Intelligence Artificielle (IA) : « Il faut promouvoir des solutions d’IA endogènes adaptées aux besoins et réalités culturelles du Burkina Faso », recommande Dr Francis K. Dayamba, chercheur
Dr Francis K Dayamba est chercheur à l’Institut des sciences des sociétés (INSS) et conseiller technique au ministère en charge de la transformation digitale. Titulaire d’un doctorat en macroéconomie numérique, il concentre ses recherches sur les transformations économiques induites par la technologie, avec un accent particulier sur l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, ses travaux explorent le rôle de la digitalisation dans la gouvernance administrative, en mettant en lumière ses effets potentiels dans la lutte contre la corruption. Ses investigations analysent l’importance des infrastructures de communication électronique et de la dématérialisation dans l’évolution des pratiques administratives au Burkina Faso. Dr Dayamba est aussi membre fondateur de TECH Emerging Africa, une association dédiée à la promotion des technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle (IA) et la blockchain, visant à impulser des changements socio-économiques significatifs dans la région. Dans cette interview, il nous explique les enjeux et les défis de l’IA pour le monde de la recherche et de l’enseignement.
Lefaso.net : Qu’est-ce l’intelligence artificielle en termes simples ?
Dr Francis K Dayamba : L’intelligence artificielle (IA) est une technologie numérique développée par l’homme qui permet aux machines, notamment aux ordinateurs, d’exécuter des tâches habituellement réservées à l’intelligence humaine. Cela inclut des capacités telles que l’analyse et la compréhension de leur environnement, le traitement du langage, la reconnaissance d’images, la résolution de problèmes souvent complexes dans des domaines comme la santé et l’agriculture, et même la prise de décisions.
La performance de l’IA repose sur un processus d’entraînement rigoureux, où elle est exposée à de vastes ensembles de données pour démontrer une compréhension fine des contextes et des situations qu’elle est appelée à gérer. Ce processus repose sur une imitation des neurones humains, les développeurs ayant conçu des réseaux neuronaux artificiels capables de traiter et d’apprendre de ces données. Au fil du temps, l’IA améliore ses réponses et affine ses processus de décision, intégrant des capacités d’adaptation et de logique qui, dans certains cas, surpassent les performances humaines en termes de vitesse et de précision. Elle devient ainsi un outil puissant dans l’aide à la prise de décision, l’analyse de scénarios complexes, et l’optimisation de solutions dans des domaines toujours plus variés.
En termes simples, l’intelligence artificielle est une technologie qui permet aux machines de reproduire certaines capacités de l’intelligence humaine, tout en offrant une rapidité et une précision accrue dans de nombreux domaines de la vie en société.
Quels sont les principaux usages de l’IA aujourd’hui ?
Il convient de rappeler que l’intelligence artificielle (IA) n’est pas une technologie récente. Elle remonte aux années 1950, bien avant l’indépendance du Burkina Faso. Ses fondations ont été posées par des pionniers tels qu’Alan Turing, qui a développé les premières théories sur le traitement de l’information par des machines ; John McCarthy, qui a forgé le terme « intelligence artificielle » ; et Marvin Minsky, qui a exploré les possibilités de l’IA dans la modélisation du raisonnement humain.
Aujourd’hui, l’IA s’est imposée dans presque tous les domaines et est reconnue par de nombreux experts comme un moteur puissant d’innovation pour le développement de notre société. Elle offre des solutions permettant d’améliorer l’efficacité, la précision et la personnalisation des services. Son intégration dans une grande variété de secteurs témoigne de son potentiel à transformer les pratiques traditionnelles et à relever les défis contemporains. Voici quelques exemples concrets d’applications de l’IA dans différents secteurs :
1. Santé : L’IA intervient de nos jours dans le domaine médical soit pour analyser des images médicales, aider au diagnostic, prédire des maladies et personnaliser des traitements. Elle facilite également la gestion des dossiers médicaux et l’analyse de grandes quantités de données cliniques.
2. Finance : aujourd’hui un client peut aller déposer de l’argent dans son compte sans passer par un (e) caissier(e) et cela directement dans un guichet automatique de billet (GAB) grâce à l’IA incorporé. De façon générale, les institutions financières et bancaires exploitent l’IA pour détecter les fraudes, évaluer les risques de crédit, automatiser le trading et offrir des services personnalisés aux clients.
3. Transport : L’IA est au cœur des véhicules autonomes, des systèmes de gestion du trafic et des applications de navigation, améliorant ainsi la sécurité et l’efficacité des déplacements.
4. Commerce en ligne : Les plateformes de vente en ligne utilisent l’IA pour recommander des produits, optimiser les prix, gérer les stocks et améliorer l’expérience client.
5. Service client : Les chatbots et assistants virtuels, alimentés par l’IA, fournissent un support client 24h/24, répondant aux questions courantes et guidant les utilisateurs.
6. Industrie : Dans le secteur manufacturier, l’IA optimise les chaînes de production, prédit les pannes d’équipement et améliore la qualité des produits.
7. Éducation : L’IA propose des parcours d’apprentissage personnalisés, spécifiques aux performances des étudiants et automatise certaines tâches administratives.
8. Agriculture : Les agriculteurs utilisent l’IA pour surveiller les cultures, prédire les rendements, détecter les maladies et optimiser l’utilisation des ressources.
9. Sécurité : L’IA aide à la reconnaissance faciale, à la surveillance vidéo intelligente et à la détection d’activités suspectes pour renforcer la sécurité publique.
10. Médias et divertissement : Les plateformes de streaming utilisent l’IA pour recommander des contenus, personnaliser l’expérience utilisateur et même créer des œuvres artistiques.
11. Dans la recherche scientifique : l’IA apporte une véritable révolution. Les plateformes alimentées par l’IA offrent aujourd’hui un accès rapide aux ressources scientifiques et permettent d’analyser en un temps record des articles de recherche, facilitant ainsi la réalisation de revues de littérature. De plus, certains logiciels d’analyse quantitative et qualitative intègrent des algorithmes d’IA, permettant aux chercheurs d’effectuer un traitement des données avec une précision accumulée et d’extraire des informations complexes. Ces technologies avancées contribuent à accélérer le travail scientifique et à améliorer la qualité des analyses.
En ce qui concerne précisément le domaine de la recherche et de l’enseignement, quels sont les principaux usages ?
L’intelligence artificielle (IA) est un outil puissant qui transforme la recherche et l’enseignement en améliorant les processus et les résultats grâce à des applications innovantes.
Dans l’éducation, les travaux de plusieurs analystes corroborent le fait que l’IA offre plusieurs avantages :
➢ Apprentissage personnalisé : Les systèmes d’IA créent des plans d’apprentissage adaptés aux besoins spécifiques des étudiants, améliorant ainsi leur engagement et leurs performances (Bobro, 2024).
➢ Automatisation des tâches : Des tâches comme la notation et l’évaluation sont automatisées, permettant aux enseignants de se concentrer davantage sur l’interaction pédagogique (Mupaikwa, 2023).
➢ Apprentissage collaboratif : L’IA favorise des environnements inclusifs qui encouragent la collaboration entre étudiants, renforçant ainsi l’apprentissage collectif et les échanges intellectuels (Mupaikwa, 2023).
➢ Systèmes de tutorat intelligents : Ces plateformes s’adaptent aux performances des étudiants, offrant des retours en temps réel et une assistance ciblée pour maximiser leur apprentissage (Sehgal et al., 2024).
Dans la recherche, l’IA révolutionne les pratiques traditionnelles et offre des opportunités pour accroître la productivité des résultats scientifiques :
➢ Analyse des données : Les algorithmes d’IA permettent d’explorer rapidement de grands ensembles de données, identifiant des schémas et des informations clés pour enrichir les résultats de recherche (VASCAN, 2024).
➢ Applications d’IA générative : Des outils tels que ChatGPT facilitent la gestion des revues de littérature et des citations, simplifiant ainsi le processus de recherche (Revisión et al., 2023).
➢ Amélioration cognitive : L’IA soutient les capacités de raisonnement et de communication des chercheurs, les aidant à résoudre des problèmes complexes et à formuler des conclusions plus robustes (VASCAN, 2024).
Ces applications montrent comment l’IA transforme le domaine académique en rendant les recherches plus rapides, les enseignements plus interactifs et les analyses plus précises.
Y a-t-il des applications particulières qui sont recommandées ?
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle (IA) transforme l’éducation et la recherche, répondant aux besoins spécifiques du système éducatif et enrichissant les pratiques académiques. Dans un contexte de transformation numérique rapide, il est essentiel de s’appuyer sur des outils d’IA qui facilitent l’apprentissage tout en stimulant l’effort et l’esprit d’initiative des apprenants. Ces technologies permettent non seulement un accompagnement pédagogique personnalisé, mais elles soutiennent également la recherche en offrant des solutions d’analyse et de synthèse accélérées. En particulier, certaines applications sont conçues pour renforcer l’engagement des étudiants et enrichir leur compréhension, tandis que d’autres apportent une aide précieuse aux chercheurs, simplifiant l’extraction d’informations clés et l’organisation des connaissances. En tirant parti de ces technologies, les enseignants et les chercheurs peuvent mieux relever les défis de la formation et de la recherche moderne, en cultivant à la fois l’autonomie et la rigueur intellectuelle. Nous proposons ici une sélection d’outils d’IA adaptés à l’éducation et à la recherche, répondant aux exigences d’une éducation dynamique et d’une recherche efficace et innovante
IA pertinente pour l’enseignement
1. Adaptiv’Math.ai : Un assistant pédagogique pour la personnalisation des parcours d’apprentissage en mathématiques.
2. Coursebox.ai : Une plateforme qui aide à la création de cours en ligne et facilite la personnalisation des contenus pour les enseignants.
3. Systèmes de tutorat intelligent : Pour un enseignement personnalisé qui s’adapte au rythme et au style d’apprentissage des étudiants.
4. You.com : Moteur de recherche avec des fonctionnalités adaptées à l’enseignement, comme le générateur de chatbot, utile pour trouver des ressources.
IA adaptée pour la recherche
1. Humata.ai : Outil pour l’analyse et l’interrogation rapide de documents, facilitant la recherche d’informations clés.
2. SciSpace.com : Propose des outils pour les étudiants et les chercheurs, comme un assistant de rédaction scientifique et un vérificateur de plagiat.
3. Elicit.com : Utile pour les revues de littérature et l’analyse de publications scientifiques en fournissant des résumés de recherches.
4. Perplexity.ai : Moteur de recherche IA qui excelle dans la recherche documentaire, essentielle pour des requêtes complexes.
5. Grafiati : Générateur de citations et bibliographies, précieux pour l’organisation et la mise en forme des références dans les travaux de recherche.
6. ChatGPT.com : Un modèle de langage puissant pour générer du texte, répondre à des questions et fournir des explications approfondies, utile pour clarifier des concepts et explorer des idées en recherche.
On parle aussi des risques liés à l’utilisation de ces applications dans le domaine de l’enseignement et de la recherche ; quels sont ces risques ?
L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’enseignement et la recherche en Afrique et particulièrement au Burkina Faso présente des défis significatifs, notamment en raison de la fracture numérique entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’entre les différentes couches sociodémographiques. L’accès à l’IA nécessite une connexion Internet stable, souvent absente dans les régions rurales, exacerbant ainsi les inégalités existantes. De plus, de nombreuses applications d’IA fonctionnent de manière optimale sous des abonnements payants, rendant leur utilisation coûteuse et limitant l’accès pour les populations à faibles revenus. Les versions gratuites de ces plateformes offrent généralement des fonctionnalités restreintes, ce qui peut réduire leur efficacité pédagogique.
Par ailleurs, la majorité de ces outils sont développés à l’étranger, sans prise en compte des réalités culturelles et éducatives locales. Cette inadéquation peut introduire des biais dans les algorithmes, conduisant à des évaluations injustes ou inappropriées pour les étudiants burkinabè. L’utilisation de l’IA implique également la collecte et l’analyse de données personnelles, soulevant des préoccupations quant à la confidentialité et à la protection des informations des apprenants et des chercheurs. Une dépendance excessive à ces technologies peut diminuer l’autonomie des enseignants et des étudiants, entravant le développement de compétences essentielles telles que la pensée critique et la résolution de problèmes. Enfin, des questions éthiques se posent concernant la transparence des algorithmes, la responsabilité en cas d’erreurs et l’impact sur l’équité dans le système éducatif. Il est donc impératif d’aborder ces risques avec prudence, en mettant en place des mesures pour assurer une utilisation éthique et adaptée de l’IA dans les contextes éducatifs et scientifiques du Burkina Faso.
Quelles peuvent être les solutions ?
Au regard des éléments susmentionnés, plusieurs mesures peuvent être envisagées pour atténuer les risques associés à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’enseignement et la recherche en Afrique, et particulièrement au Burkina Faso. D’abord, il est essentiel de (i) réduire la fracture numérique entre zones géographiques et couches sociodémographiques en renforçant les infrastructures technologiques, notamment l’accès à Internet dans les zones rurales, et en fournissant des équipements adéquats aux établissements d’enseignement pour garantir l’égalité des opportunités. Ensuite, il convient de (ii) investir dans le capital humain et le développement des talents en IA, notamment former des experts locaux et encourager les jeunes talents à se spécialiser permettront de renforcer les compétences nationales et d’adapter les technologies aux besoins du pays. En parallèle, il est crucial de (iii) promouvoir des solutions d’IA locales et adaptées aux réalités culturelles et éducatives du Burkina Faso pour minimiser les biais et assurer une meilleure pertinence des applications. Des initiatives entrepreneuriales locales peuvent soutenir cette innovation technologique.
Par ailleurs, il est impératif de (iv) former et sensibiliser aux enjeux éthiques. Les enseignants, étudiants et chercheurs doivent être formés aux questions de protection des données, de transparence des algorithmes et de responsabilité, en se basant sur des lignes directrices internationales, comme celles de l’UNESCO, pour une utilisation responsable de l’IA. De plus, les autorités doivent (v) mettre en place des politiques publiques favorables en instaurant des cadres réglementaires clairs pour encadrer l’utilisation de l’IA dans l’éducation et la recherche, garantissant ainsi le respect des normes éthiques et des droits individuels. Enfin, il importe de (vi) encourager la pensée critique et l’autonomie. Les programmes éducatifs devraient inclure des activités qui favorisent la pensée critique, la créativité et la résolution de problèmes, en utilisant l’IA comme un outil complémentaire. Ces mesures, appliquées ensemble, permettraient une utilisation de l’IA éthique, équitable et en adéquation avec les besoins locaux.
A quoi peut servir l’IA dans un pays comme le Burkina ?
L’intelligence artificielle (IA) pourrait jouer un rôle crucial dans le développement du Burkina Faso en répondant aux défis structurels et en comblant les lacunes dans des secteurs clés. À l’image de nombreux pays en développement, le Burkina Faso présente des retards dans plusieurs domaines, tels que l’autosuffisance alimentaire, l’industrie, la technologie, et l’agroalimentaire, ainsi qu’un système éducatif axé sur des connaissances générales au détriment de formations spécialisées, notamment en ingénierie. Cette situation est exacerbée par un modèle économique extraverti, fortement dépendant des importations de produits manufacturés, et par l’exportation de matières premières non transformées, ce qui engendre des pertes de valeur ajoutée tout au long de la chaîne de production.
L’IA, si elle est conçue et adaptée aux réalités locales, pourrait être un levier stratégique pour moderniser ces secteurs. Dans l’agriculture, par exemple, l’IA pourrait aider les agriculteurs à anticiper les variations de la pluviométrie et à adapter les cultures aux caractéristiques des sols, contribuant ainsi à augmenter les rendements par hectare. Dans le secteur de la santé, l’IA pourrait renforcer le système de soins en améliorant la prise en charge rapide des patients et en optimisant la gestion des ressources sanitaires. En outre, l’IA offre des opportunités de préserver et de promouvoir les langues nationales, en facilitant la traduction des textes administratifs et en rendant ces langues accessibles dans le cadre des interactions officielles.
Cependant, l’intégration de l’IA nécessite une approche prudente et des garde-fous pour éviter les biais et respecter les réalités culturelles et éthiques locales. En se dotant des infrastructures et des compétences nécessaires, le Burkina Faso pourrait tirer parti de cette technologie pour insuffler une dynamique nouvelle à son développement socioéconomique.
Avez-vous une idée du développement et ou de l’utilisation de l’IA dans notre pays ?
L’utilisation de l’intelligence artificielle commence à se faire remarquer au Burkina Faso, bien que souvent sous forme d’outils importés ou de technologies générales. Par exemple, l’usage de ChatGPT et d’autres systèmes d’IA générative devient de plus en plus répandu au sein de certaines couches de la population, notamment pour des activités de rédaction, de traduction et même de soutien dans l’apprentissage. On observe que certaines plateformes de médias locaux intègrent également des technologies d’IA pour transcrire automatiquement les voix dans les vidéos, ce qui facilite l’accessibilité des contenus et leur diffusion. Ces initiatives montrent que l’IA n’est pas totalement étrangère à l’environnement burkinabè et qu’elle commence à faire partie des pratiques de certains utilisateurs et institutions.
Le Burkina Faso manque encore de solutions endogènes d’IA, qui répondraient mieux aux besoins nationaux, comme des applications pour l’agriculture locale ou des outils en langues nationales disponible. Cette absence souligne l’importance de développer des technologies locales adaptées pour renforcer l’indépendance technologique et valoriser la culture locale. Encourager la création d’applications d’IA burkinabè, soutenues par des politiques et des investissements dans le capital humain, serait un levier clé pour que le pays tire pleinement parti de cette technologie dans son développement.
Mais il faut noter que des initiatives dans le domaine au Burkina Faso existent très bien. En effet, le pays entreprend diverses initiatives qui illustrent la volonté d’intégrer l’IA dans le développement national. Par exemple le Centre d’excellence interdisciplinaire en intelligence artificielle pour le développement (CITADEL), lancé en octobre 2021, forme des talents en IA et encourage la recherche. La Semaine de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes (SEINAR) a tenu ses premières éditions en avril 2023 et avril 2024, créant un écosystème pour les acteurs locaux du secteur. En octobre 2024, un atelier régional sur l’IA éthique a réuni des experts d’Afrique de l’Ouest pour élaborer un cadre d’utilisation responsable de l’IA. Par ailleurs, un séminaire national sur l’IA à l’Université Norbert Zongo, en novembre 2021, a renforcé la promotion de la recherche dans ce domaine. Lors de la 16ᵉ Semaine du numérique en 2019, l’IA a été mise en avant comme levier pour moderniser des secteurs clés tels que l’agriculture et l’industrie. Ces efforts témoignent d’un engagement croissant pour adapter l’IA aux défis et réalités du pays.
Quelles recommandations avez-vous à faire sur l’utilisation de ces outils ?
Pour une utilisation optimale et responsable des outils d’intelligence artificielle, plusieurs recommandations peuvent être proposées. D’abord, il est essentiel de renforcer les infrastructures numériques, notamment en améliorant l’accès à Internet et en fournissant des équipements adéquats dans les zones rurales, afin de réduire les inégalités d’accès. Ensuite, former les utilisateurs (enseignants, étudiants, et professionnels et le reste de la population) pour assurer une utilisation éclairée de ces outils et pour développer les compétences locales en IA. Il est aussi recommandé de promouvoir des solutions d’IA endogènes adaptées aux besoins et réalités culturelles du pays, afin de réduire les biais liés aux outils importés et de mieux répondre aux enjeux locaux. Pour ce faire il faut initier la culture de la production des données comportant moins de biais afin de faciliter l’élaboration des plateformes d’IA à la vitrine de notre contexte local.
Par ailleurs, une sensibilisation accrue aux enjeux éthiques est nécessaire pour protéger les données personnelles et garantir la transparence des algorithmes. Enfin, les autorités devraient élaborer des cadres réglementaires clairs pour encadrer l’utilisation de l’IA, afin de garantir le respect des normes éthiques et la protection des droits des individus. Ces mesures permettraient une adoption de l’IA en phase avec les besoins et les valeurs du Burkina Faso.
C. Paré
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