Burkina Faso/Education : La Fédération estudiantine dénonce les retards académiques et les mauvaises conditions de vie des étudiants
Le jeudi 7 novembre 2024, la Fédération estudiantine et scolaire pour l’intégrité au Burkina Faso (FESCIBF) a tenu une conférence de presse au sein de l’université Joseph Ki-Zerbo pour alerter l’opinion publique sur les défis auxquels font face les élèves et étudiants burkinabè. Cette rencontre s’est déroulée en présence de Thomas Bamouni, secrétaire général national de la FESCIBF.
La FESCIBF a ouvert la conférence en soulignant la fermeture prolongée du lycée Zinda Philippe Kaboré depuis 2021. Selon l’organisation syndicale, cette fermeture prive des milliers d’élèves d’une éducation de qualité et constitue une « honte nationale ». Les responsables de la FESCIBF appellent donc à une réouverture de cet établissement.
Un autre point abordé lors de cette rencontre fut la question des retards académiques et des chevauchements des années scolaires dans les universités publiques. Malgré la suppression des vacances en août et septembre 2024 pour tenter de résorber ces retards, la FESCIBF déplore le fait que des promotions anciennes, telles que celles de 2019 en lettres modernes à l’université Joseph Ki-Zerbo et en sciences de la vie et de la terre à l’université Nazi Boni, rencontrent toujours des difficultés pour achever leurs cycles. Bien que certains progrès aient été réalisés, notamment dans les filières les plus touchées, les retards persistent dans d’autres, ce qui démontre la nécessité de trouver des solutions plus durables.
Dans ce contexte, la FESCIBF a rappelé que, suite à une grève de 48 heures qu’elle a organisé en novembre 2023 pour revendiquer des mesures concrètes, des avancées avaient été réalisées sur certains points, mais que d’autres demeuraient sans réponse. L’organisation syndicale a particulièrement insisté sur la nécessité d’une réforme structurelle pour mettre fin à ces chevauchements chroniques. En effet, des promotions allant de 2020 à 2024 sont encore coincées en année de licence, et certaines, comme celles de lettres modernes à l’université Joseph Ki-Zerbo, n’ont pas encore terminé leur parcours universitaire.
Abdoul Razack Sondé, responsable à la communication de la FESCIBF, a précisé que les efforts du ministère de l’Enseignement supérieur, qui a suspendu les vacances pour rattraper le retard, ont permis de combler une partie de ces déficits. Cependant, a-t-il ajouté, « cette solution, bien que pragmatique à court terme, ne règle pas le problème de manière pérenne. »
La conférence a également mis en lumière la dégradation des conditions de vie des étudiants. Un des problèmes majeurs est l’état du service de transport public de la Société de transport en commun de Ouagadougou (SOTRACO) censé faciliter la mobilité des étudiants dans les grandes villes. Selon la FESCIBF, les bus sont souvent en panne et ceux qui circulent sont surchargés, ce qui constitue un danger pour la sécurité des étudiants. Les retards fréquents ou les annulations entraînent des situations où des étudiants arrivent en retard au cours, voire manquent à des évaluations. A les entendre, cette situation des transports aggrave les difficultés quotidiennes des étudiants, déjà confrontés à des conditions de vie précaires sur les campus.
L’organisation a par ailleurs salué l’augmentation du budget pour les transports étudiants décidée par le gouvernement lors du conseil des ministres du 14 août 2024, tout en appelant à une mise en œuvre rapide de cette mesure, ainsi qu’à la réalisation effective du projet d’acquisition de nouveaux bus.
L’hébergement est un autre défi majeur pour les étudiants, avec « des cités universitaires sous-dimensionnées et dans un état de dégradation avancée ». La FESCIBF interpelle le Centre national des œuvres universitaires (CENOU) pour accélérer les réhabilitations en cours, notamment à Kossodo et Nasso et pour achever les constructions en attente à Koudougou et dans d’autres villes universitaires.
La question des restaurants universitaires a également été abordée. Selon la FESCIBF, ces établissements, censés apporter un soutien essentiel aux étudiants, sont devenus des lieux de frustration. Les longues files d’attente, la qualité des repas, les portions insuffisantes et les problèmes d’hygiène sont des problèmes récurrents. La FESCIBF a aussi appelé à des améliorations urgentes pour garantir des conditions de restauration dignes pour les étudiants.
Face à ces nombreuses situations préoccupantes, la FESCIBF lance un appel au gouvernement, notamment au président du Faso, pour qu’il accorde une attention particulière à ces problématiques. L’organisation a insisté sur l’urgence de solutions concrètes et durables pour améliorer les conditions d’étude et de vie des étudiants.
En rappel, créée en 2013, la Fédération estudiantine et scolaire pour l’intégrité au Burkina Faso (FESCIBF) est une structure syndicale qui fédère élèves et étudiants, avec pour objectif principal de défendre les intérêts, les droits et les libertés des élèves et étudiants du Burkina Faso.
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net