cette rencontre stratégique a réuni des acteurs du secteur de la santé, notamment des représentants du ministère de tutelle et de ses partenaires techniques. L’objectif principal était d’évaluer la situation actuelle de l’accessibilité aux MMS, de discuter des argumentaires élaborés, de formuler des recommandations dans le sens de l’atteinte de la disponibilité pleine et entière des MMS.
La problématique de l’accès à la supplémentation en micronutriments multiples (MMS) dans les centres de santé au Burkina Faso constitue un défi majeur. Ces micronutriments, reconnus essentiels pour prévenir les carences nutritionnelles et réduire la malnutrition, notamment l’anémie chez les femmes enceintes et allaitantes ne sont pas disponibles dans la plupart des structures de santé. L’ANII-BF, en collaboration avec l’ONG ENDA Santé, ICI Santé et le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates, œuvre à travers le projet « Associations des professionnels de santé au Burkina Faso et en RDC » (APS Burkina et RDC), pour mobiliser les parties prenantes et promouvoir des réformes en vue d’assurer l’accessibilité aux MMS.
Ce partenariat stratégique vise à intégrer les MMS dans les soins essentiels de santé, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une situation alarmante en matière de santé et de nutrition infantile
Lors de l’atelier, le président de l’ANII-BF, Abdoulaye T. Boïna, a rappelé que les indicateurs de santé et de nutrition infantile au Burkina Faso restent en deçà des objectifs visés. Entre 2010 et 2015, le taux de mortalité infanto-juvénile s’élevait à 48 %, selon l’Enquête démographique et de santé (EDS) de 2021, mettant en lumière des défis persistants liés à la survie des enfants. Par ailleurs, les données SMART 2020 révèlent que 25 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique, compromettant leur développement physique et cognitif. La malnutrition aiguë touche 9,1 % des enfants, tandis que 9,8 % des nouveau-nés présentent un faible poids à la naissance, d’après l’Annuaire statistique de la santé 2020.
Cette recommandation, précise-t-il, est particulièrement encouragée dans les pays comme le Burkina Faso, où l’anémie est supérieure à 40% avec d’autres carences en micronutriments.
Pour Abdoulaye T. Boïna, les MMS représentent une solution clé. En effet, selon lui, l’accès généralisé aux MMS permettrait de renforcer l’immunité des enfants, de prévenir les complications liées à la malnutrition, de réduire considérablement les taux de mortalité, de morbidité maternelle et infantile. À travers cet atelier, l’ANII-BF appelle à une mobilisation collective pour faire de la disponibilité des MMS une réalité dans les formations sanitaires burkinabè.
Un enjeu crucial pour la santé infantile au Burkina Faso
La disponibilité des MMS dans les centres de santé est essentielle pour relever les défis de la santé et de la nutrition infantile au Burkina Faso. Abdoulaye Boïna a de ce fait, relevé l’importance de ces suppléments nutritionnels dans la prévention des carences. Ces dernières, soutient-il, aggravent la malnutrition chronique et aiguë, menaçant la croissance et le développement des enfants. Cette initiative, qui concerne également le Bangladesh, la Tanzanie et Madagascar, vise à améliorer les indicateurs nutritionnels dans ces pays grâce à des interventions adaptées.
En vue de tester l’efficacité des MMS, une phase pilote a été effectuée dans deux districts situés au sein des régions du Nord et du Plateau central, respectivement les districts de Yako et de Ziniaré, entre juin 2021 et décembre 2022. « Les leçons tirées à la fin du projet vont être utilisées pour le renforcement de la nutrition maternelle et le passage à l’échelle selon la décision des autorités », a déclaré monsieur Boïna.
Pour lui, intégrer les MMS dans les soins de santé de base, permettrait de prévenir l’anémie, les malformations du tube neural, les accouchements prématurés, et d’autres complications, tout en renforçant l’immunité des enfants et en améliorant leur développement global.
Une approche concertée et des perspectives prometteuses
L’atelier de l’ANII-BF s’inscrit dans une démarche structurée, entamée avec une analyse approfondie de l’accessibilité aux MMS au Burkina Faso. Ce travail a conduit à l’élaboration d’un rapport détaillé et d’un argumentaire de plaidoyer assorti de messages clés. Ces documents, validés par les parties concernées, servent désormais de base pour mobiliser l’ensemble des acteurs du secteur de la santé. Afin d’aboutir à des résultats probants, des consultations individuelles ont été menées avec des organisations partenaires telles que l’UNFPA, l’UNICEF, IntraHealth et Helen Keller International (HKI), ainsi qu’avec les directions centrales du ministère de la Santé. Ces échanges ont permis de recueillir un engagement de principe sur l’urgence d’une action concertée.
La rencontre a marqué une étape décisive, en réunissant toutes les parties prenantes pour harmoniser leurs positions et définir une vision commune. Cet atelier illustre ainsi, l’engagement continu de l’ANII-BF, créée en 2018, à contribuer à répondre aux défis sanitaires du pays. En collaboration avec ses partenaires, l’association confirme sa volonté de promouvoir des solutions efficaces pour améliorer l’accès et la qualité des soins, tout en plaçant la nutrition infantile au cœur des priorités nationales.
Hamed Nanéma
Lefaso.net