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Burkina/ CENASA et promotion du livre : « Le nombre de dédicaces d’ouvrages augmente chaque jour et nous avons décidé de casser les prix pour accompagner les auteurs », Abraham Abassagué

Publié le mercredi 6 novembre 2024 à 21h55min

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Burkina/ CENASA et promotion du livre : « Le nombre de dédicaces d’ouvrages augmente chaque jour et nous avons décidé de casser les prix pour accompagner les auteurs », Abraham Abassagué

Dans cette interview accordée à votre journal Lefaso.net, lors de la dédicace du livret de l’abbé Modeste Kafando (5 novembre 2024), l’artiste-écrivain, et directeur général du Centre national des arts, du spectacle et de l’audiovisuel (CENASA), Abraham Abassagué, se livre sur la question du livre. Mais pas seulement ce volet. Il a également parlé des opportunités offertes par son institution pour aider les écrivains à promouvoir leurs œuvres, sans oublier la question de la rénovation de l’institution qu’il dirige.

Lefaso.net : En tant que premier responsable du CENASA, mais également artiste-écrivain, comment accueillez-vous ce guide de méthodologie d’études dédicacé par l’Abbé Modeste Kafando ?

Abraham Abassagué : C’est un livret qui vient ajouter un plus à notre patrimoine littéraire, parce qu’il permettra de s’assurer que nos enfants vont lire quelque chose de sain et d’éducatif qui porte sur nos valeurs. D’où la lutte que mène le gouvernement pour amener notre jeunesse à nos fondamentaux.

Mais justement, nous avons une jeunesse qui s’intéresse peu à la lecture. Quels sont les moyens à mettre en place pour créer de l’engouement autour de la lecture ?

Il faut dire que c’est relatif quand on dit que la jeunesse ne lit pas. Parce que mêmes les anciens ne lisent pas. C’est une pathologie mondiale. Vous le savez, l’impact des médias sociaux occupe tout le monde, sans exception. Des mères comme des pères, tout le monde en passant par les tanties, tout le monde est sur Tiktok, Facebook et autres. Ça occupe tout le monde et ça diminue logiquement le temps de lecture. Mais nous pensons que le livre a toujours sa place.

Mais au lieu de dire que la jeunesse lit ou pas, moi je vais renvoyer la balle aux parents pour dire que chaque parent se doit de trouver un moyen d’inciter ceux qui viennent après nous à corriger cette carence que notre génération porte pour que la génération qui vient après nous puisse être passionnée de lecture. Et ce, en commençant à introduire les livres mêmes dans nos cadeaux, parce qu’on n’a pas le choix. Il faut lire, parce qu’on ne peut trouver ce qui est dans les livres dans les réseaux sociaux.

En tant directeur général d’une institution comme le CENASA qui fait la promotion des arts du spectacle, et surtout que vous êtes écrivain, quelle est votre vision du livre de façon générale ?

C’est vrai que le CENASA est un centre de spectacle et le livre est l’attribution d’une autre direction au niveau du ministère de la Culture. Mais nous ouvrons nos portes afin de permettre aux écrivains de faire la promotion de leurs œuvres. Parce qu’il faut des espaces pour sortir des œuvres, il faut des espaces pour permettre aux écrivains de pouvoir s’exprimer et nous pensons qu’il y a de la place pour les écrivains à notre niveau. Et nous pouvons vous affirmer que les gens continuent d’écrire beaucoup au niveau du Burkina.

Parce qu’étant membre de l’association des écrivains du Burkina, je vois comment les gens écrivent et par ailleurs nous voyons aussi au niveau du CENASA, le nombre de dédicaces d’ouvrages qui augmente chaque jour. Ce qui reste à faire, c’est que les ministères en charge de l’éducation, que ce soit l’éducation de base, l’alphabétisation, ou le supérieur, et autres, qu’ils reviennent aux fondamentaux et fassent la promotion de nos propres écrits. Le français qu’il y a dans le « Cid de Corneille » ou dans « Les fables de la Montagne », c’est le même français, sinon en mieux qu’il y a dans les écrits de nos écrivains burkinabè.

Et je ne comprends pas qu’on est encore au programme des livres comme le « Le Rouge et le Noir » de Stendhal, etc. Il faut rapidement permettre à ces écrivains de pouvoir produire des œuvres qui sont valorisées. Parce que produire un livre, c’est très difficile et quand ils arrivent à le faire, il faut trouver des moyens de les accompagner. Et je pense que ce travail en amont de la diffusion et de la promotion appartient aux différents ministères en charge de l’éducation et de la recherche qui le font déjà. Parce que je ne dis pas qu’ils ne le font pas, je dis seulement que ce n’est pas assez.

Est-ce qu’en tant DG et surtout écrivain, il y aura de l’innovation en ce qui concerne la promotion du livre dans votre centre ?

Malheureusement, ce n’est pas comme ça que ça marche. Parce que malgré mon côté très littéraire, nous sommes obligés de garder les attributions du CENASA. Parce qu’il est créé avec des attributions. Maintenant comme vous le dites, et évidemment à chaque fois qu’il y a des manifestations, nous ouvrons des fenêtres et nous essayons de faire plus de places pour le monde du livre. Mais, je rappelle que le CENASA est un centre des arts du spectacle, et tout ce qui nous pouvons faire, c’est de faciliter beaucoup de choses pour les écrivains.

C’est justement pour cela que nous profitons de votre micro pour appeler les écrivains à passer nous voir, parce que quand on écrit un livre, même s’il est bon ou que vous avez un excellent ouvrage qui n’est pas connu, parce que vous ne l’avez pas publiquement montré, le livre ne sera pas valorisé, alors qu’il y a peut-être des gens qui cherchent ces genres de livres, mais qui ne feront pas de porte à porte pour le chercher. Donc le CENASA est aussi ouvert pour les écrivains et ce que nous avons réussi à faire, c’est de casser les prix pour que ce genre de cérémonie comme les dédicaces, qui ne sont pas la même chose qu’un concert ou l’artiste fait 600 places payantes à 5 000/10 000 FCFA. Donc nous facilitons ces genres de cérémonies pour permettre aux écrivains d’avoir une tribune pour exprimer leur art.

Mais au-delà du livre, nous avons aussi remarqué que votre institution a fait peau neuve. A quoi cela répond ?

C’est de la volonté du premier responsable du ministère en charge de la culture qui a souhaité que le CENASA, qui est le temple de la culture, le temple des artistes du Burkina, soit un joyau. Que les artistes soient déjà respectés en voyant là où ils travaillent, parce que c’est le lieu de travail des artistes. Dans ce sens, quand on vient et qu’on remarque que là ou l’artiste travaille n’est pas respecté, on ne respectera pas également l’artiste. Donc nous avons travaillé, et à l’extérieur, et à l’intérieur.

Et il y a des grands projets aussi à l’intérieur du pays pour avoir des centres régionaux de la culture afin de permettre aux régions également de posséder des lieux ou les artistes peuvent s’exprimer, parce que c’est la nouvelle dynamique qui veut qu’on fasse de la culture le ciment pour construire le nouveau Burkina que nous sommes en train tous de lutter corps et âmes pour atteindre.

Pour cela, il faut que les artistes soient dans les espaces de création ou ils sont respectés, ou les gens peuvent également les respecter. Et cela à cause de l’équipement de pointe que nous avons pu acquérir, mais c’est aussi le cadre qu’il faut retoucher, parce que les artistes ne sont pas n’importe qui. C’est le tendon de toute société. Ce sont des piliers qui soutiennent nos valeurs culturelles, nos FDS et la résilience de nos populations.

Interview réalisée par Yvette Zongo
Lefaso.net
Crédit photo : Bonaventure Paré

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