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Le cardinal Agré : « Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, l’espoir est raisonnablement permis »

Publié le lundi 10 avril 2006 à 07h13min

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Cardinal Agré

« Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, l’horizon s’éclaire et l’espoir est raisonnablement permis », a affirmé le cardinal Bernard Agré, archevêque d’Abidjan, qui a présidé ce soir à Rome, en l’église Saint-Louis des Français, une messe pour la paix en Côte d’Ivoire.

C’était en présence du cardinal Francis Arinze, Nigérian, préfet de la congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, des évêques de Côte d’Ivoire en visite ad limina, des ambassadeurs de Côte d’Ivoire en Italie et au Vatican, et des ambassadeurs de France et de Belgique près le Saint-Siège.

Le message de Benoît XVI aux évêques en visite ad limina a en effet appelé les catholiques à se montrer « responsables » pour construire la paix et la réconciliation dans leur Nation (cf. Zenit 3 avril). Le pape aurait lui-même souhaité la célébration d’une messe à cette intention.

Le miel des marbres jaunes résonnaient au son des tambours et des voix chaleureuses du chœur. Les danseurs en habits couleur or portaient les offrandes en une procession joyeuse. L’assemblée ondulait peu à peu au même rythme : la joie de la célébration manifestait l’espérance entrevue pour une « paix juste et durable », comme le soulignait le cardinal Agré dont l’homélie était plutôt une longue prière d’intercession et une méditation à partir de la Béatitude des artisans de paix : « Ils seront appelés fils de Dieu » (Matthieu 5, 9).

Il faisait notamment remarquer deux tentations à l’heure historique actuelle : celle du repli déçu improductif ou celle d’une trop grande confiance inactive.

« D’un côté, disait-il, les découragés qui partagent la complainte de Jérusalem : « Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée » (Isaïe 49, 14). Ils sont nombreux en effet les Ivoiriens et les Ivoiriennes qui sont tentés de baisser les bras, qui trouvent leur Chemin de Croix trop long et trop éprouvant. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils sont presque animés des mêmes sentiments et enclins aux mêmes attitudes que les Juifs d’autrefois : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions » (Psaume 136, 1) ».

« De l’autre côté, ajoutait le cardinal Agré, se tiennent ceux et celles qui, déçus ou désespérés des dirigeants actuels, ne comptent plus que sur Dieu seul pour les délivrer. Le pays n’a-t-il pas conclu une alliance permanente avec son Dieu qui l’aime et le protège ? N’est-il pas la « nouvelle patrie du Christ », comme le proclamait Son Eminence le cardinal Poupard, légat de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, à l’occasion du 1er centenaire de l’Eglise catholique en Côte d’Ivoire, en octobre 1995 ? »

Le cardinal Agré indiquait une troisième voie en ces termes : « Réfugiés dans un découragement démobilisateur, ou campés dans une confiance attentiste en la Providence divine, ces deux premières catégories de citoyens oublieraient trop facilement de se retrousser les manches et de s’impliquer, comme le fait la majorité actuelle dans la recherche obstinée et finalement payante d’une paix juste et durable ».

Il n’hésitait pas à souligner les freins au progrès de la situation en disant : « N’étaient les incohérences de l’intérieur et certains gros intérêts de l’extérieur, comme cela se produit en pareilles circonstances dans tous les pays en difficultés, selon les enseignements de l’histoire universelle, nous serions déjà, irrésistiblement, près du bout du tunnel ».

Et d’expliquer en effet : « Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, l’horizon s’éclaire et l’espoir est raisonnablement permis ».

Il priait : « Seigneur, accorde-nous la paix, une paix rapide et définitive, exauce-nous au-delà de nos désirs et de notre expression pour une nouvelle dynamique plus cohérente politiquement, et socialement plus participative de tous à la construction nationale. Seigneur, hâte le temps, rapproche le temps de la reconstruction nationale comme l’ont vécue tant de pays après leurs épreuves historiques ».

Mais le pasteur intercédait pour un changement de mentalité en disant : « Infuse en nous le mental fort des gagneurs, des pionniers qui transcendent toutes les peurs. Voilà pourquoi nous te demandons de faire de nous des témoins et des promoteurs de la concorde et de la paix ».

Il en appelait à la « fraternité » retrouvée, et à la « solidarité », mais au-delà même des frontières de la Côte d’Ivoire : « Seigneur, apprends-nous à comprendre tous nos compatriotes ballottés par tant de sentiments contradictoires. Que notre amour fou de toi, notre Dieu, nous ouvre à toute l’Afrique avec une disponibilité accrue pour la cause de ce vaste continent. Ce soir et les jours à venir, nous voulons te dire combien nous sommes heureux et fiers d’appartenir à l’Afrique, certes chargée de mauvaises nouvelles, mais porteuse d’espérances inouïes ».

La célébration s’est achevée par la prière de la conférence épiscopale ivoirienne pour la paix : des paroles bouleversantes qui ont noué quelques gorges et fait verser des larmes.

L’eucharistie avait été organisée pour la communauté ivoirienne de Rome et ses amis, par l’ambassadeur de Côte d’Ivoire près le Saint Siège, M. Benjamin Konan Kouamé et le Premier conseiller d’ambassade, M. Joseph Tebah-Klah.

Dans son discours, à la fin de la célébration, avant d’inviter à un rafraîchissement dans le cloître de Saint-Louis, M. Konan a remercié les participants et en particulier les représentants de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, Mgr Dossena, représentant le substitut, Mgr Leonardo Sandri, et Mgr Betancour, représentant du Secrétariat chargé des relations avec les Etats, Mgr Giovanni Lajolo.

Ce faisant il a souligné le soutien jamais démenti du Saint-Siège au peuple ivoirien en difficulté, en particulier du fait le pape Jean-Paul II a continué à donner des pasteurs - deux archevêques, et deux évêques en trois ans et demi - , et par les appels de Jean-Paul II puis de Benoît XVI - encore en janvier dernier et lors de la visite ad limina - en vue du retour à la paix dans le pays.

« Il n’y a pas d’alternative à la paix, avant tout don de Dieu », déclarait l’ambassadeur, en soulignant en même temps « l’importance des actes posés en faveur de la paix ».

« Nous croyons, affirmait le diplomate, que les prières ferventes pour la paix porteront leur fruit afin que la Côte d’Ivoire redevienne le pays d’une vraie fraternité ».

En anglais, il adressait quelques paroles de remerciements au cardinal Arinze pour sa présence, mais aussi au Prélat de l’Opus Dei, et à Mgr Robert Sarah, originaire de Guinée Konakry et secrétaire de la congrégation romaine pour l’Evangélisation des Peuples.

Enfin, après avoir remercié les diplomates de différents pays présents à la célébration, M. Konan adressait ses chaleureux remerciements au recteur de Saint-Louis des Français, Mgr Pierre-Étienne Pillot, pour son accueil.

www.ZENIT.org

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