Burkina/Célébration du 15 octobre : « Méditez le sens profond de notre hymne national et de l’hymne de la révolution », Apollinaire Kyélèm de Tambèla
Le Burkina Faso célèbre ce mardi 15 octobre 2024, le 37e anniversaire de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè. Pour commémorer cette date, tôt le matin, une cérémonie de montée des couleurs a eu lieu à la Primature, où l’hymne national et l’hymne de la révolution ont été entonnés. Dans son allocution, le Premier ministre a rappelé le sens de ces deux chants, entonnés en ce jour, 15 octobre 2024.
7h32. Silence dans la cour de la primature ! Le Premier ministre s’avance pour la cérémonie des montées des couleurs. Sont présents sur les lieux, le personnel de la Primature, quelques techniciennes de surface de la ville, des journalistes venus immortaliser le moment, et les choristes du célèbre groupe musical Vox Christi. Ce sont eux qui, de par leurs voix suaves et mélodieuses, devront entonner l’hymne national, le Ditanyè, pour rehausser l’éclat de cette journée.
« Votre attention svp ! », entend t-on du côté du parloir, situé à l’extrême droite du lieu aménagé pour la circonstance. « Aujourd’hui il y aura quelque chose d’exceptionnel. En plus de l’hymne national qui sera chanté, nous entonnerons aussi l’hymne de la révolution, avant que le Premier ministre ne nous livre son message, informe le maître de cérémonie. Aussitôt, à l’extrême gauche, les militaires devant faire flotter le drapeau au bout du mât s’avancent, dans un ensemble de pas saccadés et coordonnés dont eux seuls ont le secret, puis hop, c’est parti pour l’hymne national !
Rappelons que ces paroles ont été rédigées par l’écrivain Patrick Gomdaogo Ilboudo. Elles rappellent aux Burkinabè d’où ils viennent, comment leurs grands-parents ont résisté face à « la rapacité venue de loin les asservir », et invite chaque Burkinabè, tout autant qu’il est, à toujours placer au centre de ses actions, l’intérêt supérieur de la nation. L’hymne le dit si bien : « la patrie ou la mort, nous vaincrons ».
Après le Ditanyè, la chorale Vox Christi entonne l’hymne de la révolution. Ce texte, tout comme le premier, invite à s’unir comme un seul homme, pour dire non à l’impérialisme. « Bâtissons le Faso ! Ne le trahissons pas ! Travaillons dans nos plaines, nos usines, élevons nos troupeaux ! C’est là la dignité, la personnalité, d’un peuple qui refuse de se taire à l’ONU, et de se prostituer. Il faut que l’on soit vigilants ! L’ennemi, il est là, il attend ! Il prie, il épie, il ne pardonne pas cet éveil qui le tue ! Défendons la révolution ! Il faut penser révolution ! Il faut parler révolution ! Il faut vivre révolution ! Il faut décidément notre révolution ! C’est la voix de la libération ! », capte-t-on de ce chant.
Victoire des ténèbres sur la lumière
Dans son allocution, le Premier ministre a rappelé le sens de ces deux chants, entonnés en ce jour, 15 octobre 2024 : « Nous sommes en plein dans les Journées d’engagement patriotique et de participation citoyenne. La première phase commence le 26 mars. Nous sommes actuellement dans la deuxième phase, et elle tire à sa fin. Mais je ne sais pas si vous avez remarqué le symbolisme des choses. La première phase contient une date historique. C’est le jour auquel le camarade Thomas Sankara s’est révélé au monde, comme étant un homme d’idées, de vision et de gouvernance, par son discours du 26 mars 1983, délivré à ce qui était alors la Place du 3 janvier, qui deviendra par la suite, la Place de la révolution ».
La deuxième phase, dit-il, contient deux dates historiques. « Ce n’est pas par hasard. Le 2 octobre 1983 est la date de la révélation de la vision de la révolution. Et malheureusement le 15 octobre, la date de la victoire des ténèbres sur la lumière. C’est pour cela que pour cette deuxième phase, nous avons voulu entonner deux hymnes », a-t-il expliqué.
Le 30 septembre, le jour pour éclairer les Burkinabè
Le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré prenait le pouvoir en renversant le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Pour le Premier ministre, ce jour doit rester gravé dans la mémoire des Burkinabè car il représente le soleil qui se lève sur cette longue nuit du 15 octobre 1987. « Si le 15 octobre, le soleil s’est couché sur le Burkina Faso, aussi long que soit la nuit, le jour renaît. Et le 30 septembre, le jour est de nouveau apparu, pour éclairer le Burkina et les Burkinabè... Ce que je peux vous demander, sans trop de discours, sans trop vous fatiguer, parce qu’il fait chaud, que tout le monde n’a pas l’âme révolutionnaire, et qu’il y en a qui sont pressés d’aller se mettre à l’abri, à l’ombre, (rires) je vais vous demander de méditer le sens profond de notre hymne national et de l’hymne de la révolution », a dit Apollinaire Kyelem de Tambela.
Un message aux jeunes
Le Premier ministre a clos son allocution à travers une invite aux jeunes à travailler à la réussite. Selon ses dires, une des filles qui a chanté l’hymne de la révolution devant le capitaine Thomas Sankara est aujourd’hui professeur d’université et conseiller spéciale à la primature.
Tout comme elle, il souhaite que les choristes de Vox Christi aillent au bout de leurs entreprises et puissent inspirer d’autres. Un message qu’il adresse aussi à la jeunesse burkinabè toute entière. « Faites en sorte que demain soit pour vous. Le Burkina Faso de demain est à vous... Ne vous laissez pas divertir ! Ayez un objectif, tenez-vous en à cela, et vous réussirez ! », a-t-il assuré.
Erwan Compaoré
Lefaso.net