Décès de Me Paceré : "La flamme qu’il a allumée restera toujours vivace pour le meilleur de la Mère patrie", Dr Dramane Konaté

Après le décès de Me Frédéric Titinga Pacéré le 8 novembre 2024 à l’âge de 81 ans, les hommages continuent. Juriste, homme de culture mais aussi homme de lettres, Me Pacéré a d’ailleurs été consacré par le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1982 par sa plume. Dans cette interview, le président de l’Académie endogène des savoirs, Dr Dramane Konaté, rend hommage au disparu. Pour lui, la flamme qu’il a allumée restera toujours vivace pour la "Mère patrie"
Que représentait Me Titinga Paceré dans le monde de la littérature ?
Maître Pacéré a été un personnage emblématique dans le monde de la culture, de la littérature et des savoirs endogènes. Portant la toge du premier Avocat du Burkina et surtout défenseur de la veuve et de l’orphelin, il trouvait du temps pour écrire, notamment de la poésie, et sa plume a été consacrée par le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1982. L’homme était un poète écrivain polyvalent car il a abordé dans ses écrits plusieurs thématiques, en rapport avec l’histoire du Burkina Faso, l’épopée des Mossé, les questions de droit, les phénomènes de société, les traditions et coutumes, etc. Son œuvre majeure porte sans nul doute sur le concept de "Bendrologie", autrement dit le langage des tams-tams et des masques en Afrique. Publiée en plusieurs tomes d’environ un millier de pages, cette œuvre fait florès dans plusieurs universités africaines et du monde. Membre de l’Académie des sciences d’Outre-Mer, et de l’Académie centrale européenne des sciences, des lettres et des arts, Me Pacéré a été distingué de la médaille d’honneur de l’Association des écrivains de langue française (ADELF).
C’était un homme de lettres avéré mais également un homme de culture. Sa disparition ne laissera a-t-elle pas un grand vide ?
Évidemment, Me Pacéré était éclectique, très ouvert sur les autres peuples et civilisations de la planète, d’autant qu’il a beaucoup voyagé dans le cadre de ses fonctions en tant qu’Expert des Nations unies sur les questions des droits de l’homme.
La grande vision qu’il avait de l’humain l’a amené à apprendre la culture des autres, autant qu’il dispensait généreusement des enseignements sur la culture authentique burkinabè.
En créant le Musée de Manéga qui comprend des objets datant de plus 2500 ans, mais aussi des siècles récents, en y érigeant un obélisque pour l’Afrique et une magnifique esplanade, Me Pacéré montre la dimension culturelle de la Renaissance africaine. C’est dans l’ordre normal des choses qu’il a été sacré Trésor humain vivant, pour sa grande expérience et la sagesse dont il a fait preuve dans sa vie, dans la transmission des valeurs culturelles et ancestrales.
Quel message à l’endroit de la grande famille de la culture qu’il laisse derrière lui ?
Un message de paix, un message de quête identitaire pour l’Africain nouveau, mais enraciné dans ses valeurs endogènes. Me Pacéré à travers ses paraboles, parle à l’humain et à l’humanité pour le combat et l’espérance : "si la termitière vit, elle ajoute de la terre à la terre". A l’endroit de la nouvelle génération, Me Pacéré exalte les vertus cardinales de dignité et d’intégrité, car dit-il, la branche fleurit en honorant ses racines. Nous avons été à l’école de la sagesse de ce grand homme, et la flamme qu’il a allumée restera toujours vivace pour le meilleur de la Mère patrie.
Interview réalisée par Obissa Juste Mien
Lefaso.net