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Décès de Maître Titinga Pacéré : Les avocats Bénéwendé Sankara et Abdoul Latif Dabo rendent hommage au premier bâtonnier du Burkina

Publié le dimanche 10 novembre 2024 à 21h33min

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Décès de Maître Titinga Pacéré : Les avocats Bénéwendé Sankara et Abdoul Latif Dabo rendent hommage au premier bâtonnier du Burkina

Il a plu à Dieu de rappeler auprès de lui Maître Titinga Pacéré, le vendredi 8 novembre 2024. Homme de culture, de lettres, de droit, et chef du village de Manéga, premier bâtonnier du Burkina Faso, l’illustre défunt a également exercé en tant qu’avocat auprès du tribunal spécial de l’ONU pour le Rwanda. Maître Pacéré laisse derrière lui des avocats qui le garderont à jamais en mémoire. Maître Bénéwendé Stanislas Sankara et Maître Abdoul Latif Dabo sont de ceux qui ont rendu un vibrant hommage à ce baobab de la culture burkinabè.

Maître Bénéwendé Stanislas Sankara

« Maître Pacéré Titinga, je le considère comme un père et un doyen. Il est un doyen parce qu’il est le premier avocat. Il est le premier bâtonnier de l’ordre des avocats. Maître Pacéré Titinga, je l’appelle aussi sa majesté parce qu’il est le chef de Manéga. Nous sommes ses enfants spirituels. Nous sommes arrivés au barreau grâce à l’exemple qu’il a donné. Maître Pacéré m’a personnellement défendu en tant qu’avocat à plusieurs occasions. L’expertise de l’homme à travers le monde est extraordinaire parce qu’il a gardé intacte sa mémoire du haut de ses 81 ans. En 1991, c’est lui qui nous a accompagnés au barreau de Paris pour notre formation. Il est difficile d’avoir les mots qu’il faut pour rendre hommage à l’homme. Tout dernièrement, à la passation de charges entre les deux bâtonniers entrant et sortant, maître Pacéré était là. Il n’y a jamais eu une cérémonie qui concerne les avocats où maître Pacéré, malgré son âge et la maladie, ne s’est pas déplacé. Aujourd’hui, nous pleurons un confrère, nous pleurons un bâtonnier, nous pleurons un homme de culture, un écrivain, nous pleurons surtout un homme de médiation pour la paix dans ce pays, nous pleurons un baobab. Les mots me manquent pour rendre un vibrant hommage à l’homme. Maître Pacéré a beaucoup fait pour le Burkina Faso et son combat ne sera pas vain ».

Maître Abdoul Latif Dabo

« Le 14 février 2016, je tenais ma première allocution publique en ma qualité d’élève avocat à Manéga, lors d’une énième cérémonie, parmi les milliers de personnes ce jour. J’ai eu la chance d’être parmi les rares personnes qui avaient été conviés par vous pour la décoration, à l’ambassade de France. Le destin a voulu encore que lorsque vous avez reçu le Baobab d’or en cette salle de CENASA, on y était. Le 17 octobre 2024, vous avez sans cesse cherché où j’étais pour encore accomplir mon devoir, vous tenir la canne et la main pour vous conduire vers le présidium. Moi qui rêvais de vous voir me tenir la main pour me diriger dans cette profession, je me suis retrouvé à être votre support, celui-là qui, à qui les confrères disaient quand votre bâton tombait : "vas prendre le bâton de ton vieux, nous avons peur de toucher la canne du chef". Je vous aurai tenu toute la journée du 17 octobre si j’avais su. Certains mots que vous m’avez tenus, je les garde pour moi à jamais, et je les répéterai le jour où j’aurai réalisé la mission que vous m’avez confiée. Rarement je ne me suis senti proche d’une personne rencontrée dans la profession qui m’a adopté et ouvert les portes de sa maison, de son village, remis son numéro personnel, et me recevait sans rendez-vous au gré de mes visites. Je n’arrive pas à croire que je verse des larmes en écrivant ces mots. Je ne me savais pas si sensible, mais j’avoue qu’il me sera difficile d’ajouter de la terre à la terre sur votre dernière décoration céleste, je n’y arriverai pas. Reposez-vous cher Maître, cher parrain, cher père, vous, le pachyderme humain vivant enraciné a Manéga, avocat originel du barreau indomptable du Burkina Faso, croulant sur de nombreuses distinctions, Emir de la bendrologie, récipiendaire de la Grande croix des ordres burkinabè, chevalier de la Légion d’honneur de la France. Étendard de nos espoirs, regardez, sous votre mât, se tiennent des milliers de filleuls dont vos 28 avocats issus du centre de formation professionnelle des avocats. Titinga, Trésor humain vivant, chef de Manéga, en ces jours de deuils, nous ne pleurons pas juste un parrain, ni un confrère. On est interrogateur, car nous avons imploré le seigneur afin qu’il vous vivifie davantage pour que nous continuions à puiser inlassablement dans le puits du savoir que vous êtes. Mais votre mission sur terre s’est achevée, le ciel a besoin de vous, les kimcés (ancêtres), vous attendent pour vous remercier pour le travail abattu. Cher Maître, cher parrain, cher doyen, cher grand-père, on essaiera de ne pas vous honnir. Merci, merci et encore merci ! ».

Rama Diallo
Lefaso.net

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