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Lutte anti-terrorisme en Afrique : « En matière de solidarité, nous n’en faisons pas assez » (Général de brigade Michel Ange Bangoura)

Publié le dimanche 10 novembre 2024 à 22h00min

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Lutte anti-terrorisme en Afrique : « En matière de solidarité, nous n’en faisons pas assez » (Général de brigade Michel Ange Bangoura)

L’un des thèmes les plus attendus par les participants de la première conférence ministérielle du forum de partenariat Russie-Afrique en cette journée de samedi 9 novembre 2024, a été celui relatif à la synergie d’action entre la Russie et l’Afrique dans la lutte contre le terrorisme. Parmi les panélistes, le directeur des opérations plan et emploi des forces du ministère de la Défense nationale de la Guinée, le général de brigade Michel Ange Bangoura. Par cette interview qu’il nous a accordée, il revient sur le sujet de sa communication.

Lefaso.net : Vous avez tout à l’heure, avec des panélistes d’autres pays, assuré avec grand intérêt pour le public, une communication sur la lutte contre le terrorisme. Peut-on brièvement revenir sur le contenu de votre communication ?

Général de brigade Michel Ange Bangoura : Mon intervention a porté sur l’effort de la Guinée dans la lutte contre le terrorisme, mais des efforts qui l’ont été avec des partenaires. On s’est dit qu’isolement, on ne peut pas être efficace, il faut toujours travailler avec des partenaires ; que ce soit au niveau sous-régional, continental, international. C’est dans ce cadre-là que nous nous sommes passés de la définition du terrorisme, parce qu’en la matière, chacun a sa définition.

Mais ce qui est clair, qu’on soit touché ou pas par le phénomène, nous sommes censés prendre des mesures, tant au niveau national qu’international, dans une approche globale. C’est ce que j’ai essayé de développer à travers quelques axes déroulés dans le cadre des mesures nationales qui marchent bien dans mon pays. Nous avons également insisté sur cette approche globale, qui fait que nous nous donnons la main pour contrer le mal. La Guinée adhère donc aux initiatives au niveau CEDEAO. Il y a deux mois, nous étions, avec le chef d’état-major général des armés, au Ghana dans le cadre de cette démarche d’appréhender dans sa globalité, les défis sécuritaires. Tout cela vise à voir comment travailler main dans la main pour faire face aux préoccupations sécuritaires.

Par votre communication, on s’est aperçu que la frange jeunes a été considérée comme axe stratégique dans la politique de lutte mise en place par la Guinée. Sans vous demander de dévoiler des détails, comment cela s’est, concrètement, déroulé sur le terrain ?

Nous nous sommes dit que les couches les plus vulnérables, cibles des terroristes, sont les jeunes et les femmes. C’est pourquoi la Guinée a mis en place cette structure, qu’on appelle le « Service civique d’action pour le développement » (créé en 2011 : Ndlr), où les jeunes sont beaucoup appelés à être des acteurs de leur propre développement, à être à l’école du social national. Nous pensons que cette approche porte ses fruits et nous poursuivons dans cet élan. Concernant les femmes, beaucoup de mesures sont prises dans le cadre de leur autonomisation et le gouvernement met en place des moyens pour y parvenir avec ce succès. Donc, nous pensons qu’à travers ces deux plans, à savoir le « Service civique d’action pour le développement » et l’autonomisation des femmes, ces deux couches vulnérables sont moins exposées au phénomène terroriste.

Vous avez également soulevé un point que partagent aujourd’hui nombre de pays, c’est la question des dérives dans les prêches. Quelle est la stratégie de la Guinée en la matière ?

La communication est très importante dans la lutte contre le terrorisme. En Guinée, nous avons mis en place une communication de masses, mais qui n’est pas imposée. La communication, c’est d’abord au niveau culturel, et dans ce volet, des acteurs comme les artistes s’y mettent, de sorte à faire passer le message de vivre en paix, de cohésion sociale et tout ce qui va avec cet objectif.

Tout cela est renforcé par la sensibilisation, qui est automatique, dans toutes les langues nationales et à travers tous les canaux de communication, qu’ils soient officiels ou privés. C’est un aspect très important qu’il faut prendre en compte dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Une certaine opinion déplore que dans cette situation qui tend à se généraliser, la solidarité africaine ne se manifeste pas à la hauteur du défi. Est-ce cela qui donne force au phénomène terroriste ou c’est la force même du mal qui engendre cette insuffisance de mobilisation africaine ?

Il est vrai qu’en matière de solidarité, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, nous n’en faisons pas assez. Et je pense que ce genre de rencontres nous permettent de comprendre que nous sommes en retard dans ce domaine également. Je pense que nous pouvons être beaucoup plus solidaires, tenant compte des valeurs africaines, comme celle qui veut que, quand la case du voisin brûle, c’est ma case qui brûle. C’est ce qui a fait l’engagement de la Guinée auprès des pays touchés par le terrorisme. Et bien avant l’avènement du terrorisme en Afrique, la Guinée a toujours été présente au cœur des peuples en quête d’indépendance et de liberté. Et je pense que nous ne rechignons pas sur ce plan de venir en aide, être solidaire avec les pays touchés.

Une rencontre ministérielle Russie-Afrique, n’est-ce pas un cadre de trop ? Autrement, que peut-elle apporter que le sommet Russie-Afrique et les autres rencontres n’ont pas pu ?

C’est vrai, quand on pense à tous ces sommets, Chine-Afrique, Turquie-Afrique.... et aujourd’hui, Russie-Afrique, on peut se dire qu’il y a trop de rencontres. Mais ce qui est clair, c’est qu’à chaque rencontre, on prend quelque chose de bon pour soi et on partage cela aux autres. C’est à force de se frotter, de se nourrir des expériences des autres et de partager avec les autres, ce que l’on connaît, qu’on peut parvenir à la solution. Il n’y a pas de solution miracle dans la lutte contre le terrorisme, mais avec le partage d’expériences, je pense qu’on va arriver à trouver la solution définitive contre le mal.

En conclusion ?

C’est demander à ce que les armes, sous toutes leurs formes, se taisent à jamais. Que ce soit dans le cadre du terrorisme ou des guerres entre États, et que la paix soit vraiment le quotidien de tous les jours des Africains et du monde entier.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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