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Burkina/Fonds d’économie numérique : « Les noms de domaine constituent une mine d’or », affirme Izaï Toé, secrétaire exécutif de l’ABDI

Publié le mercredi 20 novembre 2024 à 22h20min

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Burkina/Fonds d’économie numérique : « Les noms de domaine constituent une mine d’or », affirme Izaï Toé, secrétaire exécutif de l’ABDI

« Les noms de domaine constituent une mine d’or. Pour l’instant, les gens ne perçoivent pas encore les enjeux, mais je suis convaincu que des milliardaires émergeront parmi ces jeunes qui s’intéresseront aux noms de domaine. » Telle est la conviction de Izaï Toé, secrétaire exécutif de l’Association burkinabè des domaines Internet (ABDI), une organisation engagée dans la promotion du « .bf », le territoire numérique burkinabè. Dans un entretien qu’il nous a accordé le mardi 19 novembre 2024, au siège de l’association sis aux 1200 logements, Izaï Toé revient sur les défis de l’ABDI et sa participation à la 19e édition de la Semaine du numérique, qui s’est achevée le 15 novembre.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous parler des objectifs et de la vision de l’Association burkinabè des domaines Internet (ABDI) ?

I.T. : L’Association burkinabè des domaines Internet est une organisation de la société civile burkinabè, créée en 2018 par des acteurs du secteur des technologies de l’information et de la communication. L’ABDI a pour mission de contribuer au développement de l’Internet au Burkina Faso. Elle s’est fixé une vision ambitieuse : devenir, à l’horizon 2027, un registre Internet performant offrant des services numériques innovants.

Aujourd’hui, l’association compte 29 membres issus de l’administration publique, du secteur privé et de la société civile. Pour le moment, seules des personnes morales peuvent être membres.

Nous intervenons principalement dans trois domaines : l’adressage sur Internet, la gouvernance de l’Internet et la promotion du numérique.

Pour ces trois axes, nous avons identifié trois actions prioritaires à savoir la promotion des noms de domaine « .bf », la migration vers le protocole IPv6 et la souveraineté et l’inclusion numériques.

L’association a signé une convention avec l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), entité nationale responsable des noms de domaine « .bf ». Grâce à cette convention, l’ARCEP a délégué à l’ABDI la gestion administrative, technique et commerciale des noms de domaine « .bf ».

Comment devient-on membre de l’ABDI ?

L’association est ouverte. Comme pour toute organisation, il suffit d’adhérer aux statuts et au règlement intérieur. Toute personne morale acceptant ces dispositions peut y adhérer.

Je profite de cette occasion pour inviter l’ensemble des acteurs du secteur des technologies de l’information et de la communication à rejoindre cette association, qui, selon moi, a une mission noble : contribuer au développement de l’Internet au Burkina Faso.

Aujourd’hui, l’importance de l’Internet pour le développement socio-économique des États n’est plus à démontrer. Nous croyons qu’avec davantage de membres, nous pourrons atteindre nos objectifs de manière plus efficace.

Les conditions d’adhésion sont simples : il suffit de se rendre sur notre site web www.abdi.bf et de remplir le formulaire d’adhésion. Des frais d’adhésion, très abordables, sont à prévoir, ainsi que des cotisations annuelles. Ces dernières varient selon les membres : certaines structures versent jusqu’à 10 millions de francs CFA par an, tandis que d’autres s’acquittent de 35 000 francs.

L’association rassemble des membres variés. Il y a des structures publiques comme l’Agence nationale de promotion des TIC (ANPTIC), l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI), l’Université virtuelle qui sont membres.

Il y a également les trois opérateurs de téléphonie qui sont membres et des associations comme l’Initiative pour la gouvernance de l’Internet au Burkina Faso (IGF-BF), Internet Society (ISOC).

En raison de cette diversité, l’assemblée générale fixe des cotisations annuelles adaptées à chaque catégorie de membre

Quelles sont les principales actions que mène l’ABDI pour promouvoir le « .bf » ?

Depuis l’opérationnalisation du secrétariat exécutif en 2021, plusieurs actions ont été entreprises. Sur le renforcement du cadre juridique, notons que la loi 011 sur les noms de domaine, adoptée en 2010 au Burkina Faso, manquait de textes d’application. Dès 2021, nous avons commencé à travailler pour combler ce vide en proposant plusieurs décisions au Conseil de régulation de l’ARCEP, notamment la charte de nommage du « .bf », les conditions d’accréditation des bureaux d’enregistrement et le cahier des charges des bureaux d’enregistrement. En tant qu’organisation jeune, créée en 2018, l’ABDI s’est attelée à renforcer son cadre institutionnel. Nous avons rendu opérationnel le secrétariat exécutif en recrutant sept agents permanents. Cela nous permet aujourd’hui de mener nos activités de manière efficace.

En dehors de ces deux aspects, nous nous sommes attelés à finaliser le processus de modernisation du système des noms de domaine au Burkina Faso. L’ARCEP avait déjà entamé une procédure d’automatisation de la gestion des noms de domaine, notamment leur acquisition. Lorsque l’ABDI a pris les choses en main, nous nous sommes employés à poursuivre et à accélérer ce processus d’automatisation du registre « .bf », afin de permettre aux demandeurs de noms de domaine d’accéder à des services plus rapides et simplifiés.

En plus de cela, nous avons entamé l’opérationnalisation du modèle « 3R » en matière de gestion des noms de domaine. Dans le modèle « 3R », le premier « R », c’est le registre, le deuxième, c’est le registraire et le troisième « R », c’est le registrant.

En réalité, ce sont des acteurs qui interviennent dans la chaîne de valeur des noms de domaine. Le registre, c’est l’autorité qui s’occupe de la gestion de l’annuaire des noms de domaine. Au Burkina Faso, l’ARCEP est le registre officiel, et l’ABDI en est l’opérateur technique

Les registrars ou registraire en français sont des bureaux d’enregistrement, des entreprises privées jouant le rôle d’intermédiaires entre le registre et les utilisateurs finaux du « .bf », appelés registrant.

Il faut dire que nous nous sommes attelés à rendre ce modèle opérationnel, car il est préconisé par les institutions internationales. Le modèle « 3R » a fait ses preuves d’un bon fonctionnement pour ce qui est de la gestion des ccTLD (Country Code Top-Level Domain), les noms de domaine correspondant aux codes pays. Ce modèle a prouvé son efficacité pour une gestion inclusive et efficace du registre Internet de chaque pays.

En trois ou quatre ans, des progrès significatifs ont été réalisés pour mettre en place et améliorer le registre des noms de domaine « .bf ».

Quels sont les avantages à adopter le « .bf » pour les Burkinabè ?

C’est une question récurrente, car il existe de nombreuses autres extensions, et malheureusement, le « .bf » n’est pas encore la plus utilisée dans notre pays.

Tout d’abord, le « .bf », c’est l’identité numérique du Burkina Faso. J’aime dire que c’est notre territoire numérique national. Toutes les organisations ayant un intérêt pour le Burkina Faso, qu’elles soient de droit burkinabè ou non, devraient posséder un nom de domaine en « .bf », en plus de toute autre extension.
Deuxièmement, choisir le « .bf » est une question de souveraineté numérique et de patriotisme. Lorsque l’on est Burkinabè, il est essentiel d’utiliser cette extension, qui est officiellement associée à notre pays par les institutions internationales.

Troisièmement, le « .bf » offre un avantage en termes de sécurité. C’est facile d’avoir des noms de domaines génériques. Quand c’est facile, cela veut dire que la procédure pour les acquérir n’est pas assez renforcée.

En revanche, pour obtenir un « .bf », nous prenons le temps de vérifier l’identité des demandeurs. Nous devons savoir qui vous êtes, avoir vos coordonnées et comprendre votre activité avant de vous accorder un nom de domaine en « .bf ». Cela garantit que cette identité numérique nationale ne soit pas donnée à n’importe qui. Donc, la sécurité est un élément, de notre point de vue, qui fait la différence avec les autres noms de domaine.

Quatrièmement, les noms de domaine constituent une véritable industrie. À grande échelle, ils pourraient générer des revenus considérables pour le Burkina Faso. Vous savez que l’enregistrement des noms de domaine est payant et que le renouvellement l’est aussi. Par exemple, si nous atteignons deux millions de noms de domaine enregistrés et que chaque enregistrement coûte 2 000 FCFA, cela représenterait 4 milliards de francs CFA.

La moitié de cette somme pourrait provenir de l’étranger. Si des organisations internationales choisissent le « .bf », cela ferait entrer des devises dans notre pays. Le registre des noms de domaine « .bf » est une mine d’or que le Burkina Faso doit exploiter et promouvoir auprès des entreprises internationales opérant dans notre pays. Ces entreprises devraient être encouragées à adopter le « .bf », en plus de toute autre extension qu’elles utilisent.

En somme, il existe un enjeu économique majeur autour des noms de domaine, qui n’est pas encore bien perçu par tous les acteurs, mais que nous nous efforçons de mettre en lumière

Et quelle est la situation des noms de domaine au Burkina ?

Malheureusement, aujourd’hui, la situation n’est pas reluisante parce que nous avons environ 5 000 noms de domaine. C’est très dérisoire par rapport à nos ambitions. Voilà, pourquoi nous devons continuer à intensifier la communication et la sensibilisation des acteurs, mais aussi à renforcer la réglementation.

La jeune équipe de l’ABDI qui a animé le stand au SITICO

À un moment donné, je pense qu’il faudra instaurer une réglementation obligeant certains acteurs à adopter le « .bf » s’ils souhaitent s’installer au Burkina Faso. Cela se fait dans d’autres pays. Bien sûr, cela ne vous empêche pas d’avoir d’autres noms de domaine, mais vous seriez tenus d’avoir également un « .bf ».

Quelle est la procédure à suivre pour acquérir un nom de domaine en « .bf » ?

Pour obtenir un nom de domaine en « .bf », il ne faut pas s’adresser directement à l’ABDI. L’ARCEP a accrédité des bureaux d’enregistrement, qui agissent comme intermédiaires. Nous encourageons toutes les personnes intéressées à contacter ces bureaux d’enregistrement accrédités.

Actuellement, il existe dix bureaux accrédités, tous capables de fournir des services de qualité. Ces bureaux ont été soumis à un contrôle rigoureux de l’ARCEP avant d’obtenir leur accréditation. L’ABDI coordonne leurs activités.

Pour la procédure, allez sur notre site web www.abdi.bf. Dans la rubrique registrar, vous trouverez la liste des dix bureaux d’enregistrement. Contactez le bureau de votre choix pour qu’il procède à l’enregistrement de votre nom de domaine. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux ont mis en place une plateforme automatisée d’enregistrement des noms de domaine.

Vous aurez accès à un espace avec des formulaires à remplir en un clin d’œil. Le paiement peut se faire par Mobile Money. Ensuite, validez la création de votre nom de domaine. Une fois que vous avez payé et validé, le nom de domaine est automatiquement créé sur nos serveurs et vous n’avez qu’à attendre à peu près une heure trente minutes pour que le nom de domaine soit actif sur Internet. On a besoin d’un petit temps de propagation du nouveau nom de domaines sur Internet. Voici un peu la procédure.

Aujourd’hui, nous avons considérablement simplifié cette procédure. Les gens ont encore en tête l’ancienne procédure qui nécessitait l’envoi de dossiers physiques à l’ARCEP qui validait, transmettait à Moov Africa qui facturait…

Ce processus pouvait durer trois à six mois. Mais aujourd’hui, tout est automatisé. Vous payez et créez votre nom de domaine en ligne. Et puis vous attendez le nom de domaine opérationnel avant de commencer à l’utiliser.

Combien coûte un nom de domaine en « .bf » ?

Alors ça varie. Nous avons plusieurs critères. Les coûts varient de 6 500 à 20 000 FCFA par an pour les noms de domaine classiques. Alors, je vais rentrer dans les détails par rapport à la tarification, parce que nous avons une grille un peu complexe.

D’abord, les noms de domaine sont classifiés en noms de domaine ordinaire et en nom de domaine Premium. Les noms de domaine ordinaires sont des noms de domaine qui sont directement sous le « .bf » et qui dépassent trois caractères. Par exemple abdi.bf, fait quatre caractères : A, B, D, I.

Comme c’est plus de trois caractères et que c’est directement sous le « .bf », on dira que ce nom de domaine est un nom de domaine ordinaire, donc son coût va être tout au plus 20 000 FCFA TTC. L’ARCEP a plafonné les coûts.

Les noms de domaine « Premium » sont des noms de domaine qui ont moins de quatre caractères. Par exemple, si vous prenez ab.bf, ça vous fait deux caractères. Ça va vous coûter 200 000 FCFA par an. Si vous prenez abc.bf, ça vous fait trois caractères. Et ça va coûter 50 000 FCFA par an.

Si vous prenez un nom de domaine, quel que soit le nombre de caractères, mais qui correspond à une marque, ça va coûter au moins 200 000 FCFA par an. Prenons Lefaso.net. Si vous protégez « Lefaso » au niveau de l’organisation africaine de la propriété intellectuelle, il devient alors une marque. En ce moment, si vous venez pour enregistrer « Lefaso », ça va vous coûter au moins 200 000 FCFA par an.

Il y a aussi les noms de domaine sectoriels. Ce sont des noms de domaine qui ne sont pas directement sous le « .bf ». Vous avez univ.bf, edu.bf, com.bf, net.bf, art.bf… Ce sont des noms de domaine qui correspondent à des secteurs d’activité. Si vous prenez un nom de domaine sectoriel, vous payez au maximum 10 000 FCFA par an. Si j’ai une entreprise qui s’appelle « pareetfreres.com.bf », ça va donc me coûter au maximum 10 000 FCFA.

Maintenant, il y a une exception pour le point perso « .bf » qu’on a mis en place pour les personnes physiques. Si vous, Bassolé, voulez un nom de domaine qui ne coûte pas cher mais qui fait le job, vous allez prendre le « bassole.bf » et ça va coûter au maximum 6 500 FCFA.

Voilà un peu les tarifications autour des noms de domaine dans notre pays et cette tarification est encadrée par décision de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes. Et l’ABDI ne fait que l’appliquer aux bureaux d’enregistrement accrédités et chacun fait sa planification spécifique en fonction des seuils que l’ARCEP a fixés.

Quelle est la situation de la migration des protocoles Internet IPv4 vers IPv6 au Burkina Faso ?

Sur Internet, tous les objets ont une adresse, tous les objets ont une adresse, tout comme vos téléphones ont des numéros. Les ordinateurs, les smartphones qui sont connectés à Internet ont tous un numéro, un numéro qu’on appelle adresse IP, Internet Protocole.

Il se trouve qu’il y a un premier système de numérotation qui a été mis en place dénommé IP version 4. IP version 4 est un système de numérotation sur Internet qui est répandu et utilisé sur Internet pour permettre à ce que chaque équipement qui se connecte à Internet puisse avoir un numéro et donc communiquer avec les autres équipements qui sont connectés.

Il se trouve qu’avec IPv4, nous n’avons pas suffisamment d’adresses ; le nombre d’adresses est aujourd’hui quasiment épuisé. Et donc il faut qu’on quitte le système de numérotation en version quatre pour aller vers un système qui offre beaucoup plus de capacité d’adressage sur Internet. Donc, c’est ce système qui est appelé Internet Protocol version six, IPv6. Alors aujourd’hui, chaque pays s’organise pour pouvoir aller vers IPv6.

Ce nouveau système de numérotation Internet est un peu complexe, et ça prend du temps parce qu’il y a des défis importants à relever pour pouvoir assurer cette migration.

Le premier défi à relever, c’est le renforcement des capacités. Les ingénieurs, les techniciens ont été formés la plupart du temps sur le protocole IPv4. Il faut donc renforcer leurs capacités de sorte à ce qu’ils puissent gérer convenablement les réseaux informatiques en IPv6. Il y a un défi de renforcement de capacités générales à faire au niveau de chaque pays. Chaque pays s’attèle à cela. Voilà pourquoi ça prend un peu de temps.

Le deuxième aspect est que cette migration nécessite une mise à niveau des équipements.

Ce n’est pas tout d’équipement réseau qui supporte IPv6. Donc, il faut mettre à niveau les équipements et cette mise à niveau consiste souvent même à remplacer purement et simplement les équipements. Cela se fait progressivement.

Par exemple, l’ensemble des terminaux qui sortent sont compatibles IPv6. Quand je parle de terminaux, je veux parler de nos smartphones, nos ordinateurs. Aujourd’hui, tout est compatible IPv6, mais il se trouve que les équipements des opérateurs ne sont pas encore tous compatibles IPv6. Donc, il faut qu’il y ait des plans d’équipements, des plans de renforcement des infrastructures des opérateurs pour les mettre à niveau afin qu’ils puissent supporter ce nouveau protocole IPv6. La migration implique des investissements importants pour moderniser les infrastructures.

En réalité, nul ne pourra se dérober à cette migration. On est obligé d’aller vers ce protocole IPv6 parce que, comme je l’ai dit, nous n’avons plus d’adresses IP pour adresser les équipements. Or, les innovations numériques progressant, tout a tendance à être connecté sur Internet. On parle de l’Internet des objets.

Aujourd’hui, on connaît les réfrigérateurs sur Internet, on a des caméras de surveillance à domicile qui sont connectées sur Internet. On a des climatiseurs qui sont connectés sur Internet, on a des véhicules autonomes sans chauffeur, qui doivent circuler et qui font tout grâce à Internet. Et ça ne peut pas marcher s’ils n’ont pas d’adresse IP. On n’a pas d’autre choix que d’aller vers IPv6.

Au Burkina, on peut dire que les choses sont en train de se mettre en place depuis que l’ABDI s’est intéressée à cette question-là. Nous menons des actions dans ce sens. Il vous souviendra qu’en début d’année, je crois que c’était le 12 avril 2024, nous avons organisé le premier forum sur l’IPv6 au Burkina Faso. Nous l’avons appelé « Burkina Faso IPv6 Forum ».

Ce forum a été une occasion pour faire un peu l’état des lieux, pour dégager des perspectives, informer, sensibiliser les acteurs de sorte à ce qu’on puisse faire cette transition de la meilleure des façons. Et à l’occasion de ce forum, nous avons encouragé les acteurs du secteur, notamment les Fournisseurs d’accès Internet (FAI), en leur décernant des attestations d’encouragement à aller vers IPv6. Nous avons primé certains d’entre eux, en leur décernant des prix IPv6 activés parce qu’aujourd’hui certains ont déjà activé ce protocole dans le réseau.

En plus de résoudre la question du nombre limité d’adresses, IPv6 apporte une couche supplémentaire de sécurité. Par exemple, dans le cadre de l’identification des internautes, nous rencontrons des difficultés, car une adresse peut être utilisée par plusieurs personnes. Mais avec IPv6, chacun aura son adresse IP, tout comme chacun a son numéro de téléphone. Si vous commettez des gaffes avec votre numéro de téléphone, on va vous trouver plus facilement. Ça va devenir ainsi lorsque IPv6 sera activé dans les différents réseaux.

La 19ᵉ édition de la Semaine du numérique s’est achevée le vendredi 15 novembre 2024. Quelles ont été les principales activités organisées par l’ABDI lors de cet événement ?

La 19ᵉ édition de la Semaine du numérique s’est déroulée du 12 au 15 novembre 2024 au Burkina Faso. Et à cette occasion-là, l’ABDI a initié une grosse campagne pour être présente à cette manifestation importante pour notre pays. Nous avons dénommé cette opération « Offensive ABDI ».

C’était une grosse offensive pour faire connaître l’association, faire connaître nos actions, faire connaître le « .bf » et puis essayer de jouer notre rôle convenablement dans l’écosystème numérique de notre pays.
Nous avons animé un stand d’exposition pendant les quatre jours. Nous avons accueilli 300 visiteurs avec qui nous avons pu échanger autour de nos produits et services, de notre mission, et principalement du nom de domaine « .bf ».

En dehors du stand d’exposition, nous avons organisé un grand forum, le Burkina Faso DNS Forum. Ce forum s’est tenu le 13 novembre au pavillon Kilimandjaro du SIAO. Il a véritablement connu un engouement exceptionnel, avec environ 250 participants. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Dr Aminata Zerbo/Sabané, ministre de la transition digitale, des postes et des communications électroniques.

Ce forum avait également deux parrains : M. Patrice Compaoré, secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, et M. Roland Somda, ministre des sports, de la jeunesse et de l’emploi. Nous avons eu le prestige et le privilège d’avoir ces autorités pour parrainer cette activité.

Le forum s’est tenu autour du thème « Industrie des noms de domaine, entrepreneuriat et autonomisation des jeunes ». Ce fut une véritable occasion pour la jeunesse de découvrir les opportunités d’entrepreneuriat et d’autonomisation offertes par l’industrie des noms de domaine « .bf ».

Nous avons expliqué comment ces noms de domaine peuvent permettre de devenir autonomes, d’autant plus qu’aujourd’hui, notre pays a adopté le statut de l’étudiant entrepreneur. Nous pensons que l’industrie des noms de domaine peut contribuer à concrétiser ce statut, créer de l’emploi et autonomiser l’ensemble des jeunes dans notre pays, en permettant à ceux-ci de devenir des revendeurs de noms de domaine et de travailler dans d’autres types d’emplois liés à cette industrie.

Le thème du forum a été disséqué lors d’un grand panel animé par d’éminentes personnalités, des experts du numérique, de l’emploi, de la communication et du marketing.

Un certain nombre de recommandations ont été formulées. La première recommandation majeure était de renforcer les capacités des jeunes en matière de numérique pour qu’ils puissent saisir les opportunités offertes par l’industrie des noms de domaine.

La deuxième recommandation était de pérenniser ce forum. Ce forum est organisé depuis sa première édition sans discontinuer, et les acteurs ainsi que les participants souhaitent qu’il perdure.

Voilà un peu deux petites recommandations sur lesquelles on peut revenir sinon, il y a eu un certain nombre de recommandations qui ont été formulées à ce forum.

Est-ce qu’on peut dire, au regard de tout ce que vous avez dit, que vous avez atteint vos objectifs à cette Semaine du numérique ?

Pour nous, les objectifs ont été atteints. Nous avons pu animer convenablement notre stand. Nous sommes aussi satisfaits de la troisième édition du Forum DNS.

L’autre point que je n’avais pas évoqué et qui faisait partie de nos ambitions, c’était l’organisation du prix du meilleur registrar « .bf ». Et là aussi, nous avons réussi à organiser ce prix et primer les trois premiers bureaux d’enregistrement du « .bf ».

Le 1er, c’est AFRIREGISTER Burkina, le 2e, c’est IT-NUM et le 3e, c’est IKA Solution. Nous avons donné un prix spécial au meilleur registrar national. C’est aussi un motif de satisfaction pour nous parce que les bureaux d’enregistrement, qui sont nos premiers partenaires de distribution des noms de domaine « .bf », étaient véritablement satisfaits de ce Prix qui est à sa toute première édition. Nous avons reçu des messages qui nous disent que nous faisons partie des registres de noms de domaine correspondant aux codes de pays qui accordent autant d’attention à leurs bureaux d’enregistrement accrédités.

Nous avions aussi pour ambition de pouvoir organiser une opération marketing du « .bf ». Et là aussi, je pense que nous sommes en passe d’atteindre nos objectifs à ce niveau. Nous avons voulu faire un clin d’œil à l’ensemble des usagers du « .bf » en faisant en sorte qu’ils puissent enregistrer et renouveler gratuitement leur nom de domaine pendant ce mois de novembre. Cette opération marketing gratuite de noms de domaine se poursuit jusqu’au 30 novembre 2024. Il est vrai qu’il y a des conditions : il faut être une entreprise ou une association de droit burkinabè, créée en 2023 ou en 2024, pour bénéficier de cette offre promotionnelle. À ce jour, nous avons environ 700 souscriptions pour un objectif de 1100 souscriptions. Je pense qu’à la clôture, le 30 novembre à 23h59, nous serons au-delà des 1100 souscriptions attendues.

L’autre ambition aussi que nous avions était de conduire une campagne d’information et de sensibilisation du grand public. Je pense que là aussi, il y a pas mal de choses qui ont été faites.

Nous avons eu des couvertures médiatiques sur l’ensemble de nos activités. Nous avons réalisé des interviews avec la presse et diffusé des spots publicitaires avec différents médias, qu’ils soient écrits, en ligne, audiovisuels, ou sur les réseaux sociaux. Une grande campagne est également en cours pour informer et sensibiliser le grand public sur ce que nous faisons et sur notre produit, le « .bf ».

Au-delà de tout cela, je pense que nous sommes satisfaits de tout ce qui s’est passé pendant cette semaine et nos objectifs sont atteints grâce à nos partenaires, mais aussi grâce à l’ensemble des clients et des usagers du « .bf » et à tous les acteurs de l’écosystème numérique.

Avez-vous déjà les regards tournés sur la 20e édition de la Semaine du numérique ?

Au regard de ce que nous avons fait pendant cette 19ᵉ édition de la Semaine du numérique, je crois que nous sommes très attendus pour la 20ᵉ édition et nous allons concocter un programme encore plus ambitieux pour être à la hauteur des attentes que les acteurs du secteur ont vis-à-vis de notre organisation dans le sens de la promotion du nom de domaine « .bf » et de la promotion de la migration vers le protocole IPv6.

On va peut-être s’attaquer à deux autres actions prioritaires pour notre association. Il s’agit notamment de la promotion de la souveraineté numérique et de la promotion de l’inclusion numérique. Ce sont aussi des éléments que nous allons explorer pendant la 20ᵉ édition de la Semaine du numérique.

Et en attendant cette 20ᵉ édition, quels sont les projets et initiatives à venir ?

Au niveau de l’ABDI, aujourd’hui, nous avons des initiatives cruciales pour notre organisation.

D’abord, nous sommes en train de conduire un projet de renforcement de la sécurité du registre « .bf ». C’est une initiative extrêmement importante qui va nous permettre de signer la zone « .bf » grâce à un protocole de sécurisation qui est le DNSSEC (Domain Name System Security Extension). C’est un protocole qui permet en réalité de sécuriser les registres des noms de domaine. Nous sommes en train de mettre les bouchées doubles pour pouvoir boucler ce projet et pouvoir renforcer la sécurité du registre des noms de domaine « .bf ».

Nous sommes également engagés pour le développement du réseau des distributeurs des noms de domaine « .bf ». Je disais tantôt qu’on avait dix bureaux d’enregistrement accrédités. Il faut qu’on puisse accroître ce nombre de bureaux d’enregistrement pour pouvoir attaquer le marché qui est mondial. Le marché des noms de domaine « .bf » est un marché mondial. Plus de 60% des usagers du « .bf » ne sont pas au Burkina Faso.

Nous avons une initiative à l’endroit des jeunes. Nous voulons former une cinquantaine de jeunes sur l’industrie des noms de domaine et les accompagner à devenir des revendeurs de noms de domaine. A l’image de ce qui s’est passé, quand la téléphonie mobile est arrivée dans nos pays, des jeunes ont commencé à vendre des crédits de communications par ci par là. Au début, les gens pensaient que ce n’était rien, mais les gens ont vendu des unités et sont devenus des millionnaires. C’est ce qui va se passer avec les noms de domaine. Pour l’instant, les gens ne voient pas les enjeux, mais je suis convaincu que des milliardaires sortiront de ces jeunes qui vont s’intéresser à ces noms de domaine-là.

Nous avons un centre de formation que nous avons appelé Gambré Academy Center. Nous avons essentiellement trois programmes de formation que nous sommes en train de développer. Le premier programme est relatif à des formations sur le système des noms de domaine, des formations techniques sur la gestion des réseaux en IPv6, des formations sur la gouvernance de l’Internet et enfin des formations pour décideurs sur les technologies innovantes, notamment l’intelligence artificielle, la Blockchain, l’Internet des objets.

Voilà un peu les actions en cours au niveau de l’ABDI. En plus de ce que j’ai cité, on pense au lancement d’un laboratoire que nous avons appelé Gambré LAB et aussi au lancement d’un fonds de soutien au développement de l’Internet. Dans le cadre de la convention que nous avons signée avec l’ARCEP, on doit mettre en place un fonds de développement de l’Internet. Nous sommes dans le processus de préparation pour pouvoir lancer ce fonds en 2025 et aussi dans le processus de consolidation du DNS.

Un mot de fin !

Nous invitons les Burkinabè à consommer local et à prendre un nom de domaine en extension « .bf » pour leur site web et leurs adresses de messagerie, pour toute plateforme numérique qu’ils mettent en place.

Deuxièmement, il faut dire que ces noms de domaine constituent un domaine économique important et que l’ensemble des jeunes burkinabè peuvent s’autonomiser grâce à des activités rémunératrices de revenu. L’industrie des noms de domaine est un domaine vierge qui peut être exploité dans le cas de l’entreprenariat des jeunes. Nous invitons tous les acteurs de l’écosystème à soutenir les activités de l’ABDI, à s’intéresser à ce que l’association fait, à nous accompagner de sorte à ce que nous puissions atteindre notre objectif. Et cet accompagnement peut se faire aussi à travers leur adhésion à l’organisation qui est ouverte à tous.

Nous remercions enfin Lefaso.net pour tout l’accompagnement dont on a bénéficié depuis la création de l’association. Merci pour votre disponibilité et merci pour tout ce que vous faites pour l’ABDI.

Entretien réalisé par Fredo Bassolé
Lefaso.net

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