Médias : L’Observatoire burkinabè des médias salue le professionnalisme de la presse, malgré le contexte difficile
L’Observatoire burkinabè des médias (OBM) a présenté son premier rapport général de l’observation interne de la presse. C’était ce samedi 19 octobre 2024 au Centre national de presse Norbert-Zongo, à Ouagadougou.
C’est le tout premier rapport général de l’observation interne de la presse initiée par l’Observatoire burkinabè des médias (OBM). La période d’observation s’est étalée de décembre 2023 à septembre 2024.
À travers ce rapport, il s’est agi pour l’OBM de jeter un regard critique sur le contenu de la presse burkinabè pour relever les insuffisances les plus récurrentes et formuler des propositions et des recommandations pour renforcer le professionnalisme des acteurs des médias. Dans ce rapport donc, l’OBM dresse un constat des insuffisances relevées dans les productions de la presse nationale. Elles portent essentiellement sur l’observation de l’éthique et de la déontologie du métier par les médias burkinabè dans la production et la diffusion de leurs contenus destinés au public.
L’outil d’observation est la Charte du journaliste burkinabè. Ont été prises en compte la presse écrite et en ligne, la presse audiovisuelle (radio et télé) et les productions en langues nationales.
Les insuffisances
Le constat de l’OBM, c’est que les journalistes pour la plupart ne connaissent pas le contenu de la Charte du journaliste burkinabè qui a deux versions ; une première qui date de 1990 et une deuxième version qui date de 2015. Selon l’OBM, les principales faiblesses de la presse concernent la connaissance et la maîtrise des genres journalistiques. Il ressort également que les journalistes confondent les genres journalistiques. À cela s’ajoutent la qualité de l’expression et le niveau de langue qui laisse à désirer. De nombreux journalistes ne savent pas distinguer les niveaux de langue pour les utiliser dans leur travail au quotidien. L’OBM relève également la qualité de la titraille et des légendes. De nombreuses productions souffrent de titres mal formulés ou inadaptés. Un autre constat, c’est que les règles de l’écriture journalistique et les techniques rédactionnelles ne sont pas respectées par les journalistes. On note également des illustrations inappropriées, mal légendées ou sans légendes. Il y a également le non-respect de la loi sur les questions de justice, etc.
Résiliente et professionnelle malgré tout
L’OBM a fait le constat que le contexte national marqué par la lutte contre les groupes armés terroristes impacte négativement le potentiel de déploiement des médias, ainsi que la richesse des contenus. Ainsi, l’OBM dit constater de plus en plus une faible implication de la presse dans les activités des grandes institutions, notamment la présidence du Faso et la Primature, et de certains ministères qui ne font plus recours aux journalistes pour couvrir leurs activités, même hors du pays. De nombreuses activités font l’objet de communiqués de presse rédigés par les directions de la communication et diffusés tels quels par les médias. Selon l’OBM, cette pratique pose un réel problème d’accès à l’information publique, parce que les médias diffusent des comptes rendus d’activités dont ils n’ont pas été témoins.
Malgré ce contexte difficile, l’OBM estime que le secteur de la presse se montre résilient et dynamique, et se comporte avec beaucoup de professionnalisme dans l’accompagnement du processus de reconquête de l’intégralité du territoire national. Le rapport de l’OBM a par ailleurs formulé des recommandations à l’endroit de plusieurs acteurs, notamment au gouvernement, aux organisations professionnelles des médias, aux éditeurs, aux promoteurs de médias, etc., afin de venir à bout des insuffisances constatées.
Justine Bonkoungou
Lefaso.net