Soutenance de thèse de doctorat : « L’intégration agriculture-élevage, une alternative pour améliorer la production des exploitations », selon Adama Belèm
« Lorsque les bovins sont bien alimentés avec les résidus de récoltes, cela permet d’augmenter de façon substantielle le fumier produit en quantité et en qualité ». C’est la conclusion des travaux de recherche d’Adama Belèm. Ce travail scientifique « de belle facture » a eu les faveurs du jury qui lui a décerné la mention très honorable. Adama Belèm est déclaré docteur en développement rural, option système de production animale, spécialité alimentation et nutrition animale. Il a défendu sa thèse de doctorat le lundi 28 octobre 2024 à l’université Nazi-Boni de Bobo-Dioulasso.
Adama Belèm a été jugé digne du grade de docteur en développement rural, spécialité alimentation et nutrition, avec la mention « très honorable ». Ce, après avoir défendu sa thèse devant un jury présidé par Hadja Oumou Sanon, directrice de recherche à l’INERA/Ouagadougou. Ce jury était composé aussi de Dr Mamadou Traoré, maître de conférences à l’université Nazi-Boni de Bobo-Dioulasso (directeur de thèse), de Dr Bazoumana Koulibaly, maître de recherche à l’INERA/Bobo-Dioulasso (co-directeur de thèse), de Dr Guiguigbaza Kossigan Dayo, maître de recherche au CIRDES/Bobo-Dioulasso, et de Dr Vinsoun Millogo, maître de conférences à l’université Nazi-Boni.
Subjuguée par le travail de l’impétrant, la présidente de jury, Hadja Oumou Sanon, a salué la pertinence du thème et la qualité du travail. Selon elle, au Burkina Faso, l’intégration agriculture-élevage est très importante. Elle estime qu’on ne peut pas faire de l’agriculture sans l’élevage, car ce sont des activités complémentaires. « Donc ce travail lui a permis de voir l’importance de cette intégration et surtout de voir les contraintes afférentes à cette activité. L’étudiant a su bien documenter le travail, bien exécuter les travaux de terrain et de laboratoire pour aboutir à des résultats concluants », a-t-elle apprécié.
Pour le désormais Dr Adama Belèm, « c’est un rêve devenu réalité car ce thème me tenait à cœur depuis mon ingéniorat. Donc je suis très content de l’accomplissement de ce rêve. Le travail n’a pas été simple. C’est un travail de terrain, de longue haleine, surtout de collecte et d’analyse des données jusqu’à avoir ces résultats concrets. L’engagement des acteurs sur le terrain nous a beaucoup aidé », a-t-il confié. En effet, le fruit de ses recherches a porté sur l’« Amélioration des pratiques d’intégration agriculture-élevage à travers l’optimisation de la valorisation des résidus de récoltes dans les exploitations cotonnières de l’Ouest du Burkina Faso ».
Cette recherche visait à contribuer à l’amélioration de la production et de la productivité agropastorale à travers l’optimisation de la valorisation des résidus de récoltes dans les exploitations cotonnières. « Nous nous sommes rendu compte que les résidus de récoltes sont insuffisamment exploités dans cette zone cotonnière du Burkina Faso. Et cette thèse avait pour objectif d’optimiser cette utilisation », a-t-il expliqué. Plus spécifiquement, il s’agissait d’évaluer le potentiel fourrager et d’analyser la gestion des résidus de récoltes de céréales ; de faire un diagnostic des pratiques actuelles d’intégration agriculture-élevage et les contraintes associées et de déterminer l’efficacité d’un aliment complémentaire à base de résidus de récoltes de céréales à même de maintenir l’état physique des bovins de trait et d’améliorer la production de fumier pendant la période de soudure.
Les travaux de recherche ont été menés en trois étapes. La première étape a consisté à diagnostiquer les pratiques d’intégration agriculture-élevage et les contraintes associées dans les exploitations cotonnières à l’Ouest du Burkina. La deuxième étape a permis d’analyser le potentiel et la gestion des résidus de récoltes dans les exploitations cotonnières et la troisième a concerné l’analyse de l’efficacité d’un complément d’aliment à base de résidus de récolte du sorgho sur les performances zootechniques des bovins de trait dans les exploitations cotonnières à l’Ouest du Burkina. « Lorsque nous avons mené la thèse, nous avons trouvé que lorsque ces résidus de récoltes sont utilisés en complément alimentaire avec d’autres types d’aliments, cela permet aux bovins de trait de reconstituer les pertes de poids qu’ils ont enregistrées en période de soudure, mais aussi d’augmenter la production du fumier », a-t-il expliqué.
Le projet EWA-Belt soutient ces travaux de recherche
Cette thèse s’inscrit également dans le cadre du projet EWA-Belt, financé par l’Union européenne dans le cadre de l’initiative H2020. Ce projet est mis en œuvre dans six pays africains dont trois en Afrique de l’Est (Ethiopie, Tanzanie et Kenya) et trois en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Ghana et Sierra Leone). Il a pour objectif de découvrir des solutions optimales, tant par la valorisation des pratiques existantes que par l’utilisation de nouveaux outils, en vue de l’intensification durable de l’agriculture africaine. Cette initiative englobe divers domaines tels que la production, la conservation des sols, la gestion de l’eau, la valorisation de l’agro-biodiversité, les systèmes agro-forestiers, ainsi que les défis liés à la phytopathologie, aux maladies fongiques et au stockage des aliments.
« Ce projet a pour objectif de faire une ceinture d’intensification agricole entre l’Est et l’Ouest de l’Afrique. Le thème du doctorant porte sur l’intégration agriculture-élevage. La production végétale et la production animale se font dans un même milieu et parfois cela crée des conflits alors que ce sont des activités complémentaires. Ce sont des entités qui doivent interagir ensemble pour donner des résultats plus intéressants », a souligné Dr Mamadou Traoré, enseignant-chercheur à l’université Nazi-Boni, spécialiste en science du sol, par ailleurs directeur de thèse.
Il a affirmé que dans le cadre de cette thèse, les travaux ont concerné la zone ouest du Burkina, plus précisément dans la zone cotonnière de la Boucle du Mouhoun et des Hauts-Bassins. « Nous avons d’abord diagnostiqué les insuffisances de la pratique de l’intégration agriculture-élevage à travers la caractérisation des ménages, des différents systèmes de production qui existent et ensemble avec les producteurs, nous avons co-construit des paquets technologiques pour optimiser l’intégration agriculture-élevage », a expliqué Dr Mamadou Traoré.
Pour sa part, il a ajouté que les résultats obtenus de ces travaux sont très intéressants et touchent du doigt les insuffisances qui font que l’on n’arrive pas à mettre à l’échelle les pratiques de l’intégration agriculture-élevage, notamment la mauvaise gestion des résidus de récolte. Les résultats des travaux proposent ainsi des voies pour valoriser ces ressources de sorte à ce que les animaux de trait soient suffisamment forts pour entamer la campagne agricole humide. « À travers nos recherches, nous voulons valoriser les ressources endogènes », a laissé entendre Dr Mamadou Traoré.
« A travers l’étude, nous sommes arrivés à montrer qu’au niveau de la zone cotonnière ouest du pays, les problèmes d’intégration agriculture-élevage sont des problèmes essentiellement d’ordre alimentaire et sanitaire pour le bétail. L’autre résultat important que nous avons trouvé lors de nos investigations sur le potentiel fourrager et la gestion des résidus de récoltes dans cette zone, c’est que nous nous sommes rendu compte que les résidus de récoltes sont déficitaires pour l’alimentation des animaux de trait. Cela a amené des actions de rationnement sur le terrain et lorsque nous avons fait cela, nous avons trouvé qu’à partir des résidus de récoltes, lorsqu’une ration est bien élaborée, cela permet d’avoir des gains de poids pour bien mener les activités pendant la saison de pluies », a indiqué Adama Belèm.
Les travaux de recherche ont permis à l’impétrant de faire des recommandations, notamment à l’endroit des décideurs et des producteurs. À l’endroit des décideurs, il a souhaité un accompagnement des producteurs dans la construction des infrastructures de stockage plus adéquates en vue de favoriser un stockage plus important de résidus de récoltes de céréales, et l’acquisition, par les producteurs, de moyens de transformation des résidus de récoltes de céréales pour l’optimisation de la valeur alimentaire de ces résidus. À l’endroit des producteurs, il recommande l’organisation de cadres de concertation à l’échelle village pour une gestion intégrée des ressources agropastorales en vue de renforcer les synergies entre l’agriculture et l’élevage.
Devant le jury, Adama Belèm a su défendre sa thèse avec brio. Ce travail scientifique a subjugué les membres du jury qui l’ont déclaré digne du grade de docteur en développement rural, option système de production animale, spécialité alimentation et nutrition animale, avec la mention très honorable.
Romuald Dofini
Lefaso.net