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Burkina Faso : L’ISSP dévoile les résultats de son enquête téléphonique sur la mortalité liée à la covid-19

Publié le mardi 22 octobre 2024 à 15h30min

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Burkina Faso : L’ISSP dévoile les résultats de son enquête téléphonique sur la mortalité liée à la covid-19

Ce mardi 22 octobre 2024, l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a présenté les résultats de son enquête téléphonique sur la mortalité liée à la covid-19, dans le cadre d’un atelier organisé à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Cet événement s’inscrit dans le cadre du projet RaMMPS (Rapid Mortality Mobile Phone Survey during covid-19), un projet de recherche international lancé en 2021 et financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, via l’UNICEF.

Le projet RaMMPS a été mis en œuvre dans cinq pays à faibles et moyens revenus, dont le Burkina Faso, la République démocratique du Congo, le Malawi, le Mozambique et le Bangladesh. En collaboration avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine et l’université catholique de Louvain, ce projet vise à estimer l’excès de mortalité causé par la covid-19, grâce à des enquêtes téléphoniques dans des contextes où l’accès aux données classiques est limité, en raison de crises sanitaires ou sécuritaires.

« L’objectif du projet était de voir comment mesurer la mortalité par téléphone dans les pays à revenus moyens et faibles. C’est un projet qui a été mis conjointement en œuvre dans cinq pays. L’idée du projet a émergé pendant la covid-19 avec les mesures barrières. Nous nous sommes demandé pourquoi ne pas utiliser d’autres approches de collectes de données dans la mesure où il était difficile de mettre en œuvre des enquêtes face à face. Les indicateurs que nous obtenons par téléphone, nous essayons de les comparer avec les indicateurs que nous obtenons dans les enquêtes face à face », a expliqué un des co-responsable du projet, par ailleurs enseignant chercheur à l’ISSP, Dr Bruno Lankoandé.

L’objectif principal de ce cadre d’échanges était de présenter aux acteurs du système statistique national et aux partenaires au développement les activités réalisées, les résultats obtenus et de discuter des défis liés à l’acceptabilité des enquêtes téléphoniques, des biais de sélection et de la qualité des données collectées, en particulier via les deux stratégies d’échantillonnage utilisées, à savoir l’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) et la méthode de numérotation aléatoire (RDD).

La stratégie EHCVM s’appuyait sur les numéros de téléphone des chefs de ménage déjà collectés lors de l’enquête réalisée de 2018 à 2019 par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD). La méthode RDD, quant à elle, consistait à générer aléatoirement des numéros de téléphone, dont la validité a été vérifiée par VIAMO, un opérateur local. Pour garantir la représentativité de l’échantillon, des quotas de sexe, de lieu de résidence et de groupes d’âge ont été appliqués lors de la collecte des données.

L’enquête s’est déroulée du 19 septembre 2021 au 24 octobre 2022 et a couvert l’ensemble du territoire national. Au total, 21 105 personnes ont été interrogées, réparties entre 8 409 dans la branche EHCVM et 12 696 dans la branche RDD, avec des taux de réponse de 86 % et 76 % respectivement. Les entretiens ont été menés dans trois langues principales que sont le français, le mooré et le dioula.

« Les difficultés que nous avons eues dans l’aspect opérationnel étaient un peu le refus de certains correspondants de participer à l’enquête. Nous avons aussi rencontré des problèmes de communication dans certaines régions parce que le réseau n’était pas de bonne qualité. Nous avons eu des interviews qui se coupaient. Aussi, il y avait des numéros qui ne passaient plus. Hormis ces difficultés, tout s’est bien passé. Nous craignions la question des langues mais globalement, nous avons pu réaliser la plupart de nos interviews », a indiqué Dr Bruno Lankoandé.

Malgré ces limites et celles aussi liées à la faible représentation des jeunes filles, des femmes non mariées et des chefs de ménages urbains plus instruits, les résultats montrent des niveaux de mortalité plus élevés que ceux observés lors de l’Enquête démographique et de santé (EDS) de 2021. Le risque de décès au cours des cinq premières années de vie, s’établit à 76 % selon l’EHCVM, 54 % avec la méthode RDD, contre 47 % pour l’EDS sur la période de 2017 à 2021.

Le rapport du projet RaMMPS a par ailleurs souligné le potentiel des enquêtes téléphoniques comme stratégie innovante pour la collecte de données en contexte de crise. Selon le rapport, avec l’augmentation continue du taux de pénétration du téléphone portable au Burkina Faso, cette méthode pourrait devenir une alternative efficace et durable pour surveiller la mortalité et d’autres indicateurs de santé, surtout dans des environnements où l’insécurité rend la collecte traditionnelle de données difficile, voire impossible.

Hanifa Koussoubé
Lefaso.net

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