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Sénégal / Législatives 2024 : Le pays confirme son exception démocratique en Afrique de l’Ouest

Publié le vendredi 22 novembre 2024 à 21h45min

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Sénégal / Législatives 2024 : Le pays confirme son exception démocratique en Afrique de l’Ouest

Les résultats provisoires des élections législatives anticipées du 17 novembre au Sénégal ont été proclamés le 21 novembre 2024. Si la campagne a connu quelques moments de violences, les esprits se sont apaisés et la campagne s’est terminée dans la paix. Les perdants ont très tôt reconnu leurs défaites. Au moment où la démocratie bat de l’aile dans le pays qui se prenait pour son champion planétaire, les États unis d’Amérique, la performance sénégalaise est à saluer. Quelles leçons peut-on tirer de cette victoire du Pastef, le parti des Patriotes sénégalais pour l’éthique et la fraternité, parti de la jeunesse insurgée qui a pris la rue en 2021 contre le pouvoir de Macky Sall ?

Que veut dire cette victoire du parti dont les dirigeants quittent la prison pour le pouvoir ? Avec cette victoire XXL qui leur offre les moyens de leur politique de rupture, que feront le Pastef, Diomaye Faye et Ousmane Sonko de ce pouvoir sans freins avec une opposition divisée, laminée et réduite à la portion congrue avec moins de 22% des sièges à l’Assemblée ?

Les Sénégalais se divisent entre ceux qui veulent voir Ousmane Sonko rester Premier ministre et ceux qui le préfèrent à la présidence de l’Assemblée nationale. Le débat n’est pas superfétatoire, car l’homme qui a dirigé la bataille victorieuse des législatives ne devrait-il pas prendre de la hauteur et de la dignité en devenant le deuxième personnage de l’État et en permettant à son parti de secréter d’autres personnalités d’État ? Retour sur une actualité africaine qui n’est pas triste, bien au contraire.

Après être sorti de prison quelques jours avant et avoir remporté l’élection présidentielle sous le slogan « Diomaye, c’est Sonko », dès le premier tour à 54% des voix, le 22 mars 2024. Le Premier ministre nommé par le président Diomaye dirige la liste de son parti, le Pastef, qui remporte également avec brio les élections législatives. Les Sénégalais ont choisi la rupture avec le président et ils lui donnent les députés qui vont avec (plus des 3/5 des députés, soit 130 sur 165 pour un objectif de 99).

Les Sénégalais sont logiques, à nouveau président, nouvelle majorité présidentielle. Macky Sall avait besoin d’une coalition pour avoir une majorité, le Pastef non. C’est un parti majoritaire, super majoritaire, au Burkina on dirait tuk gili. Le Pastef a obtenu du peuple toutes les clés du pouvoir, maintenant il doit mettre en œuvre son programme. Mais qui est ce qui fait la beauté de ce qui se passe au Sénégal ? On assiste à une alternance politique au sens plein, parce que le Pastef est panafricaniste, souverainiste et à une transition générationnelle par la mise à l’écart de l’ancienne génération qui a coalisé avec Macky Sall, lequel a refusé, pendant un temps, de quitter le pouvoir et a, par la même, saboté la campagne de son dauphin Amadou Ba confirmé tardivement, qui a fini par quitter la coalition qui lui a savonné la planche à la présidentielle.

Une opposition laminée

Amadou Ba était la tête de liste de la coalition Jam ak Njariñ (paix et prospérité, en wolof). Il a perdu encore avec seulement 7 sièges. Il était deuxième à l’élection présidentielle, mais cette fois-ci, il est troisième et n’a pas la moitié des députés de son ancien mentor qui l’aurait mal accompagné à la présidentielle. Macky Sall comme tête de liste de la coalition Takku Wallu (s’associer pour aider, en wolof), est parti en campagne avec le PDS d’Abdoulaye Wade, mais n’a pas réussi son come-back, n’obtenant que 16 sièges contre 83 dans son ancienne coalition, soit moins de 20% des députés qu’il contrôlait quand il avait le pouvoir.

Cette défaite va prolonger son exil, puisqu’il a fait campagne depuis le Maroc et que les réseaux sociaux annoncent un procès en haute trahison avec une installation de la haute cour de justice désormais possible, capable de le juger. Le fait que Macky Sall soit le premier président sénégalais qui soit revenu aussi vite en politique après son départ donne du crédit à cette intention du Pastef de faire une reddition des comptes, car il sentait le péril en la demeure du fait des casseroles qu’il traînerait.

Samm Sà Kaddu (je respecte mes paroles, en wolof), la coalition dirigée par Barthélémy Dias, est la 4e force politique avec seulement 3 députés. Curieusement, c’est contre elle que le Premier ministre a été le plus virulent et les violences viendraient de Barthélémy Dias durant la campagne. Si ce n’est les faits que les dirigeants du Pastef et de Samm sa Kaddu sont de la même génération et des anciens alliés, on ne s’explique pas pourquoi le débat a été violent entre ces deux formations.

Les jeunes Sénégalais dansent pour une victoire électorale

Il est heureux que les Sénégalais croient en la démocratie et voir cette jeunesse fêter la victoire du Pastef est la plus belle victoire de cette élection. L’Afrique est fière de voir une nation où les débats sont permis et c’est sur la base d’un programme choisi par le peuple que le pouvoir s’acquiert. Le système électoral sénégalais a aussi des particularités comme la dose de proportionnel qu’il combine avec le scrutin à liste. Le taux de participation est aussi un critère de la popularité du vote et de l’adhésion populaire avec près de 50% de votants.

Le peuple sénégalais continue à battre le tam-tam de la démocratie en votant dans le calme pour les dirigeants qu’il veut voir au pouvoir, souverainistes, panafricanistes, anti-impérialistes. Ceux qui ne font pas confiance à la démocratie parce que les élections seraient achetées ont vu cette thèse démentie par un candidat sorti de prison pour prendre le pouvoir, alors que son parti était dans l’opposition et concentrait sur lui toute la hargne du parti au pouvoir qui multipliait les procès, les ennuis juridiques et les obstacles pour que le Pastef et ses dirigeants ne puissent pas s’approcher du pouvoir.

Mais le peuple sénégalais et ses institutions se sont battus pour que force reste à la loi et au peuple souverain qui a choisi le candidat du Parti des patriotes sénégalais pour l’éthique et la transparence, Diomaye Bassirou Faye, comme président. Après sept mois, celui-ci a dissous l’assemblée acquise au président Macky Sall pour que le peuple lui donne les moyens de gouverner, ce qui vient d’être fait par le scrutin du 17 novembre 2024.

Avant les résultats officiels, pour les citoyens des pays comme le nôtre, surprise, divine surprise en Afrique mais le Sénégal a l’habitude depuis l’alternance de 2000, les résultats des bureaux de vote sont transmis par les médias. Et ce sont eux qui les compilent et donnent les projections de sièges par partis, comme dans la plus grande démocratie du monde.

Primature ou présidence de l’Assemblée pour Sonko, le choix lui revient, mais la présidence de l’Assemblée est la solution la plus sûre pour le duo qui a été parfait jusque-là entre Diomaye et Sonko. Comme le parti est sur une bonne lancée pour au moins deux mandats présidentiels avec une réforme promise par l’arrivée d’un vice-président, laisser Diomaye Faye gouverner avec un jeune du Pastef ou un technicien pourrait aider les deux à renforcer leur alliance.

Sana Guy
Lefaso.net

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