Burkina/Soutenance de mémoire de master : Joanny Wangrawa analyse la place du chapeau de Saponé dans le développement local
« Valorisation de produits culturels et développement local : le cas du chapeau de Saponé ». Tel est le titre du mémoire de Joanny Wangrawa pour l’obtention du diplôme de master en arts du spectacle et des métiers de la création artistique (option management culturel). À l’issue de la présentation de ses travaux, le jury a déclaré le document « recevable », mention très bien avec une note de 17/20. La soutenance a eu lieu le jeudi 28 novembre 2024 à l’université Joseph Ki-Zerbo, à Ouagadougou
Pour l’impétrant, le chapeau de Saponé fait partie du patrimoine culturel burkinabè et mérite d’être davantage valorisé à l’image des autres produits du « consommons local comme les pagnes Faso danfani et Kôkô donda ». En plus, explique-t-il, le chapeau est un héritage culturel, un élément de promotion de la paix, de la cohésion sociale et de la tolérance, un élément de la diplomatie culturelle du Burkina Faso. Économiquement, ajoute-t-il, il est pourvoyeur d’emplois et source de revenus pour la population.
Malheureusement, alerte-t-il, si rien n’est fait, ce patrimoine culturel risque de disparaître. Pour cause, les entretiens réalisés avec les artisans lui ont permis de savoir que la matière première se fait de plus en plus rare. Cette matière venant d’un pays voisin constitue une menace à la survie du chapeau, selon lui. « Je ne le souhaite pas, imaginons qu’il y a un incident entre notre pays et ce pays demain. Nos artisans ne pourront plus aller chercher cette matière », a-t-il analysé. Autre difficulté, selon lui, c’est le manque de moyens financiers, car beaucoup d’artisans n’ont pas assez de ressources financières permettant de produire le chapeau en quantité. A cela s’ajoute le désintérêt des jeunes à la confection du chapeau.
Au regard de cette situation, il urge selon lui de prendre des mesures pour protéger et promouvoir ce patrimoine culturel. Pour cela, l’impétrant a proposé, entre autres ; la mise en place d’un champ du "kãanse" (la matière première) en territoire burkinabè ; la création d’un centre artisanal et d’apprentissage ; l’accompagnement des producteurs du chapeau à travers des subventions ; la promotion du port du chapeau par les autorités compétentes et la construction d’un monument du chapeau de Saponé.
Toutefois, il a souligné quelques efforts de valorisation comme la labélisation du chapeau, la constitution des artisans en coopérative et le classement du chapeau sur la liste du patrimoine culturel national.
A la fin de son exposé, le jury présidé par le Pr Yves Dakouo, a salué la « densité », la « lisibilité » et l’effort de recherche de l’impétrant. Il l’a par ailleurs invité à élargir le sujet en proposant des stratégies de promotion au niveau international. Le directeur de mémoire de l’étudiant, Dr Hamadou Mandé, a salué la détermination de l’impétrant au vu des résultats obtenus à l’issue de ses recherches, a-t-il déclaré. « En termes de recommandations, nous avons souhaité qu’au niveau historique, il renforce le travail rédactionnel avec le chapeau de Saponé. Mais également au niveau de la valorisation du chapeau, qu’il fasse des propositions qui permettent de l’inscrire dans une dynamique de développement, un produit qui s’inscrit dans une industrie culturelle et créative du Burkina Faso afin de permettre au chapeau d’avoir non seulement une assise nationale importante, mais une possibilité d’ouverture vers le monde », a-t-il confié.
Un sentiment de satisfaction selon l’impétrant
La main sur le cœur comme si c’était pour rendre grâce à Dieu, l’étudiant était submergé de joie après la délibération du jury. « Je ressens un sentiment de satisfaction et de reconnaissance au Dr. Hamadou Mandé et au Dr. P. Issiaka Tiendrébéogo, respectivement directeur et codirecteur de ce mémoire », a-t-il confié. Le choix de cette thématique découle du constat de la valorisation du patrimoine culturel burkinabè par les gouvernants. « Les autorités sont engagées dans la promotion et la valorisation du patrimoine culturel. Elles promeuvent la consommation locale. Le chapeau étant un patrimoine culturel, j’ai décidé de l’étudier. Ce patrimoine incarne des valeurs socio-culturelles et économiques qu’il faut protéger », a-t-il justifié. Pour rappel, l’impétrant est aussi titulaire d’un diplôme de master professionnel en sciences et techniques de l’information et de la communication, option communication et management des organisations.
Serge Ika Ki
Lefaso.net