Situation nationale : « Comment voulez-vous qu’à Ouaga, Bobo, le petit fonctionnaire, le travailleur paie une chambre-salon à 60 000 F, 75 000 F CFA et puisse s’en sortir ? » (Siaka Ouattara, ancien maire)

A la faveur de l’an II du MPSR II, l’ancien maire (2016-2022) de la commune de Toussiana, Siaka Ouattara, s’est prononcé sur des questions fondamentales de la vie de la nation (sécurité, cohésion sociale, gouvernance, éducation…) et subséquemment sur la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Comme il est de nature chez lui, l’assureur basé dans la capitale économique, Bobo-Dioulasso, est sans faux-fuyant dans cette interview également, réalisée en fin septembre 2024.
Lefaso.net : On sait que vous suivez avec beaucoup d’intérêt, la gouvernance et les actions du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Qu’est-ce que vous avez particulièrement retenu de son grand oral à l’occasion de l’An II du MPSR II ?
Siaka Ouattara : Il m’est très rare d’apprécier positivement un président africain, mais concernant mon président, il me serait vraiment hypocrite de ne pas le faire. Voilà qu’il a fait la grande surprise en faisant son entretien par la Radio nationale qui est plus écoutée par les Burkinabè des confins des hameaux de culture que la télévision. En tant qu’assureur, j’appelle ça « la Réassurance de la confiance » ; c’est bien cerner le risque (les difficultés de son peuple) afin de mieux orienter la couverture totale et sûre de ses problèmes.
C’est plus objectif et sincère, parce qu’on se voit au service véritable de son peuple et cela fera une adhésion solennelle de tous qui fera naître le vrai développement participatif sans de multiples ateliers qui coûteraient des milliards et dans lesquels le peuple ne s’y retrouve pas.
Beaucoup de doutes et de craintes ont eu leurs solutions dans sa communication. Au fait, ses actions sont plus fortes que les attentes du peuple surtout celui (le peuple) qui a été longtemps trompé, trahi, détourné, volé, affaibli moralement, culturellement par des hommes formatés, déshumanisés par l’éducation, politique cruelle coloniale. Chacun se voit surpris, étonné de voir une lueur d’espoir apparaître de nulle part, un patriote un authentique, un ange, entouré par des patriotes qui se sont décidés d’aller au charbon, vendre leurs vies, oublier leurs familles pour faire front vaille que vaille à cette rupture coloniale impérialiste.
Il a ouvert une brèche pour les insolents, les apatrides, les égarés de la nation ; qu’ils puissent se ressaisir pour voir la gloire, la bénédiction de Dieu sur ce beau pays. Sa communication sur l’AES démontre tout un plan holistique de refondation dans un esprit de fédération et de mutualisation pour fondre ses limites tracées par le Blanc et pour mieux rassembler les peuples de l’espace, car c’est ensemble qu’on est fort. Certes, ce serait difficile et complexe, parce que ça se fera avec des hommes qui ont longtemps été façonnés par la facilité, mais pas impossible parce qu’ils sont réveillés avec des présidents de caractère, pétris d’expériences pratiques et de compétences de terrain. Je félicite et encourage ces dirigeants de l’AES.
Seulement, il leur faut des expérimentés politiques en leur sein, bien avertis, et je suis partant pour les accompagner dans ce sens. Ils ont beaucoup de prises de position face à l’impérialisme, mais cela doit être avec davantage de stratégie et de manière. On sait comment les textes impérialistes sont conçus pour bloquer ceux qui se dressent contre leurs intérêts. Je le dis haut et fort, si cette confédération des peuples est bien organisée, les présidents de l’AES seront beaucoup dédouanés de diverses difficultés impérialistes et leurs efforts seront appropriés.
Bravo déjà pour leurs premières initiatives de sortie de visite avec Nestor Podassé. Mes respects à Adama Siguiré qui a décrété un acte de soutien social via les cahiers portant mention de notre héros président Ibrahim Traoré, où j’étais très content d’apporter ma modeste contribution en demandant à tout citoyen burkinabè de le faire avec héroïsme, car c’est l’occasion d’entrer dans la bonne histoire ou jamais. Mes respects à monsieur Bationo de Kyon, un jeune engagé qui m’a aussi convaincu lors d’un débat sur la télévision Canal 3. Travaillons à nous réunir pour en faire un cercle de leaders éclairés et mieux accompagner cette transition. J’ai été politicien, oui, je dois accompagner ma patrie à réussir la bonne politique car il y a beaucoup à faire et à redresser.
Vous avez certes achevé votre mandat à la tête du Conseil municipal de Toussiana, vous êtes actuellement pris par vos propres activités, mais connaissant votre attachement à la commune, on ne peut s’empêcher, d’entrée de jeu, de vous demander comment se porte la commune, à quand remonte votre dernier séjour là-bas ?
Effectivement, cela fait des années maintenant que j’ai laissé la commune, mais pour un bon acteur de gestion de la collectivité, ce n’est pas parce que tu es là que tu es acteur de développement. On l’est pour toujours. Tant qu’on vit, le développement ne doit pas s’arrêter. Et chaque Burkinabè doit savoir que ce n’est pas le titre qui fait le développement. Toute personne est appelée à exploiter son potentiel pour le développement de sa localité, à se mettre toujours à l’esprit que sa localité ne peut se développer que par nous-mêmes. Rien que le samedi 20 septembre (2024), j’y ai été invité à la journée d’excellence de Nianaba, un des villages de la commune. Ce sont des journées que j’ai encouragées qui se sont multipliées par inspiration des jeunes via les associations à telle enseigne que pour chaque cérémonie d’excellence, on souhaite que je sois personnellement présent.
Donc, cela me fait plaisir de savoir que des acquis font le bonheur des populations de la commune de Toussiana, à laquelle je suis très attaché. Et tant que je vivrai, je vais travailler en faveur de la commune. C’est pour vous dire que la Délégation spéciale connaît mon attachement, ma franchise et ma collaboration dans le cadre des affaires de la commune. Je suis fier de constater que nous constituons aujourd’hui, l’ancien maire que je suis, avec la délégation spéciale, une sorte de tandem pour résoudre d’énormes problèmes. Je dirai que c’est une force pour Toussiana.
Sous votre mandat, on a été surpris de découvrir à Toussiana, beaucoup d’unités de transformation agro-alimentaire, notamment dans la mangue. Comment se portent-elles aujourd’hui ?
Tout cela montre qu’au Burkina, nous avons de la matière, partout. Il reste à chaque citoyen de travailler à mettre ses compétences pour mieux exploiter ce potentiel dont dispose le pays. Quand j’ai su que nous avons de la mangue à n’en point finir, j’ai encouragé la transformation. Ce qui a donné entre autres la mangue séchée et différentes gammes de jus. Ce sont des produits très riches en nutriments, très prisés à l’extérieur. Pour vous dire que le premier choix de la mangue séchée, il est très difficile pour nous-mêmes d’en avoir, c’est exporté. Ce qui signifie la qualité. D’une dizaine, aujourd’hui on compte plusieurs dizaines d’unités de production à Toussiana. Après moi, pas mal de jeunes se sont engagés à faire des unités de transformation. Mais, toujours est qu’on ne couvre pas la demande.
C’est pour dire que même si on a mille unités de transformation à Toussiana, on ne peut pas satisfaire la demande parce qu’il y a une multitude de demandeurs qui ne sont pas des Burkinabè. De Toussiana, les communes aux alentours se sont inspirées, même jusqu’à Bobo. Pour moi, être acteur de développement, c’est cela, inspirer le développement. Être maire, c’est travailler à la satisfaction de la population, ce n’est pas un titre. Quand je vois aujourd’hui que Bérégadougou a emboîté le pas, Banfora, etc., ça me fait énormément plaisir. Maintenant, je dirais qu’il reste que cette dynamique de transformation soit soutenue par l’Etat. Et je félicite le gouvernement dans sa politique de prendre des mesures pour accompagner les transformateurs locaux. Cela est une bonne option, le peuple n’a besoin que de telles mesures.
C’est dire que dans cet élan du gouvernement, vous pouvez apporter beaucoup de propositions !
Le malheur des gouvernants africains de façon globale, c’est qu’ils ne s’intéressent pas à ceux qui ont des idées. Vous pouvez avoir certes des idées, mais si vous n’êtes pas à une place où vous pouvez partager vos compétences pour impacter, ça ne sert pas à grande chose.
Dans notre société, ceux qui peuvent apporter quelque chose sont torpillés auprès des décideurs dans l’intention de les éloigner, les gens sont dans la méchanceté, ils travaillent pour leur seul profit. Quand un groupe vient, on estime que ceux qui étaient là avant n’ont rien fait, qu’il faut les diaboliser, alors que non, il faut être dans un esprit de transmission, c’est très nécessaire. Il faut aller donc chercher les compétences partout, même au sein de ceux qui étaient-là avant, c’est très important. Dans tous les domaines, on a des bons et des mauvais, dans tous les pouvoirs également. Donc, il faut que les Burkinabè changent de mentalité. Il va falloir aussi que ceux qui ont le pouvoir de décision arrêtent de mettre tout le monde dans le même sac, de qualifier tout le monde politique par des termes qui ne tiennent pas.
Moi, j’ai été un homme politique et je suis un homme politique, et j’assume. Mais malgré cela, vous êtes témoin, même pendant qu’on était au pouvoir, dans toutes mes interviews qu’on peut retrouver sur votre site, je n’ai pas fait dans la complaisance et l’égoïsme, j’ai critiqué mon pouvoir dans le sens de l’intérêt général, j’ai fait de propositions, j’ai donné des conseils, à telle enseigne que des camarades élus disaient que j’étais contre le pouvoir. Alors que non, je disais certaines vérités, qu’il va falloir qu’on change de paradigme, sinon un jour, ça va mal aller. Mais les gens n’écoutaient pas.
D’ailleurs, les gens ne veulent pas ceux qui ont des idées, qui défendent l’intérêt général, ils préfèrent ceux qui rôdent autour d’eux, qui les applaudissent, qui les encensent, quand bien même ces gens-là n’ont rien à apporter. Toutes les critiques et propositions qu’on faisait, ce sont des éléments que nous avons tirés de notre vie avec les populations. Quelqu’un ne peut pas rester à Ouagadougou, prendre une décision concernant ma commune et prétendre mieux la connaître que moi. Je connais mieux ma population, je connais ses difficultés, je connais ses attentes. Mais nous au Burkina, on est trop forts dans l’élaboration des textes, qu’on impose aux populations. Malgré cela, où sont les textes et nous sommes aujourd’hui en difficulté ?
C’est cela la réalité. Donc, les critiques qu’on fait doivent nous permettre d’aller de l’avant et de changer de manières pour que ce pays-là ait toute sa valeur. Nous avons du potentiel. Les gens crient que le Burkina est un pays riche. Oui, le Burkina est un pays riche, mais ce n’est pas suffisant ; la richesse doit être valorisée. C’est très facile de dire à tout bout de champ que le Burkina est un pays riche. Ce qu’on a, si on ne valorise pas, est-ce une richesse ? C’est pour dire que j’estime qu’il faut beaucoup interpeller les Burkinabè, il faut corriger beaucoup de défauts, il faut prendre conscience. Et j’ai foi que le changement viendra, de gré ou de force, tôt ou tard.
De par votre riche parcours professionnel, on peut dire, sans risque de se tromper, que vous faites partie de ces rares Burkinabè qui connaissent profondément l’ensemble du territoire burkinabè. Comment vivez-vous la situation de crise que le pays traverse, quand on sait que certaines localités sont vidées de leurs habitants ?
C’est vraiment un sentiment de tristesse. Je peux vous confier ici que je fais beaucoup de nuits blanches. Effectivement, de par ma profession de marqueteur, il n’y a pas cette localité que je ne connais pas. Quand je revois ces villages, ces communes, où j’ai passé des nuits, parfois avec des amis, et aujourd’hui, je n’ai des nouvelles que d’attaques de ces localités, j’ai vraiment mal. J’ai vécu avec tous les peuples, du Nord au Sud, d’Est en Ouest en passant par le Centre.
C’est l’une des raisons pour lesquelles j’admire le président Ibrahim Traoré, qui connaît le terrain. Le terrain l’a éduqué, formé. Donc, ce sont des idées pratiques, il a vécu avec certaines populations et connaît leurs souffrances, comme il le dit lui-même. Quand je vois donc la souffrance de populations dans certaines localités, ces communautés avec lesquelles on a passé des nuits, qui sont aujourd’hui obligées de fuir et laisser leurs localités, j’en suis meurtri. Ce mal qu’on pouvait éviter, mais à travers nos comportements, nous avons permis son arrivée et son installation. Et dans l’ignorance, vous avez des gens qui accompagnent le mal, sans le savoir.
Ce qui fait aujourd’hui la contagion générale. Il faut que la conscience de la dignité revienne chez les Burkinabè. Cela demande tout un changement de la mentalité, il va falloir qu’on fasse profil bas dans nos choix, dans nos actions. Il faut qu’on pense à tout le monde, l’intérêt général, il faut qu’on apprenne à vivre en société. On doit comprendre que tant que la vie de l’autre est menacée, notre propre vie est aussi menacée. C’est de la bêtise que de se laisser manipuler par des politiques étrangères pour s’entretuer. Tout cela est arrivé par la faute de certains leaders à tous les niveaux, qui pour des intérêts égoïstes se sont plu à narguer les autres dans leurs souffrances. Il faut changer de comportements, d’actions. Il faut qu’on arrête les comportements qui détruisent le Burkina. Nous ne souhaitons pas d’autres crises au Burkina.
Il faut se mettre ensemble pour relever le défi. Ce n’est pas parce que nous sommes dans des villes comme Bobo ici, qu’on peut se déplacer pour aller à Banfora, qu’il faut oublier qu’il y a des populations qui souffrent chaque jour, qui ne peuvent même pas se déplacer. Il faut accompagner les efforts, ensemble, pour qu’on puisse permettre à toutes les populations de sortir de la situation difficile. Voilà pourquoi, je félicite aussi la presse pour le travail, qui fait remonter les difficultés pour sensibiliser et pour faire comprendre aux gens des grandes villes qu’il y a des populations qui ne sont pas libres de se déplacer, qui cherchent à manger. Chaque Burkinabè doit se sentir interpellé.
Il faut donc que les gens arrêtent de se plaire dans la facilité. Il appartient aussi aux autorités de travailler à pousser les gens à cela, qu’elles sachent que les Burkinabè sont des gens qui ont une mentalité très mouvante. Les autorités doivent comprendre que les Burkinabè changent vite, ils sont avec toi jusqu’à ce qu’une autre personne arrive à les faire changer de direction. C’est dommage, parce que ce n’est pas cela la dignité, l’intégrité. Les forces combattantes (FDS, VDP) sont sur le terrain et se sacrifient pour l’intérêt supérieur de la nation, il faut que ce type de comportements se généralise chez chacun : l’esprit d’intérêt général.
Bien qu’appartenant à un pouvoir politique à l’époque, vous n’avez de cesse d’interpeller sur ce que vous avez estimé comme dérive. Malheureusement, nous en sommes là. N’êtes-vous pas finalement découragé de faire des propositions ?
Tant que je vis, je vais interpeller et faire des propositions. Pr Laurent Bado, qui est mon idole, ne s’est pas découragé, je ne le serai pas, moi non plus. Je vais toujours critiquer, ce n’est pas être contre quelqu’un, c’est pour le bien du pays, le bien de tout le monde. Les gens croient que quand tu fais des critiques, c’est parce que tu es contre X ou un pouvoir, non. Sous le pouvoir Damiba, en juillet 2022, je l’ai dit dans une interview que vous m’avez accordée sur la situation nationale, et qu’on peut également trouver sur votre site, que s’il ne change pas, il y aura un autre coup d’Etat (comme lui-même l’avait prédit, en quelque sorte). Ça n’a pas fait plus de deux mois, il y a eu l’avènement du MPSR II avec le capitaine Ibrahim Traoré. Ce n’était pas une prière. Donc, il va falloir que les gens sachent qu’il y a des réalités, quand ça se constate dans la société, ceux qui savent analyser tirent la conclusion déjà. Malgré tout, il faut parler, il ne faut pas se taire, ce n’est pas la solution. Ceux qui vont écouter le feront et ça peut les aider. Aujourd’hui, la douleur des pertes en vie humaine est forte.
Moi qui vous parle, j’ai perdu des frères dans cette crise, mais il ne faut pas pour autant baisser les bras. C’est dans la douleur que nous devons resserrer les rangs pour être plus forts, tenir bon, pour un changement positif pour nos enfants. On ne peut pas aller par exemple vers la Chine pour s’inspirer de son développement et ne pas être courageux pour appliquer la politique que ce pays a appliquée pour se développer ! Quand on prend les pays qui sont forts et sur lesquels on s’inspire, quelles sont les conditions qu’ils ont appliquées ? La Russie, quelles sont les conditions qu’elle a appliquées pour faire son développement ? Il faut trouver les moyens de faire un vrai changement pour de bon, on ne peut pas continuer de pleurnicher. J’ai l’impression que les gens ne comprennent pas la portée de la crise.
Il faut éviter de se laisser guider et instrumentaliser par les Occidentaux, ils ne veulent pas notre bien, ce sont leurs intérêts qu’ils défendent, rien d’autre. Et s’il faut éliminer tout le monde pour préserver leurs intérêts, les Occidentaux-là le feront. L’armée africaine a été désarmée de façon stratégique et souple ; les généraux et autres gradés qui sont-là, qui ont fait des écoles de guerre en Occident, ils sont manipulés, dépouillés, si fait qu’ils portent la tenue, mais sont affaiblis. À partir de ce moment, on vous dicte les lois. C’est pourquoi, je félicite cette renaissance en cours et bénis Dieu pour avoir révélé des hommes dignes, qui ont incarné le courage, la dignité pour pouvoir redonner de la valeur à l’armée, à la tenue.

M. le maire, nous voulons votre commentaire sur vos propres propos, que vous avez tenus dans cette interview de fin juillet 2022 … : « Nous avons beau prier, tant que les mentalités ne vont pas changer, nous serons toujours dans les mêmes difficultés ». Est-ce que cette interpellation que vous avez également faite du fond du cœur reste toujours d’actualité ?
Au fait, j’ai parlé, mais sans doute que certains n’ont pas compris la portée de mes propos ; ils ont compris que je leur dis de ne pas prier. Je connais les lois de Dieu, je connais Dieu et j’adore Dieu, de qui vient mon inspiration. Qu’est-ce que Dieu a dit ? Que pour détruire une ville, s’il y a un seul homme juste qui y est, il va épargner cette ville. Mais si les gens sont en train de vous détruire, de vous chasser des villages, des localités entières, c’est pour dire que vos prières ne s’exaucent pas, que ce sont des semblants de fidèles on a, des hypocrites. Je préfère le dire. Avoir un million d’hypocrites, qui vont se dire qu’ils prient Dieu, non, c’est provoquer la colère de Dieu. Là où on chasse les gens, il n’y a-t-il pas d’églises, de mosquées ? Donc, je le répète, ressaisissons-nous, revoyons notre foi, soyons fidèles envers nous-mêmes et intercédons Dieu le Tout-Puissant dans la sincérité. Il va nous exaucer. Il faut que le président ait le courage de réorienter la destinée des fonds des pèlerins une année en les transformant en des actionnaires forcés.
C’est de prendre les Fonds des pèlerins qui vont en Israël, à la Mecque après qu’ils aient tout payé ; construire des usines pour eux par contrainte et autres. Qu’il ne laisse tous ces capitaux fuir le pays pour aller chercher Dieu ailleurs, comme s’il n’existe pas chez nous ici. Car, le pouvoir militaire est une force de rupture et doit faire des fondations courageuses. Ainsi tous applaudiront même s’il y aura des frustrés. Les autres ont adopté des politiques pour se faire des entrées d’argent et nous, nous suivons. Combien de nos milliards entrent dans ces pèlerinages chaque année ? Rien qu’au Burkina, ce sont des milliards. Pourtant, on peut investir ces milliards et avoir des bénédictions. Franchement, quand je vois les comportements dans nos pays africains, j’en souffre énormément. Quand tu veux parler, on va dire que tu es contre la religion.
La religion, c’est la croyance et cela doit se constater dans les actes. Il est même dit que pour aller au pèlerinage, il y a des conditions sociales à remplir. Si ton voisin ne mange pas à sa faim, tu dois par exemple lui donner une année de vivres avant d’aller. Mais est-ce qu’on remplit les conditions ? Non ! C’est dire que nous sommes dans le faux, dès le départ Dieu existe, il est là, il est souverain, il veut que nous l’adorons, dans le vrai sens du mot, que nous vivons la foi, balayer nos pensées de tout ce qui est mauvais, tout ce qui est de mal.
C’est vrai du point de vue anthropologique et social ces pratiques restent comme un symbole culturel mais il faut essayer une rupture et en faire un modèle dans la vision du développement.
« La crise au Burkina est avant tout une crise politique. Vous avez des gens qui pensent qu’ils ont perdu des intérêts et qu’il faut tout faire pour les recouvrer. Cela a toujours été ainsi dans ce pays, depuis des décennies. C’est dans cette volonté que les gens ont nourri des rancunes et tous les jours, on ne fait que travailler à saboter l’autre. C’est devenu carrément un système de vie politique, qui a pris en otage la vie de tous les Burkinabè... Quand vous regardez la situation actuelle, tout est fait de sorte qu’on ne sache pas qui accuser pour laisser l’autre. C’est malsain. La preuve, on croyait que le MPP était le malheur du Burkina. Aujourd’hui, malgré le changement de régime, le mal demeure. C’est dire que l’environnement même est malsain, pourri. Chacun réfléchit à comment se remplir les poches, à comment faire pour trahir l’autre. Il manque de conscience nationale » ; cette observation peut-elle encore être d’actualité ?
Il manque une conscience nationale. À cela, s’ajoutent une mauvaise éducation et une mauvaise compréhension de la politique. Il faut travailler à une nouvelle planification, il faut des hommes capables de planification, pour effacer les mauvaises politiques. Passer le temps à insulter les autres, ce n’est pas cela le rôle d’un gestionnaire, d’un bon responsable. Il va falloir une nouvelle planification politique, pour permettre que la politique se fasse beaucoup plus sainement, une politique basée sur le développement. Qu’on ne devienne pas conseiller par mensonges. La politique populiste doit prendre fin. Quand on doit élire un maire, on doit lui demander le projet de société qu’il entend mettre en œuvre. Il faut un minimum de planification, pour que dès que la personne sera élue, elle soit capable de conduire la destinée de la commune. Mais, vous votez des gens qui ne connaissent même pas leur rôle et vous dites qu’ils sont voleurs !
Toute l’organisation revient à l’Etat. Aussi il faut que l’Etat indemnise les maires. Je vous prends un exemple : on dit qu’un ancien chef d’Etat a droit à une rémunération, même quand il n’est plus président. Mais, les maires qui sont les présidents de collectivités, aucun cadre formel n’est institué pour leur permettre d’être toujours au service de leurs collectivités. Le ministre n’a pas l’impact d’un maire auprès des populations. Un bon maire qui travaille et qui porte les aspirations de ses populations est comme un président. Les choses sont tellement simples, mais il manque d’hommes politiques visionnaires c’est dommage. Comment pouvez-vous comprendre qu’un ancien maire est d’office l’ennemi du nouveau maire ? Et c’est général au Burkina. Avec un tel esprit, où allons-nous avec le pays ? Imaginez les expériences que les maires sortants ont, les compétences qu’ils ont eues.
Est-ce normal que chaque maire n’ait pas la possibilité de transmettre tous les acquis au nouveau maire qui arrive ? Ainsi, vous avez des nouveaux maires qui arrivent, ils ne maîtrisent pas la gestion des collectivités, les anciens ne peuvent pas leur transmettre les acquis, on tombe dans le gâchis. Pourtant, dans chaque commune, on peut mettre en place un collège, dans lequel les anciens maires deviennent automatiquement membres. Ce collège peut partager des expériences, suggérer des orientations, etc. C’est cela j’appelle une continuité et une bonne transmission. Malheureusement, quand cette transmission n’existe pas dans un pays, même au haut niveau, vous tournez seulement en rond. Pour moi, on n’a même pas encore commencé le développement. Je demande au président de veiller sur les reformes ; car on a beau construire des usines, elles vont tomber en faillite si on n’a pas de vraies institutions.
Pour éviter cela, il faut un plan de continuité, de la suite, de la reconnaissance, car c’est aussi un plan des impérialistes : la rupture brutale
Sans quoi, chacun viendra balayer du revers de main, ce que les autres ont fait. Ainsi de suite, c’est l’éternel recommencement. Pourquoi se créer des ennemis inutilement ? Non ! Il faut composer avec ceux qui peuvent se sacrifier pour l’intérêt général, ceux qui ont les compétences. Mettez en place un tableau de bord d’obligations à suivre, celui qui déroge, on le ramène à l’ordre. Le président est entouré de ministres, qui doivent aussi être des forces de propositions, de réflexions et des stratèges.
Aujourd’hui, on ne peut pas gâter le nom de Dieu, on a le président qu’il faut. Comme on le dit, un homme n’est jamais dix, on voit déjà qu’il est déterminé à aller loin. Alors, accompagnons-le ! Il ne faut pas que ce soit lui seul qui réfléchisse, à commencer par ses conseillers et ministres. Les ministres doivent être de vrais acteurs, comme le ministre Sombié (ministre en charge de l’agriculture, ndlr), que je félicite. Je le dis parce que je suis un acteur de développement, je suis au milieu du monde rural, et je peux vous dire que les gens sont contents parce qu’ils ont reçu les engrais à temps, et de bons engrais. Vous avez aussi le ministre de l’environnement qui est sur le terrain. Je ne blâme pas les autres, mais je dirais qu’il faut beaucoup bouger et réfléchir.
Je voudrais aussi attirer l’attention du pouvoir sur le risque qu’il y a à contrer les politiciens et vouloir se baser sur les OSC (organisations de la société civile) qui n’ont aucune expérience du développement local, mais restent très nécessaires pour accompagner la nouvelle refondation en suivant les lignes directrices. Cela pour éviter des crises pour ce régime ; parce que les gens prennent certaines positions et croient qu’ils sont des combattants. Il faut plutôt travailler à rompre avec ce leadership médiocre. Si on n’a pas le courage de rectifier cela, on peut arriver au pire et en ce moment, seuls ceux qui vont survivre vont raconter.
Ces OSC ne sont-elles pas les principaux soutiens du pouvoir, comme l’a dit le chef de l’Etat lui-même ?
Un pouvoir militaire ne négocie pas, qu’il quitte la négociation pour faire la correction dans la fermeté et partout. Il doit prendre son bâton de pèlerin. Il doit le faire parce qu’aujourd’hui, tout le monde le soutient. Donc, les sanctions populaires doivent se sentir, il ne doit pas couvrir des gens, des responsables de la société civile, des leaders religieux, coutumiers... Ça, c’est dangereux. Il y a de petites questions comme cela à régler pour ne pas que ce soient de grands problèmes demain. Il faut voir pour desserrer un peu la vie chère pour les gens ; le bail locatif par exemple.
Comment voulez-vous qu’à Ouaga, Bobo, le petit fonctionnaire, le travailleur puisse payer une maison de chambre-salon à 60 000 F, 50 000 F ou 75 000 F CFA et s’en sortir ? Quand vous prenez un fonctionnaire de catégorie B, il touche combien, pour pouvoir payer une maison à un tel prix, assurer sa nourriture, mettre son carburant pour le travail, etc.? Voici un secteur qui pèse sur tout le monde, je veux dire le Burkinabè moyen, la masse. Il faut simplement revoir le bail locatif, fixer les prix de façon raisonnable. D’ailleurs, on a des textes, on en parle, mais rien ! On parle des sous-traitances, mais rien, qu’ils grouillent éviter le populisme.
Ce sont les actes qui vont faire que les gens vont avoir confiance et suivre. Sinon, quand les gens vont commencer à douter, un à un, ils vont se retirer et là, ce n’est pas bien. Nous sommes dans une période de combat, ce genre de décision n’a pas besoin de moyens pour être pris, on va à la télé et on lit le message (que maison chambre-salon à Ouaga ne dépasse pas 50 000 F et pas plus de 30 000 F à Bobo). On n’a même pas besoin de réfléchir et de traîner sur ça. Ce sont ces aspects-là qu’il faut voir, parce que c’est ça qui peut amener l’homme à ne pas être lui-même et à changer tout de suite de visage. Vous avez les frais de scolarité avec les privés, ils les fixent selon leurs humeurs, chaque privé fixe comme il veut. Mais pourquoi ? Franchement, ça donne à réfléchir. Des fondateurs d’établissements qui vont encaisser des millions auprès des parents d’élèves et vont payer des miettes aux enseignants.
Que l’Etat se renseigne, à combien est payé un enseignant du primaire dans le privé ? Et combien ces mêmes privés encaissent comme frais de scolarité auprès des parents d’élèves. Ce sont tous ces éléments qu’il faut voir, l’Etat dort souvent sur certaines choses, alors qu’il ne suffit que de simples décisions. Prenez un décret pour fixer les frais de scolarité, les harmoniser ! Le promoteur qui sait qu’il ne peut pas fonctionner, qu’il ferme ! Aujourd’hui, on construit les établissements comme des boutiques, parce que c’est devenu du commerce. Au même moment, les enseignants sont mal payés, on va chercher des gens qui se débrouillent pour venir enseigner, et l’Etat aussi ferme les yeux là-dessus. Et c’est avec çà on veut construire notre pays ? On se flatte !
Et puis, on a tendance à créer une différence dans la société entre écoles de riches et écoles de pauvres, la qualité de l’enseignement n’est pas la même. Donc, le pauvre n’a pas droit à une école de qualité ? Voyez-vous ces frustrations qu’on crée ? Les conseils des ministres doivent statuer et communiquer sur ces éléments qui ont un grand impact sur la société et nourrissent des frustrations, des crises. Il faut prendre des décisions et les faire acter ! On est en train de réviser les curricula, etc., c’est bien, mais il faut voir certains éléments de fond.
Parlant de crises et frustrations, ne faut-il pas travailler davantage à rassembler les Burkinabè ?
Effectivement ! On a travaillé à aliéner les hommes politiques, ensuite les intellectuels. Ce n’est pas la solution. Si vous mettez tout le monde dans le même sac, ceux qui sont capables d’apporter quelque chose vont se mettre à l’écart. Alors qu’il y a de la compétence parmi les acteurs politiques, les intellectuels. Et puis, il faut définir l’homme politique. Une politique, qu’est-ce que c’est ? On saura bien que tout le monde est politique selon sa position. Un Etat se construit avec tout le monde avec des orientations fermes et à respecter sous peine de sanction. Il faut qu’on en arrive là, pour que les gens puissent être rassemblés. Nous sommes en guerre, donc on doit travailler à avoir besoin de tout le monde. Mais avec stratégie, il ne faut pas écouter seulement les va-t’en guerre, il faut un peu d’indulgence envers le tiers compétent, il y a des hommes politiques qui travaillent aussi pour accompagner.
Nous sommes à l’an II de l’avènement du MPSR II, quels sont les enseignements que vous tirez de la gouvernance par rapport aux objectifs de départ ?
Dans la guerre, c’est sûr qu’on ne peut pas avoir des objectifs à atteindre comme en temps de paix. Le constat, c’est que la situation est meilleure par rapport au passé. On a eu la chance d’avoir des dirigeants de caractère, des hommes déterminés. L’armée était désarmée, ils ont fait des efforts pour la réarmer. Bravo à eux ! Ils ont restructuré l’armée en BIR, malgré des traitres à l’intérieur. Bravo à eux ! Ces traitres, même si ce ne sont pas les hommes qui vont les faire, un jour, Dieu les descendra. Ils ont travaillé à diversifier les partenaires du Burkina. Il faut féliciter ces partenaires internationaux qui ont eu confiance à nos leaders. Ça a été très important, parce que l’impérialisme n’a pas de sentiment, il allait nous engloutir. Il y a eu la communication qui a été travaillée, même s’il y a encore des choses à revoir.
Actuellement, ils sont sur une dynamique de récupération de l’intégralité du territoire je connais plein d’établissements scolaires qui rouvrent cette rentrée, bravo ! Il y a aussi eu des initiatives de mobilisation de fonds, c’est très ingénieux. Tout cela, pour dire qu’il y a un travail de fond qui se fait et dans la douleur, on avance. Et pour dire que les populations suivront toujours, tant que les initiatives sont bonnes. Il faut donc tendre vers la bonne communication, pour rassembler les Burkinabè. C’est très important ; savoir parler, rassembler ceux qui sont prêts à être rassemblés parce qu’il y a des gens, même si on leur dit de venir, ils vont toujours trouver le contraire à dire.
Quelques jours avant l’avènement du MPSR II, vous aviez, dans une interview en fin juillet 2022, interpellé vivement le président d’alors, lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, sur des insuffisances dans sa gouvernance et donné des pistes sur l’attitude à adopter vis-à-vis de certaines puissances occidentales. La dynamique diplomatique a été effectivement une priorité à l’avènement du pouvoir actuel. Peut-on dire que c’est maintenant la pleine satisfaction chez vous ou avez-vous quelques suggestions qui vous restent encore ?
J’ai été très ravi de la dynamique, comprenez-moi. Et c’est-là, la qualité de la personne du président. Ça, je le dis. Ce n’est vraiment pas simple, car la diplomatie est un autre terrain. Pour atteindre un certain niveau, il va falloir plus d’action d’ensemble. Voyez-vous, les dirigeants quittent des partenaires internationaux qui sont traitres, mais nous-mêmes, à notre sein, il y a des traitres, on fait comment ? C’est dire que ces traitres au niveau international arrivent à agir par des traitres en notre propre sein.
J’ai dit qu’on ne peut pas comprendre qu’une ambassade dise qu’une zone est rouge et soit toujours dans le pays, pour chercher quoi ? Donc, vous êtes-là pour peindre la carte du Burkina en rouge ? Il y a un effort énorme qui est fait. C’est-à-dire qu’il faut savoir sélectionner ses amis, il y a des amis qui nous sont restés fidèles. Sur ce point, je les encourage également à avoir une diplomatie gagnante-gagnante, une diplomatie qui peut protéger le peuple, aider à la transformation de nos produits. Beaucoup de partenaires vont partir, mais reviendront un jour avec la tête basse. Voilà pourquoi, le président doit être soutenu dans sa détermination.

Malgré les efforts avérés du président du Faso et de son équipe, la situation reste pénible. Quelle lecture faites-vous de cette réalité et quelles sont les suggestions que vous pourriez faire au président ?
Je rappelle qu’il y a eu des délais qui ont été donnés pour que le MPSR II n’atteigne pas l’an II. C’est donc une bénédiction de Dieu que nous atteignions l’An II. Je lui demande (au président, ndlr) d’avoir toujours confiance en Dieu et d’être toujours fidèle à Dieu dans tout ce qu’il fait. A cette étape, je dirais que l’An II est émaillé de difficultés, on a trébuché, on s’est relevé. Il y a eu des hauts et des bas, que le président essaie de revoir une autre politique de fermeté, surtout vis-à-vis des traitres. Je salue de passage le projet de loi sur le travail d’intérêt général pour rendre les prisonniers plus utiles et bien les former.
Je suggère également que le président communique davantage avec le peuple sur certaines difficultés, notamment les mendiants de la rue : si ces enfants marchent toute la journée ils se forment à être plus que des commandos. Que le gouvernement trouve des solutions rigoureuses aux lois prises. C’est ce que je peux dire en gros, j’évite de donner vraiment des conseils ; parce que les Burkinabè sont devenus émotionnels, ils ne prennent plus le temps d’analyser, ils jugent sans effort de comprendre. Mais, je me dis que le président a tous les moyens d’avoir les propositions qu’il faut, et personnellement, je suis très content de sa dynamique, de sa détermination, de son patriotisme et cela doit se féliciter.
Le gouvernement a décidé d’instituer l’éducation civique et morale dans l’enseignement à partir de cette rentrée scolaire. De nombreux observateurs pensent que les conditions ne sont pas réunies, car le personnel n’est pas formé à cela et le volume imparti à cet enseignement (deux heures par semaine) est insignifiant. Quelle est votre analyse sur ce sujet ?
J’ai aussi appris la décision, que je considère à sa juste valeur. Mais, la question qui se pose, c’est celle de savoir si ceux qui doivent l’enseigner aux enfants comprennent ce qui est dans le contenu. Donc, il est de la responsabilité des autorités de préparer des cours sur la matière, pour que ceux qui vont l’enseigner se l’approprient d’abord avant de le transmettre à la base aux élèves. C’est un travail sérieux qui, à mon avis, demande même le regard du psychologue, pour mesurer l’impact dans la société. Si c’est pour venir répéter aux enfants : « faites ceci, ne faites pas cela... », ça ne servira à rien.
L’éducation civique est le fondement, pour que l’individu puisse grandir avec des valeurs et les respecter. Mais, tout cela se prépare et ça doit être holistique. C’est bien de prendre donc en compte cette matière, et même voir comment alléger le programme en laissant tomber certaines matières où on « bombarde » les enfants avec les histoires des autres, les guerres mondiales, qui n’apportent rien. On part demander des leçons occidentales à des enfants de CMI, CMII, ça désoriente et ça épuise les enfants. Alors que nous avons de l’histoire ici au Burkina à apprendre aux enfants, des succès, des échecs, des exemples, etc.
A vous les propos de conclusion !
Le Burkina est un pays de patriotes, les gens adhèrent vite aux idées pertinentes. Alors, je voudrais que le pouvoir sache que le peuple (à plus de 80%) est d’accord avec lui. Donc, il ne peut pas dire qu’il n’a pas le soutien, il se doit d’avoir cela à l’esprit et se concentrer sur l’objectif pour réussir le pari. Je tiens aussi à féliciter la presse, notamment votre organe, Lefaso.net.
Si j’avais la possibilité, j’allais vous décorer ; parce que depuis Toussiana, vous avez fait parler de la commune, vous avez suivi nos actions, vous vous êtes déplacés dans la commune pour vivre les réalités, je n’ai pas donné un centime pour que vous le fassiez. Ça m’a vraiment touché. Je tenais vraiment à le dire ici, bravo ! C’est une reconnaissance, même si on ne vous décore pas, moi je vous décore avec la dernière médaille du Burkina. Et soyez-en fiers, parce que le travail que vous abattez n’a aucun prix, moi je suis très fier de vous. Avec votre média, on peut transformer beaucoup de choses positivement et Dieu vous donne cette force de toujours rester loyal à ces valeurs qui vous ont toujours animés.
Je termine en disant que l’AES, sa particularité doit venir d’une armée fédérale. Que les dirigeants de la confédération travaillent à cela. Et pour avoir une armée fédérale, on n’a pas besoin d’un recrutement, c’est de choisir dans les armées nationales pour la constituer. Sinon, parler aujourd’hui de « force conjointe », ce n’est pas arrivé, ça ne fait pas unité. Avoir une armée fédérale, ça va décourager même les tentatives de coups d’Etat. L’AES doit avoir peur d’échouer, pour ne pas faire perdre beaucoup d’espoir que les gens ont placés en elle. Que Dieu bénisse le Burkina, que Dieu bénisse l’AES !
Interview réalisée par O.L
Lefaso.net