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Burkina/ 17e édition du SIAO : « Tant qu’il y aura un être humain sur cette terre, il aura besoin d’un artisan pour lui fabriquer ne serait-ce qu’un coupe-ongle », Alkhousseini AG Chekhou

Publié le mardi 29 octobre 2024 à 03h20min

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Burkina/ 17e édition du SIAO : « Tant qu’il y aura un être humain sur cette terre, il aura besoin d’un artisan pour lui fabriquer ne serait-ce qu’un coupe-ongle », Alkhousseini AG Chekhou

Venu du Niger, l’un des pays invités spéciaux de la 17e édition du SIAO, Alkhousseini AG Chekhou est installé sous la tente AES. C’est un artisan touareg. Il en est à sa deuxième participation au SIAO. Son habillement et la particularité de son exposition attire les visiteurs.

A l’entrée du stand du village AES, une belle mélodie de guitare vous accueille. Les guitaristes et musiciens sont de l’équipe de Alkhousseini AG Chekhou. Ils sont tous en boubou et les têtes enturbannées. Monsieur Alkhousseini est un artisan venu du Niger. Sa particularité, c’est que dès que vous arrivez à son niveau, il vous tend un verre de thé, accompagné parfois de dattes ou de kilichi, la viande séchée du Niger. Il est spécialisé dans la fabrication des tableaux, des bijoux, des sacs et aussi, il fait la promotion de l’habitat touareg. Dans son habitat touareg, toute chose a une signification. Et la femme occupe une place importante dans cet habitat.

Pourquoi il joint la musique touarègue à son exposition ? Pour lui, la musique est une crème et une source d’inspiration pour l’artisanat touareg. Selon l’artisan, chaque parole de la musique jouée par son équipe est une leçon de vie. Cette musique, d’après lui, parle de la paix, de la solidarité entre les peuples, de l’amour, de la cohésion sociale, du travail mais aussi elle est interpellatrice.

« Tant qu’il aura un être humain sur cette terre, il aura besoin d’un artisan pour lui fabriquer ne serait-ce qu’un coupe-ongle, un couteau, une marmite et autres. Dans ma communauté, je suis la 15e génération d’artisans. Nous faisons des créations. Jusque-là, nous faisions partie des personnes aisées de notre communauté. J’ai été à l’école mais je n’ai pas abandonné le métier de l’artisanat. Mes enfants vont à l’école mais je leur apprends le métier de l’artisanat. Demain ce sont eux qui vont diriger mon atelier avec des méthodes plus modernes parce que le monde évolue et ils sont à l’école pour apprendre comment moderniser l’artisanat pour faire prospérer le métier. Demain, mes enfants ne vont pas appeler un bijoutier, un plombier, un menuisier ou un ferrailleur pour faire un travail pour eux. Parce je leur ai déjà appris ces métiers. Aujourd’hui, grâce à l’artisanat, je voyage beaucoup. Je vais partout dans le monde pour exposer mon savoir-faire. J’emploie plusieurs personnes. Je parle de moi parce que je veux montrer aux jeunes africains qu’on peut aller à l’école avoir des diplômes et être artisan. L’artisanat n’est pas un métier de pauvre. Au contraire, l’artisanat est un métier pour celui qui est intelligent et qui a le sens de la créativité. Parce que c’est un métier qui fait appel à la réflexion. Il faut toujours réfléchir pour créer des œuvres qui sortent de l’ordinaire », a dit l’artisan nigérien.

Et d’ajouter « Aujourd’hui, je peux dire que je suis un homme riche. Parce que je peux utiliser ce qui est abandonné pour fabriquer quelque chose d’extraordinaire. Je peux prendre une boîte de sardines vide pour fabriquer un bijou qui va coûter 10 fois plus cher que la boîte de sardines achetée à 300 francs CFA ou 400 francs FCFA. C’est pour dire qu’un artisan n’est pas pauvre parce qu’il fabrique des objets qui coûtent cher et qui sortent de l’ordinaire ».

Il invite la jeunesse africaine à être une jeunesse pluridisciplinaire. Pour lui, l’artisanat est un métier noble qui permet à l’homme d’être indépendant, ambassadeur, et promoteur de la culture. L’artisan exhorte les jeunes à s’intéresser à l’artisanat et à ne pas écouter les préjugés concernant le métier.

Rama Diallo
Lefaso.net

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