Elections : Peut-on se fier aux résultats de sondages ?
Dans l’histoire des sondages, notamment des sondages électoraux, il est arrivé que les résultats des urnes contrarient les résultats des sondages électoraux. La récente victoire de Donald Trump en est une illustration parfaite. De là à douter de la fiabilité des sondages, en général, est le pas à ne pas franchir, selon Honko Roger Judicaël Bemahoun, consultant en analyses de données statistiques.
Les sondeurs se trompent-ils ?
Les sondeurs savent d’avance qu’ils peuvent se tromper. Du reste, dans leur approche méthodologique, ils précisent la marge d’erreur avec laquelle il faut considérer leurs résultats. La particularité des sondages électoraux implique que les sondeurs aillent au delà des précautions - classiques tels que la taille de l’échantillon, sa représentativité. Un échantillon est une partie d’une population, à partir de laquelle on cherche à mesurer la valeur d’un indicateur. Se restreindre à un échantillon, qu’il soit tiré de façon empirique ou de façon aléatoire, fait que les sondeurs trouvent la vraie valeur du paramètre d’étude. La vraie valeur quand bien-même n’est pas identifiée exactement, est localisée dans un périmètre, appelée en statistique un intervalle de confiance.C’est dire que la valeur trouvée par le sondage est à considérer avec une marge d’erreur. Cette marge d’erreur est largement dépassée en considerant l’ecart entre les intentions de vote et le vote lui-même. L’intention du vote n’est pas le vote lui-même. L’intention peut évoluer.
L’évolution des intentions de votes
Les sondages électoraux collectent des intentions de votes. En la matière, c’est un truisme de dire que des sondés ont la possibilité de changer d’avis entre la date de collecte des données et le moment ultime du vote. Cet état de fait a été souligné par Garrigou et al (2011),en ces termes : « les électeurs ne veulent plus donner leurs opinions ».
La méthode PVT : une méthode de sondage électoral sans débat !
La difficulté des sondages électoraux est liée essentiellement au fait qu’ils utilisent une matière première qui peut rapidement évoluer. Par contre des méthodes comme le PVT : Parallell vote tabulation, fondées sur des votes effectifs prouvent à suffisance que les estimations par sondage se rapprochent de la réalité
En 2015, cette méthode a été implémentée pour l’observation domestiques des élections au Burkina Faso. J’ai eu l’honneur de la mettre en œuvre. Les résultats de l’équipe que je pilotais ont donné des écarts avec les résultats de la Commission électorale nationale (CENI) qui allaient d’un minimum de 0.01% à un maximum de 1.38%. Ces écarts sont conformes aux marges d’erreurs que les sondeurs adoptent pour le calcul de la taille d’échantillon.
Conclusion
En définitive, si les estimations fournies par les sondages doivent être interprétées avec prudence en tenant compte des marges d’erreur, il serait erroné de discréditer systématiquement l’outil. Les méthodes de sondage, employées quotidiennement dans de nombreux domaines, restent des outils précieux pour capter les tendances et anticiper les comportements collectifs. Bien qu’ils ne puissent prédire avec certitude les résultats finaux, les sondages constituent une approche pertinente pour comprendre les dynamiques sociales et politiques, à condition qu’ils soient réalisés de manière rigoureuse et que leurs limites soient bien comprises. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain !
Honko Roger Judicaël BEMAHOUN
Licence Mathématique, Université de Ouagadougou (2007)
Master en Economie publique et statisques appliquées, African school of economics (2011)
Consultant en analyse de données statistiques
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