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Littérature : « Devenir un ancêtre », le livre de Thierry Millogo qui fait la promotion des valeurs ancestrales

Publié le dimanche 24 novembre 2024 à 20h52min

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Littérature : « Devenir un ancêtre », le livre de Thierry Millogo qui fait la promotion des valeurs ancestrales

Le livre « Devenir un ancêtre » de Thierry Millogo a été dédicacé le vendredi 22 novembre 2024, à Ouagadougou. La cérémonie a connu la présence de plusieurs personnalités, dont d’anciens ministres.

L’œuvre de 376 pages a été éditée chez Mercury. Elle coûte 10 000 francs CFA. À travers ce livre, l’auteur veut encourager les jeunes à aller à la recherche des valeurs ancestrales. Dans cet ouvrage, Thierry Millogo décrit les étapes pour être un bon ancêtre et les fondements de l’humanité africaine. Aussi, il met en exergue la spiritualité en pays bobo.

« Devenir un ancêtre, c’est un idéal de vie. Pour devenir ancêtre, il faut avoir une descendance. Pour devenir ancêtre dans la tradition africaine, il faut passer par la phase d’initiation pour qu’officiellement, vous soyez reconnu comme tel. Devenir un ancêtre méritant, c’est avoir de grandes valeurs. Nos ancêtres n’étaient pas méchants, comme on peut le penser. Nos ancêtres étaient solidaires. Ils disaient la vérité », a indiqué l’écrivain.

Cet ouvrage plonge le lecteur au cœur de la tradition pour une meilleure compréhension des rites et coutumes en rapport avec les ancêtres, malheureusement qualifiés par certains de fétichisme ou d’animisme. Pour l’écrivain, la religion traditionnelle africaine n’a pas été dans les bonnes grâces des religions importées, qui la considèrent comme de la sorcellerie.

Thierry Millogo déplore le fait que les Africains eux-mêmes ne cherchent pas à comprendre le sens des traditions et le pacte des ancêtres. « Ils se sont juste contentés de les rejeter, de se rejeter, donc de se renier tout simplement. Pourtant, nous avons hérité de nos ancêtres, le visible et l’invisible, nous sommes leur continuité. Tous les Africains sont par définition naturellement religieux », défend l’auteur.

Thierry Millogo en train de dédicacer un livre

Selon lui, les ancêtres sont vénérés aux quatre coins du monde. « Actifs et très sollicités, ils sont les intermédiaires et les médiateurs privilégiés dans la vie des communautés, et rien ne se décide sans leur accord préalable. Partout dans le monde, les gens reconnaissent l’importance de se connecter aux ancêtres », convainc l’écrivain. Il en veut pour exemple la fête « Hungry Ghost » qui signifie « Fantôme affamé ». Dans le bouddhisme et la religion traditionnelle chinoise, cette fête consiste à faire des offrandes aux morts sous forme de nourriture. Thierry Millogo a également évoqué la célébration de la fête des morts le 2 novembre de chaque année chez les chrétiens. Aux États-Unis, il y a Halloween qui est une fête celtique païenne qui honore également les ancêtres, a illustré l’auteur.

« Ce livre place le lecteur dans les dimensions supérieures de l’ancestralité »

Selon Pr Dramane Konaté, président de l’Académie endogène des savoirs (ACADES), et critique littéraire, la spiritualité n’est pas à confondre avec la religion. « Elle est, selon Thierry Millogo, ce que révèlent nos liens avec l’âme et sacralise notre humanité. Certes, il y a forcément du spirituel dans la religion, mais surtout la foi qui en est d’ailleurs son fondement premier. Or, qui dit foi parle nécessairement de dogme, de vérité absolue dont Dieu en est l’unique pourvoyeur à travers les saintes écritures. Ainsi, les religions dites révélées sont devenues universelles, soit par le djihad, soit par les croisades, soit par le prosélytisme. Et pourtant, l’ancêtre Gwonko dit une sagesse implacable dans le livre : si vous êtes nés dans une tradition, en changeant, vous commettez une erreur. Si Dieu voulait que vous ayez une autre religion, vous seriez nés dans le pays de la religion qu’il vous aurait choisie », a étayé Dramane Konaté.

Thierry Millogo (en blanc) remettant un livre dédicacé à un lecteur

Pour lui, le graphisme de la page de couverture du livre est très évocateur. La libellule qui y figure revêt plusieurs symboles. « Pour les spiritualistes, la libellule symbolise la liberté (solitaire), la lumière (elle apparaît le jour), la sagesse dans le changement (elle s’adapte à la direction du vent), mais aussi la métamorphose depuis les larves jusqu’à la transformation », a indiqué le critique littéraire.

Et d’ajouter : « En conclusion, la vérité qui émane de ce livre, du moins de ce bréviaire du synode africain transmis par Thierry Millogo, dans lequel les eMseignements de l’ancêtre Gwonko, de mère Mandarê, de l’oncle Dossou, du doyen Wuro-Dorô, de Maître Sy et de Maître San-Sourou, place le lecteur dans les dimensions supérieures de l’ancestralité, de la spiritualité et de l’humanité. »

Thierry Millogo est un homme de culture et de lettres. Il est officier de l’Ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication. Il a été plusieurs fois associé à l’organisation de la Semaine nationale de la culture (SNC) dont il a assuré la présidence en 2020. Il est l’auteur du livre « Le principe favorable » paru aux éditions Mercury en juin 2023.

Rama Diallo
Lefaso.net

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