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Justice internationale : Une ère tutélaire exaspérante

Publié le lundi 10 avril 2006 à 07h07min

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Le cas Charles Taylor ne fait que commencer. Mais déjà, il prend la tête de tout le continent. Fallait-il oui ou non remettre l’ex-chef de guerre aux autorités libériennes nouvellement investies ? cette interrogation a fait long feu puisque Taylor vient de boucler sa première semaine de prison. Le compte à rebours pour le jugement de celui qui a présidé aux destinées du Libéria durant six ans vient d’être enclenché.

Ce problème n’est donc plus là. Il concerne maintenant l’incapacité récurrente de l’Afrique à entrer pleinement dans la démocratie. Puisque arrêter, extrader et juger les anciens présidents auteurs d’actes hautement répréhensibles semblent hors de sa portée. C’est pourquoi on se retrouve invariablement face à une savante manipulation dont l’objectif inéluctable serait de penser que seule l’Europe serait qualifiée. Ici, il s’agit de déporter Charles Taylor vers le Tribunal pénal de La Haye aux pays-Bas. On croit rêver !!! Quand l’Afrique va-t-elle enfin décider par elle-même et assumer jusqu’au bout ses responsabilités ?

A force de se défausser, la plupart des observateurs, les autres partis du monde nous pensent inaptes, incapables d’agir comme il faut et quand il faut. D’où la tentation de toujours mettre en avant sa prétendue tare, ledit syndicat de chefs d’Etat, le seul au monde qui n’ait pas de récépissé mais dont la capacité de nuisance est hors du commun, commentent certains bons penseurs. Quel avantage auraient les Libériens et plus encore les Sierra-Léonnais, premiers concernés, à suivre un procès au delà des océans ? Pourquoi la question se poserait-elle à propos du lieu indiqué pour juger Charles Taylor si ce n’est là où il a fauté ?

L’Afrique est d’autant fondée à repousser ce deal que le Tribunal spécial pour la Yougoslavie a foiré sur les grandes largeurs. S’il faut sauver le continent des dictateurs, la meilleure voie, celle qui permette à nos jeunes républiques de faire des bonds significatifs est d’aider à ce que le procès Taylor n’échappe pas aux plaignants et surtout pas aux victimes. Comment ne pas voir que l’Union africaine est interpellée ? Jusqu’à maintenant, en termes de présence sur les dossiers épineux, de locomotive de la construction africaine, de lignes directrices, elle manque de détermination. Tout se passe pour l’essentiel lors des sommets ou rencontres occasionnelles mais on connaît les limites réelles de tels cadres.

Si l’Union européenne veut jouer sa partition, elle doit être porteuse de projets, avoir des politiques fortes et anticiper sur tous les dossiers connus comme les conflits, les élections, la gestion des affaires publiques. Au lieu de quoi, l’impression c’est que l’Afrique est toujours sous une camisole de force. Pour ne pas perdre notre âme, il faut arrêter de déléguer nos prérogatives. Quoi qu’on dise, il y a une souveraineté africaine. La responsabilisation des Etats est la seule alternative qui permette d’aboutir à la démocratie et mieux encore à la vraie indépendance.

S. KONE

L’Hebdo

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