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Burkina/Entrepreneuriat : Avec de la vision et du soutien, Florence Bassono/Kaboré va au delà de la transformation agroalimentaire

Publié le vendredi 18 octobre 2024 à 23h00min

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Burkina/Entrepreneuriat : Avec de la vision et du soutien, Florence Bassono/Kaboré va au delà de la transformation agroalimentaire

Florence Bassono/Kaboré n’est plus à présenter. C’est une entrepreneure qui ne cesse d’innover à travers son entreprise "Faso Attiéké". Depuis peu, elle transforme les déchets en énergie et développe l’agroécologie dans sa ferme située à Loumbila.

« Si vous voulez atteindre un objectif, vous devez voir le résultat dans votre esprit avant de réaliser effectivement votre objectif », affirmait le célèbre auteur et conférencier américain Zig Ziglar. C’est ce que fait Florence Bassono/Kaboré qui, depuis ses débuts dans l’entrepreneuriat, a toujours visualisé le résultat avant de se lancer. Depuis 14 ans, elle ne cesse de se battre pour à la fois faire grandir son activité et positionner son pays en matière de transformation agro-alimentaire. Promotrice de la célèbre marque de semoule manioc “Faso Attiéké”, la jeune dame ne se pose pas de limite dans l’entrepreneuriat.

Toujours innover

Florence Bassono/Kaboré rêve grand. Son ambition est de transformer son manioc dans de meilleures conditions et dans un espace plus adapté. L’entreprise s’est alors dotée d’un espace à Loumbila, dans la province de l’Oubritenga, à 23 kilomètres de la capitale. Avec un hectare et demi, le projet était déjà sur la bonne voie mais cela ne suffisait pas. Il fallait des moyens pour investir et donner vie aux activités.

C’est ainsi que la structure se tourne vers le Projet d’appui à l’inclusion financière et l’accès au financement des Petites et moyennes entreprises (PAIF-PME). « J’ai soumis ma candidature à la dernière minute parce que j’avais besoin de financement pour développer ces innovations que j’avais en main. Il s’agissait de transformer les déchets qui sont produits en ressources énergétiques. Il y a les eaux usées et les déchets solides qui nous dérangeaient et nous avons pensé qu’avec ce projet nous pouvions avoir de quoi commencer les activités pour mieux gérer les défis », laisse entendre l’entrepreneure.

Lire aussi : Made in Burkina : « Faso Attiéké », le goût de la persévérance

L’intitulé du projet est « Gestion efficiente des déchets de Faso Attiéké pour la symbiose industrielle à travers la mise en place d’un biodigesteur ». La ferme arrive à produire du gaz à partir des déchets. De cette production de gaz, l’idée de rapidement créer une porcherie en même temps que le biodigesteur est née parce que ce dernier a besoin des défections de la porcherie. Il y a aussi le jardin nutritif bio et la pisciculture qui constituent des innovations. « Quand nous avons mis en place le projet, nous avons planté du gombo bio et les femmes qui travaillent ici ont été formées aux techniques de l’agriculture biologique », cite-t-elle en exemple.

Au regard de son parcours et de ses nombreuses distinctions, on pourrait croire que dame Bassono n’a plus besoin de soutien. Pourtant, elle fait savoir que les prix encouragent certes mais ne sont pas comparables au financement qui est un facteur clé pour l’entrepreneuriat. « Quand je me suis présentée devant le jury avec mon pitch pour défendre mon projet, on m’a demandé : “Mme Bassono, est-ce que ce n’est pas un projet de plus car vous avez déjà beaucoup de trophées”. Je leur ai répondu que justement si tout le monde pense ainsi, personne ne va accompagner ma structure. Si vous trouvez que mon projet est bon alors financez le et ça va créer plus d’impact », a défendu la jeune dame lors de la phase de la sélection en 2023.

Les déjections de la porcherie sont utilisées pour produire du gaz

En plus de la transformation, la production

La marque “Faso Attiéké” ne produit pas son propre manioc pour sa transformation. Elle collabore avec des producteurs regroupés en petites coopératives afin de s’approvisionner avec la matière première. Cependant, sa ferme agroécologique permet de produire des ressources qui soutiennent la transformation de l’attiéké. « Faso Attieke est une entreprise qui emploie 73 personnes qui sont des personnes issues de milieux défavorisés. Nous avons jugé bon de leur donner à manger chaque midi. Ce qui crée des frais pour les condiments chaque jour, que ce soit à Ouagadougou ou à Loumbila ici. Donc, avec cet espace on fait de la maraîcherculture qui permet de réduire nos charges », explique la gérante.

Grace à son projet qui a été financé par le PAIF-PME, sa ferme a pu mettre en place un biodigesteur qui va permettre de cuire l’attiéké lorsque l’entreprise va déménager sur le site. Il y a aussi la pisciculture qui génère des ressources. Les poissons (silures) élevés sur place, fumés au biogaz, sont vendus à Ouagadougou et ne suffisent pas.

Lire aussi : Revue à mi-parcours du Projet d’appui à l’inclusion financière et l’accès au financement des petites et moyennes entreprises : Un taux de décaissement estimé à 50%.

Un des forages de la ferme

« L’eau de la pisciculture n’est pas suffisante mais ça nous permet d’arroser nos plantes. Nous sommes dans une zone où il n’y a pas de pompes dans les parages. Nous avons donc permis aux habitants de venir s’approvisionner. Et, pour le moment, la construction de la cuisine pour cuire l’attiéké qui fait partie du projet PAIF n’est pas terminée. Donc, ce projet en gros, nous a permis de créer d’autres petites activités en dehors de la production animale et agricole », détaille dame Bassono. Tout ce travail qui a permis d’assainir le site a valu à la structure d’obtenir son certificat HACCP qui est une certification internationale visant à s’assurer de la sécurité des produits provenant du commerce agroalimentaire. Cette certification permet à “Faso Attiéké” d’exporter ses produits à l’extérieur et déjà l’entreprise reçoit des promesses d’achat.

A lire : Polémique autour de « Faso Attiéké » : L’entreprise burkinabè est protégée mais pas labellisée par l’OAPI

De quoi inspirer d’autres jeunes

Jeudi 17 octobre 2024. Une équipe du PAIF-PME, de la Banque mondiale accompagnée d’étudiants de divers universités privées, visitent la ferme agroécologique. Arrivé aux environs de 10h du matin, ce “melting pot” de visiteurs est reçu par Florence Bassono/Kaboré et ses collaborateurs. C’est une occasion pour tous de découvrir de visu les réalisations d’une entrepreneure chevronnée. Après quelques civilités, la jeune dame fait office de guide. La ferme est passée au peigne fin par les étudiants curieux. C’est un exemple concret et palpable pour eux. Les différentes réalisations de cette entrepreneure inspirent déjà quelques étudiants qui ont le regard plein d’admiration mais aussi de questionnements. « Comment avez-vous débuté vos activités ? ; comment vous est venue l’idée de ce projet ? Quelles sont vos difficultés et comment les surmontez vous ? », sont entre autres questions que lançaient ces étudiants friands de tout comprendre de la trajectoire entrepreneuriale de cette dame.

C’est la récolte de l’arachide. Florence Bassono Kaboré collabore avec des femmes PDI.

Quelques uns se voient déjà dans une activité similaire dans le futur. Mais avant d’en arriver là, la promotrice de “Faso Attiéké” prodigue des conseils à tous mais surtout à ceux qui entreprennent déjà. « Je vous conseille de ne pas rester dans votre zone de confort. Il faut franchir le pas parce que personne ne viendra chercher un entrepreneur chez lui. Si je n’avais pas eu le courage de soumettre ma candidature, je n’allais pas obtenir ce financement. Il faut avoir de l’ambition saine, écouter son instinct et ne pas écouter les discours négatifs autour de soi », a t-elle préconisé, tout en soulignant que toute personne n’est pas destinée à être entrepreneur. « Certains ont leur avenir dans le salariat et d’autres dans l’entrepreneuriat. Mais le plus important selon moi, c’est de faire ce que l’on aime et de bien le faire. Même quand j’était employée comme secrétaire de direction, je faisais bien mon travail. Donc peu importe le domaine il faut avoir l’amour et s’y donner », ajoute-t-elle. De la porcherie au bassin de la pisciculture en passant par le champ d’arachide et le potager, tous les étudiants sont unanimes sur le travail abattu dans cette ferme.

Les étudiants attentifs aux conseils aux conseils de dame Bassono

C’est aussi ce que pense Sani Mamane, en charge du développement du secteur privé au compte de la Banque mondiale au Burkina Faso. Selon lui, les résultats obtenus dans cette ferme réconfortent la Banque mondiale dans son choix d’appuyer le gouvernement du Burkina Faso dans le cadre de ce projet. « Nous sommes très contents de ce que nous avons vu ce matin ici à la ferme de dame Bassono. Nous avons un exemple de réussite d’un bénéficiaire de l’appui du PAIF. Donc, sachant que cette dame était déjà à un point A de son parcours avant d’être soutenue et d’atteindre un point B, c’est un motif de satisfaction pour nous. Ce qui signifie que cet appui lui a permis de monter en grade avec tout ce qu’elle a pu développer comme installation et production sur ce site. C’est la preuve que le projet lui a permis de grandir en tant qu’entrepreneure », a signifié Sani Mamane qui est également membre de l’équipe qui travaille sur le projet d’appui de l’inclusion financière.

Cette visite a eu lieu à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la pauvreté. La Banque mondiale qui finance le Projet d’appui à l’inclusion financière et à l’accès aux financements des Petites et moyennes entreprises (PAIF PME) au Burkina Faso a choisi de mettre en lumière les efforts de ce projet, qui s’inscrit dans la dynamique de réduction de la pauvreté.
“Faso Attieke” à travers Florence Bassono/Kaboré remercie le PAIF de lui avoir fait confiance. « Si le projet avait pensé comme certaines structures et avait mis en avant les prix reçus par l’entreprise, il n’aurait pas cru en notre projet », a-t-elle conclu.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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