Rencontres musicales africaines (REMA) : « Chaque édition a son lot de stress, mais c’est ce qui fait la beauté de l’évènement », Alif Naaba
À quelques jours de la 7e édition des Rencontres musicales africaines (REMA), Alif Naaba, promoteur de l’événement, revient sur les préparatifs. Il partage son ambition de faire voyager cet événement dans la ville culturelle burkinabè Bobo-Dioulasso cette année. Malgré le stress constant lié à l’organisation il se dit confiant quant à l’impact positif des REMA sur la scène musicale africaine et l’image du Burkina Faso à l’international.
Lefaso.net : A quel niveau se trouve l’organisation de la 7e édition des Rencontres musicales africaines (REMA) ?
Alif Naaba : Nous sommes à quelques jours et les choses évoluent très bien. Nous sommes à un bon niveau d’organisation et nous pensons que les choses se mettent bien en place. Nous sommes aussi impatients d’accueillir nos invités et de recevoir les Burkinabè durant toutes les activités prévues.
Les REMA 7 se déplacent à Bobo-Dioulasso du 25 au 26 octobre 2024. Pourquoi ce choix et qu’est-ce qui y est prévu ?
Nous avons choisi Bobo-Dioulasso parce que c’est notre ville culturelle par excellence. C’est la ville où se tient la Semaine nationale de la culture avec des artistes très talentueux. Pour nous, c’est tout à fait naturel d’aller dans cette ville. Il serait incompréhensible que les REMA passent et que les acteurs à Bobo-Dioulasso n’en profitent pas. Donc, nous nous sommes dit que nous y allons faire un tour cette année. Nous allons mener des formations ciblées là-bas pour des acteurs culturels. Pendant plusieurs années, les Bobolais ont demandé à participer et à suivre des formations et les REMA next, c’est-à-dire la suite des REMA vont permettre cela.
Après six éditions et une 7e bientôt, vous sentez vous plus serein pour l’organisation ou est-ce que le stress augmente ?
Ce sont à la fois les deux sensations. Ce n’est pas simple ! Quelle que soit la taille d’un événement ou les années que vous passez à l’organiser, chaque année est particulière. Chaque édition a son lot de stress, surtout si vous faites des innovations, mais je crois que c’est ce qui fait la beauté de l’événement. À quelques jours du début de cette 7e édition, nous rêvons toujours en priant Dieu qu’elle soit magique d’abord pour nous faire plaisir, ensuite pour le public burkinabè et aux convives. En gros, on ne peut pas être habitué à l’organisation d’un grand événement. C’est comme dans certains métiers, on n’est jamais sûr à 100% mais cette édition sera une belle édition parce que le stress est présent. Il faut faire voyager les gens, il faut les loger, il faut leur faire découvrir la beauté de notre pays, il faut qu’ils repartent avec une belle image de notre pays, il faut que les artistes arrivent à faire du réseautage... C’est tout cela qui constituent le stress mais par la grâce de Dieu, on arrive toujours à relever le défi.
A lire : Rencontres musicales africaines (REMA) : La 7e édition se penche sur l’émergence de l’afrodigital
Comme vous l’avez dit, les REMA veulent donner une image positive du Burkina Faso au monde. Après six éditions pensez-vous avoir atteint cet objectif pour la culture ?
Oui, bien sûr je peux le dire ! C’est un événement qui a un côté très amical pour tout le monde. Partout sur le continent, quand vous dites "REMA", les gens ont envie de venir parce que c’est un évènement qui est hyper musique et qui plaît. Ça a permis que les gens aient une image positive par rapport à notre pays et nous en sommes heureux. La barre de mesure c’est le nombre de personnes qui viennent chaque année qui grandit. Là, il y a des gens qui viendront d’un peu partout pour vivre les REMA et c’est parce que ça plaît. Il y a aussi la programmation de la musique actuelle qui marche chez les jeunes. La jeunesse de Ouagadougou à travers les REMA pointe le doigt pour montrer au monde que nous sommes là.
Comment voyez-vous l’évolution des REMA pour les années à venir ?
Oh ! Je n’aime pas être voyant, parce que ma foi ne me permet pas de chercher à voir ce qui vient demain ! Mais j’ai des rêves. Et je rêve de voir cet événement grandir et toucher beaucoup de pays. Sur le plan du développement de l’industrie musicale, que ces rencontres permettent de positionner mon pays. Il y a beaucoup de jeunes qui ont du talent, il y a beaucoup d’intellects. Sur certaines questions comme le droit d’auteur ou des décisions politico-culturelles, le Burkina Faso est en avance. C’est l’un des pays qui est en avance dans le domaine de la danse, c’est la capitale du cinéma avec le FESPACO. Donc, mon rêve est que Ouagadougou devienne comme on a commencé à le faire, le centre de l’incubation et de réflexion autour de l’économie de la musique en Afrique. C’est vraiment mon rêve. Pour le reste, on croit fort et on le met dans les mains de Dieu.
Quels sont les acquis des REMA dont vous êtes le plus fier ?
Il y en a plusieurs ! Le premier acquis est le fait que tous les professionnels sur le continent africain reconnaissent que c’est l’un des rares événements qui organise une table ronde autour de l’économie de la musique. C’est déjà un bel acquis. L’autre acquis est au niveau de la structuration. Les gens entendent les discours, les gens suivent les discussions et les panels et cela a un impact positif sur tout le secteur. C’est un événement résilient aussi parce que quand le covid -19 a frappé en 2020, la plupart des évènements ont été annulés mais les REMA se sont tenues et les gens sont venus à Ouagadougou. C’est un événement qui appartient à tout le monde et les jeunes africains s’y retrouvent dans une bonne ambiance.
A lire : Alif Naaba, l’artiste qui construit des vies et donne de l’espoir avec sa musique
Qu’avez vous à ajouter ?
J’aimerais remercier la presse et Lefaso.net qui sont aux côtés des REMA et qui croient en nous. Je donne rendez-vous à tout le monde les 17,18 et 19 octobre 2024 à partir de 9h au monument des Héros nationaux. C’est un lieu où vous pourrez passer toute la journée, discuter, faire des rencontres intéressantes et suivre des concerts le soir. Je remercie les autorités qui nous accompagnent avec leurs bénédictions. Nous remercions aussi tous les professionnels du secteur de la musique qui donnent des conseils. Merci à tous les artistes qui viendront jouer aux REMA et à tout le comité d’organisation. Je termine en disant au monde entier que Ouagadougou est toujours sur la carte et qu’il faut s’y rendre.
Farida Thiombiano
Lefaso.net