Burkina/Agriculture : L’approche SHEP se consolide et s’élargie avec le lancement des activités 2024-2025 du PF2PAS en faveur des petits exploitants agricoles
L’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et le ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques ont lancé, mardi, 22 octobre 2024 à Ouagadougou, les activités 2024-2025 du programme de formation-pays pour la promotion de l’approche SHEP (PF2PAS). Cette formation sur l’approche SHEP, sous le leadership de la JICA, vise à autonomiser les petits exploitants horticoles et valoriser la mobilisation des moyens endogènes pour garantir la sécurité alimentaire au Burkina.
Dans sa première année de mise en œuvre (2023-2024), le programme a couvert quatre régions, à savoir le Centre, le Centre-ouest, le Centre-sud et le Plateau-central. La deuxième année de mise en œuvre (2024-2025) qui vient d’être lancée, s’étend à quatre autres régions, que sont les Hauts-Bassins, les Cascades, le Nord et le Centre-est. Elle prend en compte également, et tout comme à la première année, les Centres de promotion rurale et l’École nationale de formation agricole de Matourkou.
Pour mémoire, l’approche SHEP (Smallholder Horticulture Empowerment & Promotion, en français : Autonomisation et promotion de petits exploitants horticoles) prône une agriculture orientée vers le marché, avec en ligne de mire, l’accroissement de la chaîne des valeurs des différentes spéculations à travers une amélioration continue de la qualité des productions pour répondre de façon conséquente aux besoins du marché. Toute chose dont l’agriculture burkinabè a besoin pour son développement. Les activités 2024-2025 du Programme de formation-pays pour la promotion de l’approche SHEP (PF2PAS) vont donc consister à accompagner (appui-conseil) la dynamique de vulgarisation pour l’épanouissement des petits producteurs et, partant, de l’économie burkinabè. 190 agents bénéficieront de la formation dans le cadre du PF2PAS. Ils seront chargés, dans leurs régions respectives, d’accompagner les producteurs qui ont adopté l’approche SHEP.
L’occasion du lancement des activités a été mise à profit par le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques, Gaoussou Sanou, qui a présidé la cérémonie, pour traduire les reconnaissances de son département et partant, de tout le gouvernement burkinabè, à l’ambassadeur du Japon au Burkina, pour sa « grande disponibilité » son engagement et ses efforts constants aux côtés notamment du monde rural burkinabè, pour relever les défis de l’agriculture et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Il a ensuite rappelé les efforts consentis par le ministère pour répondre aux besoins du monde rural en termes de productivité, de sécurité alimentaire et d’amélioration du bien-être des ménages. Et c’est pour y parvenir que le département a adopté, en 2023, le plan ambitieux et opérationnel dénommé « Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 », avec pour vision et engagement, une transformation structurelle de l’agriculture.
L’autorité a dans cet esprit souligné que l’amélioration de l’accès du marché et la promotion de la participation au marché par les petits exploitants agricoles constituent une mesure importante pour la croissance de l’agriculture et l’économie du pays.
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« En effet, le secteur agricole est marqué par de petits exploitants agricoles aux faibles revenus, liés à de nombreuses raisons, tels que la faible capacité des groupes d’agriculteurs, l’insuffisance de compétences pour la production et le contrôle de qualité, l’accès limité au marché, l’instabilité des prix et l’insatisfaction des infrastructures dans les zones rurales. Ainsi, le service d’encadrement devait jouer un rôle prépondérant dans l’apprentissage et l’appropriation de l’approche, l’autonomisation des petits exploitants horticoles, étape incontournable pour l’augmentation des moyens de substance des producteurs. Il est donc important de renforcer les capacités des agents d’appui-conseil sur cette approche innovante, afin qu’ils soient bien outillés pour accompagner aux mieux les producteurs. L’intégration de l’approche SHEP, projet d’autonomisation des petits producteurs horticoles SHEP dans la stratégie nationale de vulgarisation et de conseil agricole sous-secteur agriculture (SNVCA-Sa), dénote de la volonté du ministère d’accroître substantiellement les revenus des petits producteurs horticoles et de répondre de façon conséquente au besoin du marché. Cette approche présente, entre autres, les avantages que sont la disponibilité des produits agricoles de qualité sur le marché, l’accroissement de la chaîne de valeurs des différentes spéculations, l’augmentation des revenus des petits producteurs horticoles. (...). Nous sommes dans une dynamique, qui est la mise en œuvre de l’offensive agro-pastorale et halieutique 2023-2025. Nous avons des objectifs à atteindre également à travers la mise en œuvre de cette offensive. Toutes ces quantités de production devraient permettre véritablement au Burkina Faso d’être en souveraineté alimentaire d’ici à 2025. L’approche SHEP vise la résilience des petits producteurs, que le ministère a comme cible également dans le cadre de l’offensive agro-pastorale et halieutique 2023-2025, à travers leur résilience et autonomisation. Il y a donc la tendance à vouloir parvenir à une production de marché, à même de bénéficier à l’ensemble des acteurs de la chaîne et d’atteindre l’auto-suffisance alimentaire », explique Gaoussou Sanou, se réjouissant des résultats obtenus du projet après une année de mise en œuvre.
L’ambassadeur du Japon au Burkina, NAGASHIMA JUN a d’abord rappelé que le 24 octobre 2023 a marqué le lancement du programme de formation-pays pour la promotion de l’approche SHEP avant de se réjouir du lancement pour la deuxième année consécutive. « Comme l’année dernière, cet événement intervient juste après la signature de l’échange de notes concernant l’Aide alimentaire KR 2024. Je tenais à faire ce rappel pour souligner la constance de notre assistance technique, ainsi que la vitalité de notre coopération avec le Burkina Faso. Cette formation sur l’approche SHEP, sous le leadership de la JICA, qui vise à autonomiser les petits exploitants horticoles, valorise la mobilisation des moyens endogènes pour garantir la sécurité alimentaire au Burkina Faso. Ce qui s’inscrit parfaitement dans l’offensive agro-pastorale et halieutique lancée par les autorités burkinabè. Le passage de quatre à six régions pour l’implémentation de l’approche SHEP témoigne d’une mise à l’échelle progressive, fondée sur l’adhésion des bénéficiaires directs à cette approche. Je salue également cette vision partagée, qui est dans une démarche d’intégration de cette approche dans les curricula des écoles de formation pour les professionnels de l’agriculture et de l’élevage », a déroulé l’ambassadeur NAGASHIMA JUN, signifiant qu’avec ce programme, le Japon reste fidèle aux principes-directeurs de sa coopération, qui incluent le transfert de technologies et l’appropriation.
« Le Japon va continuer à soutenir les efforts du Burkina Faso ... »
Le diplomate souhaite donc que les acquis de la première année soient renforcés et que les leçons tirées permettent d’atteindre des résultats très satisfaisants d’ici à la fin du programme. « Le Japon va continuer à soutenir les efforts du Burkina Faso, pour l’atteinte de la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté », a rassuré NAGASHIMA JUN.
A l’issue de la cérémonie de lancement, une équipe du ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques et de la JICA s’est rendue à Borbilin (site retenu dans la région du Centre par le projet PASNA pour la mise en œuvre de l’approche SHEP), aux abords du barrage de Tanghin.
Là, la délégation a échangé avec la trentaine de producteurs par l’approche SHEP, constitués autour de la coopérative « Nabons-Wendé ». Après un échange avec ceux-ci, la délégation est descendue sur des champs, accompagnée des producteurs et agents d’appui-conseil.
Parmi les producteurs de ce site sis partie est de l’échangeur du Nord, Hadjara Ouédraogo. Elle avoue mesurer à quel point, avant cette approche SHEP, elle travaillait sans planning et sans lisibilité. « Nous travaillions seulement, nous ne savions même pas qu’il fallait planifier, calculer la somme investie et soustraire les dépenses à la vente. Avec ce projet, on a compris qu’on était dans l’ignorance et que cela nous exposait à chaque fois à des pertes. Aujourd’hui, tout est devenu facile, on arrive à planifier nos activités, à produire conséquemment et à chercher nos marchés... », confie-t-elle.
Marguérite Tapsoba, elle, se montre d’abord reconnaissante aux agents appui-conseil qui ont, dit-elle, su inculquer aux producteurs, de nombreuses connaissances. « Nous produisons principalement le chou, l’épinard, la salade. Mais cette année, nous n’avons pas pu récolter, à cause des inondations qui ont tout gâté. Sinon, le projet nous a permis de nous organiser, organiser notre travail ; parce qu’avant, on travaillait au hasard. Il nous a appris comment on peut faire de la commercialisation avec nos productions, cultiver en fonction des besoins du marché, etc. Vraiment, ça nous a beaucoup soulagés et c’est rentable », a-t-elle renchéri, se souvenant qu’avant l’approche SHEP, les récoltes pourrissaient, engendrant d’énormes pertes aux producteurs. « Aujourd’hui, tout est fait en fonction du besoin du marché, si fait qu’à la récolte, les commerçants viennent prendre », présente Mme Tapsoba.
Boureima Bonkoungou cultive essentiellement l’oignon, le persil, la salade. « Depuis que nous sommes dans l’approche SHEP, nous avons beaucoup appris. Par exemple, avant, on ne savait pas comment faire les pépinières, le compost, le choix de l’engrais..., c’est avec le projet nous les avons appris. Depuis que nous avons adopté l’approche SHEP, nous gagnons vraiment”, a-t-il dit avant de révéler que la principale préoccupation des producteurs reste le manque d’eau sur le site. « Nous avons été inondés, si fait que nous avons tout perdu cette année. J’ai investi un peu plus de 250 000 F, je n’ai rien récolté. D’autres ont investi plus. Mais si on a eu des retenues d’eau, ça va beaucoup nous aider dans la culture de contre-saison. Sinon, actuellement, à partir du mois de mars, nous n’avons plus d’eau », plaide-t-il.
P. Ferdinand Sawadogo de la Direction de la vulgarisation et de la recherche-développement tire satisfaction à l’issue de la visite, de noter que par cette approche, les producteurs parviennent à planifier et à prendre attache avec le marché. Ce qui permet aux producteurs d’optimiser leurs activités.
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net