Burkina/Éducation : Améliorer l’assiduité des élèves dans les classes par l’approvisionnement continu des cantines !
Le lien entre la faim et l’abandon des classes par les élèves ou encore entre faim et les résultats scolaires est vite établi par les acteurs, surtout dans les milieux ruraux. Un regard qui vient poser la récurrente question de fonctionnement des cantines scolaires. Des témoignages d’enseignants et de responsables d’écoles à l’intérieur du pays mettent en relief la nécessité de travailler à assurer une permanence en la matière, pour éviter la défection des élèves et, partant également, permettre d’améliorer les résultats scolaires.
L’Etat burkinabè et ses partenaires consentent, chaque année, de nombreux efforts dans le domaine de l’éducation, notamment en matières de fournitures, de ressources humaines, de logistique ... Si pour les acteurs de l’éducation, l’importance et l’impact positif de ces appuis ne sont plus à démontrer, tant pour les élèves que les parents eux-mêmes, il s’avère aussi capital de travailler à assurer la permanence des cantines scolaires, pour ne pas que les efforts antérieurement cités soient en-deçà des motivations qui les sous-tendent.
C’est pourquoi, des responsables locaux de l’éducation nationale ne manquent pas d’occasion de plaider pour une continuité des cantines scolaires.
« C’est vrai, l’Etat accompagne les cantines, mais c’est insuffisant. Voilà pourquoi, nous demandons aux partenaires aussi de nous aider dans ce sens, ça va beaucoup nous arranger ; parce que l’accompagnement de l’Etat couvre quatre mois, alors que l’année scolaire dure neuf à dix mois. Donc, si on faisait en sorte que les cantines couvrent l’année scolaire, ça va vraiment arranger beaucoup d’élèves », plaide ce responsable local de l’éducation dans le grand nord.
« Le manque de cantines crée un impact sur les résultats, parce que certains élèves sont obligés de quitter les classes pour aller faire de petits boulots avant de revenir. D’autres sont même obligés d’abandonner l’école, parce que si tu n’as pas à manger, tu vas faire comment ? S’il n’y a pas la cantine scolaire, il va de soi que même avec l’accompagnement en fournitures..., l’enfant n’arrive pas à suivre les cours, car comme on le dit, ‘’ventre creux n’a point d’oreille’’. Si les partenaires peuvent nous accompagner, pour qu’il y ait vraiment une cantine réelle, ça sera très bien pour nous tous », se confie ce responsable de circonscription de l’éducation de base, se félicitant néanmoins de l’esprit de solidarité qui prévaut au primaire à ce sujet.
Selon un reportage fait par le quotidien d’Etat, Sidwaya, sur le sujet, publié en janvier 2024 et sacré au concours « Prix Marie Soleil Frère » 2024, le Burkina consacre chaque année, et ce depuis 2017, une enveloppe de 18,8 milliards F CFA au fonctionnement des cantines scolaires.
« Cependant, de nombreux enfants ne reçoivent jamais leur plat gratuit à midi et d’autres doivent patienter plusieurs mois avant de l’obtenir et souvent en mauvaise qualité. Constat dans l’Oubritenga (Ziniaré, dans la région du Plateau-central), le Zoundwéogo (Manga, dans le Centre-sud) et le Bam (Kongoussi, région du Centre-nord) », constate la parution, qui soulève plusieurs facteurs en appui de « ces dysfonctionnement ».
En effet, l’option de l’Etat de transférer la gestion des cantines scolaires aux communes, ne semble pas, jusque-là, répondre à la vision d’efficacité et d’efficience qui a prévalu à la décision. Si fait que des maillons de la chaîne se rejettent parfois la balle et/ou pointent des insuffisances dans les textes qui régissent le processus.
Qu’à cela ne tienne, la réalité de terrain convoque la nécessité de poursuivre les réflexions, à concurrence de la meilleure formule, sur ce sujet crucial de par l’enjeu qu’il représente pour la formation du capital humain national et si l’on ne veut pas priver des milliers d’enfants de l’école.
Au moment où le gouvernement multiplie les initiatives, notamment avec « l’Offensive agro-sylvo-pastorale », le Programme intégré de soutien à l’alimentation et à la nutrition scolaires et bien d’autres efforts de la part des partenaires internationaux, il sied d’envisager des mécanismes permanents d’approvisionnement systématique des cantines scolaire.
O.L
Lefaso.net