Burkina/Projet « Eau CLE du développement durable GIRE(ECDD-GIRE) » : « Tout développement socio-économique d’un pays ne peut se faire sans l’autre moitié du ciel », souligne Cyrille Bernardin Kafando, Ambassadeur Genre ECDD-GIRE
Dans le souci de relever l’un de ses défis majeurs qu’est la prise en compte des femmes, des jeunes et des personnes vulnérables, le projet ECDD-GIRE a décidé de désigner, dans le cadre de sa mise en œuvre, des Ambassadeurs Genre. Ces ambassadeurs, principalement des hommes dotés d’un pouvoir de décision et capables de stimuler un changement à l’échelle communautaire, auront pour mission d’accompagner le projet afin de garantir une meilleure prise en compte des femmes, des jeunes et des personnes vulnérables dans les activités mises en œuvre. Fidèle à l’adage « la charité bien ordonnée commence par soi-même », Cyrille Kafando, membre actif du projet, a été nommé premier Ambassadeur Genre ECDD-GIRE. Cette nomination inaugure une série qui verra l’élargissement de ce rôle à d’autres personnes engagées. Un entretien exclusif avec lefaso.net lui a été accordé pour partager sa vision et son engagement dans sa nouvelle fonction.
Lefaso.net : Qui est Cyrille Bernardin Kafando ?
Cyrille Bernardin Kafando : Je travaille présentement pour le compte de la fondation néerlandaise World Waternet dans le cadre du projet ECDD GIRE. Je suis père de deux enfants dont une fille. Pendant des années, j’ai travaillé dans le domaine du développement électrotechnique au sein d’une compagnie de télécommunication au Pays-Bas. En 2011, j’ai créé mon bureau de consultation. Ce qui m’a emmené à initier des projets vers le Burkina Faso. C’est dans ce cadre que la collaboration entre World Waternet et les agences de l’eau du Burkina Faso a vu le jour.
Pouvez-vous énumérer les objectifs du projet ECDD GIRE et qui sont les bénéficiaires ?
Le projet ECDD-GIRE est mis en œuvre par un consortium d’organisations néerlandaises à savoir World Waternet (chef de file) Agriterra et Auxfin . Il sera mis en œuvre dans les espaces de compétence des 05 agences de l’eau du Burkina (Agences de l’eau des Cascades, Gourma, Liptako, Mouhoun et Nakanbé) à travers 8 comités locaux de l’eau, 4 comités des usagers de l’eau et 20 coopératives agricoles.
Il vise à améliorer la gestion et l’accès à l’eau afin d’augmenter les revenus et de renforcer la résilience climatique, ainsi qu’économique au sein des communautés de base par le renforcement des capacités en matière de Gestion intégrée des ressources en eaux (GIRE) et de gouvernance locale appuyés par les technologies numériques et par l’amélioration de la gestion qualitative et quantitative des ressources en eau pour tous les usages et usagers. Les femmes et les jeunes sont au cœur de la mise en œuvre du projet.
Dans le cadre du projet ECDD GIRE, vous avez accepté d’être le premier ambassadeur genre. Pourquoi avez-vous accepté d’endosser cette responsabilité et qu’est-ce que cela implique ?
Un ambassadeur genre va tout d’abord sensibiliser son entourage et aussi les bénéficiaires du projet ECDD GIRE sur l’importance de l’inclusion et plus particulièrement de celle des femmes et des jeunes dans l’approche de la GIRE qui se veut elle-même inclusive. Je veux faire prendre conscience à ceux qui l’ignorent que tout développement socio-économique d’un pays ne peut se faire sans l’autre moitié du ciel. C’est pour cette raison que j’ai accepté d’être un ambassadeur genre.
Je précise que d’autres ambassadeurs genre vont être choisis au sein des communautés bénéficiaires durant la mise en œuvre du projet. En relisant les citations du père de la révolution, Thomas Sankara, je comprends maintenant ses propos. Il a toujours affirmé que sans les femmes, on ne peut pas résoudre le problème économique, éducatif et social du Burkina Faso. En ce qui concerne le problème de l’eau, les femmes et les filles sont en première ligne. C’est pour cette raison que le projet met l’accent sur cette frange de la population.
Malheureusement, sous nos cieux, l’apport de la femme n’est pas reconnu. Nous constatons de la marginalisation. Et pourtant, elles tiennent en partie l’économie du Burkina Faso. Dans les villages, elles sont très actives. Pendant mes études, les filles occupaient toujours la première place. Je constate malheureusement que jusqu’à ce jour, les femmes ont du mal à occuper des postes à responsabilités. Il faut réparer cette injustice. Je suis père d’une fille. Je me suis engagé afin de contribuer à ma manière à améliorer les conditions de vie des femmes. Je suis dans l’obligation de partager à mon entourage et à toutes les organisations mes expériences dans le cadre de cette lutte pour l’épanouissement des femmes.
Est-ce à dire que le genre rime avec la femme ?
Absolument pas, le genre prend en compte toutes les catégories de la population. Le genre n’exclut personne. Le projet ECDD GIRE prend en compte les femmes, les filles, les personnes handicapées, celles âgées, les jeunes et les hommes. Nous savons tous que dans le domaine de l’eau, les femmes et les filles sont les plus affectées. Elles sont responsables de la grande partie de l’approvisionnement en eau dans les ménages et même dans l’agriculture. Il faut donc les prioriser dans un tel projet.
Il y a plusieurs projets qui naissent au Burkina Faso, quelle est la particularité du projet ECDD GIRE ?
La particularité se situe au niveau d’une de nos approches. Nous savons que certaines localités du pays sont des zones rouges. Nous ne voulons pas exclure les populations de ces localités. C’est pourquoi, nous avons opté pour la digitalisation. Nous allons procéder à des sensibilisations sur la GIRE à travers la magie de la technologie à travers un outils qui s’appelle WaterCoach et qui seront développé par Auxfin qui est un membre du consortium du projet. Nous allons également initier les bénéficiaires au numérique. Ce qui va améliorer leurs conditions de travail.
Quelles sont vos attentes à l’endroit des bénéficiaires à la fin du projet ?
Mon souhait est que les bénéficiaires soient autonomes. J’espère qu’ils n’auront pas à attendre un autre projet. Cela prouvera alors qu’ils sont entièrement indépendants.
SB
Lefaso.net