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Burkina/Yemdaogo Dominique Kaboré : Itinéraire d’un administrateur anticolonialiste

Publié le mardi 5 novembre 2024 à 22h45min

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Burkina/Yemdaogo Dominique Kaboré : Itinéraire d’un administrateur anticolonialiste

Il fut l’un des militants infatigables du Rassemblement démocratique africain (RDA). Anticolonialiste, anti-impérialiste, panafricaniste convaincu, administrateur rigoureux et intègre, Dominique Kaboré est un personnage qui a marqué l’histoire du Burkina Faso. Des luttes pour l’indépendance aux luttes pour l’unité africaine en passant par les luttes pour la reconstitution de la Haute Volta, il s’y était résolument engagé.

Yemdaogo Dominique Kaboré est né à Barman, village situé à 30 km de Ouagadougou, sur la route Ouagadougou - Yako, dans les années 1920. Il est envoyé à « l’école du blanc » en 1926 de force par le chef de canton, un recrutement que le commandant du cercle de l’époque a institué. C’est avec des larmes et tristesse que ses parents le conduisent à l’école à l’âge de 9 ans. Élève brillant, il entre avec succès à l’école régionale de Ouagadougou. En 1933, alors qu’il n’avait que 14 ans, il quitte Ouagadougou pour la Côte d’ivoire où il fréquente l’Ecole primaire supérieure de Bingerville.

En 1936, Dominique Kaboré passe avec succès son concours d’admission à l’école William- Ponty -le point de rencontre des élèves brillants de l’AOF- où étaient formés des instituteurs, des médecins et des administrateurs, premières élites ouest africaines. Il était passionné de la chose publique et a choisi d’étudier l’administration à William-Ponty, pour en comprendre les rouages et assurer dans le futur un service de qualité aux Voltaïques.

De William-Ponty à Abidjan

Après de brillantes études à William-Ponty, Dominique est envoyé en 1940 comme fonctionnaire à Abidjan, au cabinet du gouverneur pour occuper le poste de chef du bureau du gouverneur. « Il occupera le poste de chef du bureau du personnel de la Côte d’Ivoire et de la Haute-Volta, puis celui de chef des services administratifs du gouvernement général de l’AOF. II travaillera avec plusieurs gouverneurs (une dizaine), de 1940 à 1949.

Militant infatigable du RDA

Même étant dans le cabinet du gouverneur, Dominique Kaboré s’engage en politique pour défendre les droits des Noirs bafoués et exiger la fin du colonialisme, l’indépendance des pays africains et appeler à l’unité africaine. Il est membre du conseil constitutif du RDA, parti fondé à Bamako en 1946 et affilié au Parti communiste français (PCF). II est aussi membre Des Groupes d’études communistes (GEC) et secrétaire général de la ligue de la lutte contre l’ignorance en Côte d’Ivoire, une formation culturelle affiliée au RDA. En relation constante avec Philippe Zinda Kaboré, il milite activement pour la reconstitution de la Haute Volta. Ils s’envoient des lettres pour parler de la nécessité que la Haute Volta soit reconstituée dans ses limites territoriales, pour exiger la fin des travaux indigènes, la reconnaissance des droits aux indigènes ; ce que Philippe Zinda Kaboré plaidera de toutes ses forces à l’Assemblée nationale française. Celui-ci trouvera la mort mystérieusement, jeune, sans goûter aux fruits de son combat.

Le RDA était connu pour son anti-colonialisme mais surtout pour ses liens étroits avec les communistes français. C’est aussi un parti panafricaniste qui entend réaliser l’unité africaine. Après les élections législatives de 1948 pour l’Assemblée nationale française, Houphouet Boigny, leader du RDA, en sort fragilisé et isolé. On parle de fraudes électorales qui ont occasionné son échec. Pour remédier à son isolement, Il fait un repli tactique en s’écartant des idéaux du RDA pour composer avec le gouvernement progressiste de Mendes qui vient d’arriver au pouvoir. On assiste alors à un désapparentement du RDA avec le parti communiste français le 8 octobre 1950. Houphouet Boigny fait alliance avec le parti de François Mitterrand, l’Union démocratique socialiste et de la résistance (UDSR) qui lui promit de grandes réalisations en Côte d’Ivoire. Dominique Kaboré désapprouve ce repli tactique et reste constant sur sa position anti-colonialiste et panafricaniste. Même ayant perdu les élections de 1948, il reste populaire auprès des Mossis de la Côte d’Ivoire qui éprouvent une vive sympathie pour le RDA. Le RDA étant devenu indésirable et gênant pour Houphouet Boigny et ses nouveaux amis, Dominique Kaboré est sommé de quitter la Côte d’Ivoire et contraint de s’exiler en Guinée, dans la forêt de Kissidougou.

Les élections de 1948 furent les dernières auxquelles il a participé, préférant plutôt servir son pays dans l’administration plutôt que dans la politique. Il sera le directeur de cabinet de Joseph Conombo en France…et après commandant de cercle de la ville de Bobo Dioulasso, ministre de la fonction publique sous le gouvernement de Sangoulé Lamizana et secrétaire d’État à la présidence du Faso avant de s’éteindre le 16 mars 1972.

Bertrand Ouédraogo (collaborateur)
Lefaso.net

Référence
- Désiré Kaboré, Dominique Kaboré, lettres ouvertes, les paroles immortalisées
  Albert Salfo Balima, légendes et histoire des peuples du Burkina Faso,1948,1956

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