Burkina : Quand le PACTE met du beurre dans les épinards de groupements féminins du Sanguié
Implantée à Réo, chef-lieu de la province du Sanguié, l’Union de groupements féminins « Ce Dwane Nyee » (UGF/CDN) est un modèle de réussite dans la production de beurre de karité. Elle s’approvisionne en amandes auprès du Groupement Dwi Nyee de Pô, dans la commune de Kyon, ainsi qu’auprès de neuf autres groupements des provinces du Sanguié et du Boulkiemdé. Grâce à deux projets subventionnés par le Projet d’agriculture contractuelle et de transition écologique (PACTE), l’UGF/CDN a augmenté ses capacités de transformation et amélioré la qualité du beurre de karité.
Améliorer la qualité du beurre de karité et accroître le niveau de vie des femmes rurales actives dans la filière. Telle est l’ambition du Projet de production durable et contractualisation dans la filière karité (PROCKA), puis de son successeur, le projet « Karité bio dans le Sanguié (KARIBIO) », mis en œuvre par le cabinet d’études IFC Afrique, respectivement dans quatre et six communes de la région du Centre-ouest.
Tous ces groupements collectent les noix de karité dans des zones certifiées, la traitent en amandes avant de l’acheminer chez l’acheteur, l’Union des groupements féminins « Ce Dwane Nyee » UGF/CDN. Le Groupement Dwi Nyee de Pô, dans la commune de Kyon, fait partie des quatre fournisseurs d’amande de karité, bénéficiaires du PROCKA.
Un centre entièrement équipé
Grâce à ce projet, subventionné par le PACTE, les déplacements pour la collecte des noix de karité se font désormais à bord de trois tricycles acquis dans le cadre du projet, allégeant ainsi la peine des membres.
Les noix sont ensuite acheminées au centre de traitement, situé en périphérie du village de Pô, où elles sont dépulpées, cuites, essorées et séchées pendant deux semaines. Le centre de traitement, créé pour réduire le taux de contamination, est équipé de séchoirs métalliques, de fourneaux améliorés, de bascules, de palettes, de pioches, de charrettes, de marteaux, de barres à mines et de brouettes. Les femmes ont également bénéficié de formations sur l’agriculture biologique et les bonnes techniques de collecte et de traitement des noix de karité.
Un magasin de 250 tonnes et plusieurs équipements acquis
Selon Bahiomé Bationon, coordonnateur de l’UGF/CDN, l’acheteur, la structure a bénéficié de la construction d’un magasin de stockage de 250 tonnes, de la réhabilitation de l’aire de séchage et de la clôture de l’usine.
En termes d’équipements, les investissements du PACTE ont porté sur l’équipement de la salle de stockage du beurre en climatiseur, de l’acquisition de baraques, de presses à briquettes pour la valorisation des déchets issus de la transformation.
« Tous ces investissements ont permis d’accroître notre productivité. Généralement, nous prenons 300 tonnes d’amandes de karité, mais nous sommes allés jusqu’à 15 000, 25 000 tonnes d’amande de karité bio et conventionnel. Nous arrivons à exporter 200 à 300 tonnes de beurre de karité par an », a indiqué Bahiomé Bationon, qui note que l’Union exporte le beurre en France, au Nigeria et explore le marché sénégalais.
500 millions de chiffre d’affaire par an
« Nous signons des contrats avec nos partenaires à l’international qui payent 40 ou 60% avant que nous ne commencions la production. Nos produits sont analysés à l’IRSAT. Avant, il y avait beaucoup d’impuretés mais avec le PACTE, notre beurre de karité est sorti de premier choix. Ce qui fait que le client a augmenté sa demande. Nous ne gagnons pas moins de 500 millions de francs CFA par an », a laissé entendre le coordonnateur de l’Union de groupements féminins « Ce Dwane Nyee ».
Bationon Bahiomé a exprimé sa gratitude au PACTE qui a permis aux femmes, à travers les formations, de comprendre le caractère sérieux de la contractualisation, qu’elles pratiquaient auparavant de manière verbale. À l’en croire, certaines d’entre elles utilisaient l’argent avancé par l’union à d’autres fins et justifiaient le non-respect du contrat par l’insuffisance de noix de karité.
Rareté des noix de karité en 2024
En dépit de l’impact positif du projet sur les revenus des femmes, Evelyne Kantiono, secrétaire générale du Groupement Dwi Nyee de Pô, souligne que la production d’amandes de karité a été faible cette année en raison du vieillissement des arbres et de la dégradation de l’environnement. Les groupements font également face à une concurrence déloyale de la part d’acheteurs des pays limitrophes.
Pour rappel, le PROCKA, doté d’un budget de 769 899 268 F CFA, a bénéficié d’une subvention de 584 969 876 F CFA du PACTE, représentant 75,98% du budget. Le projet KARIBIO, avec un budget de 674 634 767 F CFA, lui, est financé à hauteur de 562 156 744 F CFA, soit 83,32% du budget, et s’étend de mars 2023 à octobre 2024.
HFB
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