Burkina/Protection des ressources en eau : La contribution des journalistes sollicitée dans la sensibilisation de la masse
Des journalistes partenaires du consortium d’ONG Eau-vive-internationale et Help étaient en immersion le jeudi 14 novembre 2024 dans la forêt classée du Kou de Bobo-Dioulasso, qui abrite un important nombre de sources d’eau qui alimentent la ville en eau potable. Cette activité entre dans le cadre du « Projet de renforcement de l’opérationnalisation de la GIRE intégrant le genre, dans quatre sous bassins versants de l’espace de compétence de l’agence de l’eau du Mouhoun ». Ce projet, mis en œuvre par le consortium d’ONG Eau-vive-internationale et Help, est financé par l’Union européenne.
Cette activité d’immersion des journalistes sur les concepts GIRE fait suite à un voyage d’études qui a eu lieu le mercredi 13 novembre 2024 sur les berges du cours d’eau Béréga à Bérégadougou au profit des Comités locaux de l’eau (CLE). Cette rencontre inter-CLE a permis ainsi aux différents acteurs présents d’optimiser leurs connaissances sur les pratiques et expériences de la GIRE. Les acteurs ont pu s’imprégner ainsi des bonnes pratiques de l’association Wouol en matière de protection des berges.
Cette deuxième journée a réuni des journalistes, des acteurs étatiques en charge de la protection des ressources en eau ainsi que des acteurs des ONG Eau-vive-internationale et Help, avec pour seul objectif, toucher du doigt les réalités sur les berges des sources d’eau qui se trouvent dans la forêt classée du Kou. En effet, l’eau est une source vitale à la fois précieuse et sensible. Malheureusement, les berges de la plupart des cours d’eau au Burkina présentent des phénomènes de dégradation avancée du fait de l’action de l’homme. Il s’agit notamment de l’agriculture pratiquée souvent le long des berges, de la faible couverture végétale, de la présence d’obstacles dans le lit du cours d’eau, etc.
L’eau assure plusieurs fonctions dans la société. Pour ce faire, la gestion des ressources en eau au Burkina apparaît alors importante. Cette gestion exige l’implication de tous les acteurs et à tous les niveaux, pour ainsi assurer une gestion écologiquement rationnelle. Dans cette gestion inclusive, le consortium d’ONG Eau-vive-internationale et Help estime que la presse a un grand rôle à jouer dans le processus de sensibilisation des populations, notamment. C’est dans cette dynamique que cette activité d’immersion a été organisée.
« Cette sortie terrain s’inscrit dans le cadre d’un projet que nous mettons en œuvre et qui est financé par l’Union européenne. Il s’agit du Projet de renforcement de l’opérationnalisation de la GIRE dans quatre sous bassins versants de l’espace de compétence de l’agence de l’eau du Mouhoun, intégrant le genre qu’on a dénommé PROGIRE. Dans le cadre de ce projet, nous accompagnons surtout les CLE. Le projet est axé sur la GIRE et nous nous sommes rendus compte que de plus en plus le concept n’est pas très bien connu auprès de certains acteurs, dont la presse. C’est pourquoi nous avons organisé cette immersion avec nos partenaires de la presse à la GIRE pour que, à leur tour, ils puissent mieux jouer leur rôle de relais d’information en matière de gestion intégrée des ressources », a expliqué Yacine Viviane Sanou, chargée de projet à Eau vive internationale.
L’accompagnement de la presse sollicité dans la gestion des sources d’eau
Selon le coordonnateur programme à l’ONG Help au Burkina Faso, Issiaka Kaboré, le projet a une dimension qui prend en compte la gestion des conflits. « La ressource en eau devient de plus en plus rare. Il y a une compétition autour de cette ressource en eau et cela crée des tensions, des conflits. Dans le cadre du projet, il y a un certain nombre d’actions prévues, notamment la sensibilisation des communautés, des leaders et des décideurs, afin que cette dimension de gestion des conflits puisse être portée afin de les atténuer. Cela comporte également un volet de gestion des conflits, un volet de documentation et de capitalisation de bonnes pratiques en matière de gestion du conflit qui sont intégrés au projet et nous comptons sur la presse pour nous aider à faire cette capitalisation des bonnes pratiques et à les diffuser », a-t-il souhaité.
Cette activité du PROGIRE qui s’est tenue en deux jours a permis aux différents acteurs de faire ainsi une excursion dans deux espaces de compétences des agences de l’eau des Cascades et du Mouhoun. Au niveau de l’agence de l’eau des Cascades, la visite a concerné les sources d’eau au niveau de cet espace qui sont protégées par l’association Wouol qui, depuis les années 1973, s’est engagée dans la protection des berges, donc des cours d’eau et des sources qui y existent. La sortie du deuxième jour a permis aux acteurs de s’imprégner dans le bassin versant du Kou, dans l’espace de gestion du comité local du Kou.
Là, ils ont pu visiter la forêt classée du Kou qui abrite un important nombre de sources d’eau qui servent donc à alimenter la ville de Bobo-Dioulasso en eau potable. Sur les deux sites visités, des problématiques ont été constatées. Le premier constat déjà, c’est la disparition progressive des sources d’eau. Au niveau de l’espace de compétence de l’agence de l’eau des Cascades, sur les quatre sources qui existaient, il y a deux qui sont en train de disparaître. Au niveau de l’espace de gestion du clé-Kou, sur les neuf sources qui existaient, il n’y a que quatre qui existent actuellement. « Et pour ces quatre, elles sont menacées de disparition du fait principalement des actions anthropiques », a déploré Toussaint Kima, directeur en charge du partenariat de l’agence de l’eau du Mouhoun.
Pour lui, il y a lieu de craindre. « Si en l’espace d’une vingtaine d’années, on arrive à perdre déjà cinq sources sur neuf qui existaient, et que les quatre autres qui restent ne sont pas épargnées par les actions anthropiques et que les débits de ces sources d’eau ont principalement diminué, je pense qu’il faut craindre, compte tenu des enjeux que représentent ces sources pour les besoins humains et aussi pour les besoins des écosystèmes », a souligné Toussaint Kima. Il invite chaque acteur, dans la mesure du possible, en fonction de ses attributions, à mettre en œuvre toutes les actions qui peuvent être faites pour préserver ces patrimoines naturels.
A l’en croire, des solutions existent pour protéger ces ressources en eau. Etant donné que la plupart des problèmes sont dus à l’action de l’homme, M. Kima estime qu’il faut d’abord agir chez l’homme. « Qu’il s’agisse donc de la colonisation des berges pour les activités agricoles, sans respect de la réglementation y relative, notamment pour le respect des bandes de servitudes, qu’il s’agisse donc des déboisements des berges ou d’autres espaces qui ne facilitent pas l’infiltration des ressources en eau, qu’il s’agisse des déversements des débris, des eaux usagées ou des eaux industrielles dans les cours de retenues d’eau qui dégradent sa qualité, ce sont des problématiques auxquelles il faut faire face », a-t-il suggéré.
Avant de poursuivre : « Les comités locaux de l’eau et les agences de l’eau, ainsi que l’ensemble des partenaires techniques et financiers, entreprennent déjà des actions dans ce sens-là à travers plusieurs actions posées sur le terrain pour sécuriser ces sources d’eau. Il faut également un changement de comportement et c’est là que la presse doit intervenir pour sensibiliser la masse populaire pour un changement en faveur de la protection de nos ressources en eau ».
Au regard de la mobilisation des acteurs et de l’engouement sur le terrain, les initiateurs de l’activité se réjouissent. « Notre objectif est atteint. Déjà, les acteurs que nous avons invités ont tous répondu à notre appel et leur intérêt également à travers les questions qu’ils ont posées par rapport à ce qu’ils ont vu, c’est déjà un sentiment de satisfaction et je pense qu’on a déjà atteint l’objectif qu’on s’était fixé », se réjouit Yacine Viviane Sanou. Tout en saluant les efforts des CLE et des agences de l’eau sur le terrain qui œuvrent au quotidien dans la préservation des ressources en eau.
Les professionnels de médias qui ont pris part à cette immersion se réjouissent et saluent l’initiative. Ils disent avoir appris beaucoup de choses sur les concepts de la GIRE et s’engagent auprès des acteurs dans la préservation des ressources en eaux, à travers la sensibilisation de la population burkinabè.
Romuald Dofini
Lefaso.net