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Journée mondiale de la santé mentale : « Les guerres et le terrorisme sont les principales racines du problème en Afrique », Jean Messingue, psychologue clinicien jésuite

Publié le jeudi 10 octobre 2024 à 22h25min

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Journée mondiale de la santé mentale : « Les guerres et le terrorisme sont les principales racines du problème en Afrique », Jean Messingue, psychologue clinicien jésuite

Le 10 octobre de chaque année marque la journée mondiale de la santé mentale. Cette année cette journée est célébrée sous le thème « Santé mentale au travail ». A cette occasion, nous avons réalisé une interview avec le Père Messingue Jean, psychologue clinicien jésuite, par ailleurs directeur du Centre de counseling professionnel et de pastorale clinique (COPAC). Le COPAC est un centre universitaire jésuite pour la promotion de la santé mentale et du bien-être en Afrique, particulièrement en Afrique de l’Ouest.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter ?

Messingue Jean : Je suis psychologue clinicien jésuite, directeur du COPAC qui est un centre universitaire jésuite pour la promotion de la santé mentale et du bien-être en Afrique, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Nous offrons des formations de renforcement de compétences en santé mentale, nous formons des diplômés en soutien psychologique de première ligne et menons des actions humanitaires et communautaires en santé mentale. La santé mentale pour tous en Afrique est la raison d’êtres du COPAC.

Qu’entendez-vous par santé mentale ?

La santé mentale est un état dans lequel une personne se sent bien avec elle-même. C’est lorsqu’une personne est en possession de ses ressources pour réaliser ses tâches quotidiennes en faisant efficacement face aux difficultés ordinaires et mène une vie qui contribue au bien-être des autres.

Le thème de cette année est « Santé mentale au travail ». Comment appréciez-vous cela ?
La santé mentale est une grande préoccupation dans le monde du travail. Il y a par exemple, le stress lié au travail, au trafic, à la charge de travail. L’absence de service de soutien psychologique au sein des entreprises est une préoccupation. Au COPAC, nous avons un programme qu’on appelle le bien-être et la santé mentale des employés. Nos programmes de formation reposent sur ces conditions. Nous croyons que la qualité du bien être mental détermine l’amélioration de la performance et de la productivité des travailleurs. Nous croyons aussi que les travailleurs s’investissent totalement dans l’entreprise lorsqu’elle celle-ci s’occupe de leur bien-être.

La compétence émotionnelle et relationnelle est aussi importante que la compétence professionnelle. La qualité du leadership et de management détermine très forcément la qualité des équipes et l’atteinte des résultats. Pour booster et accompagner les entreprises dans la prise en compte de la santé mentale, nous proposons des services d’évaluation psychologique, des programmes en développement personnel du bien-être, des programmes pour améliorer les stratégies de réduction de stress au travail, pour renforcer la résilience et la santé mentale des employés.

Pouvez-vous nous parler de la célébration de la journée mondiale de la santé mentale ?

La journée mondiale de la santé mentale a été instituée en 1992 pour lutter contre la stigmatisation de la santé mentale. L’objectif initial fut de sensibiliser les populations pour qu’elles normalisent la souffrance psychologique comme un problème de santé et sollicitent les services de santé mentale. La santé mentale est faussement identifiée à la foi et la souffrance psychologique telle que la dépression à la faiblesse. Elle est un problème de santé que toute personne confrontée à une épreuve peut endurer.

Quel sens donner à cette journée mondiale de la santé mentale pour des pays en crise comme le Burkina Faso ?

Même si la lutte contre la stigmatisation de la santé mentale est pertinente pour tous les pays, la journée mondiale de la santé mentale devrait avoir tout un autre sens dans les pays en crise comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Pour des populations qui se trouvent affectées par le terrorisme et la guerre, la célébration de la journée mondiale de la santé mentale devrait impliquer trois choses.

Premièrement, l’appel à renforcer l’intervention psychologique et psychosociale de crise pour soulager la souffrance psychologique et morale des personnes affectées de diverses façons par la crise. Dans plusieurs pays d’Afrique, des milliers d’enfants, de femmes et des hommes ont subi ou ont été exposé à des actes de tortures. D’autres ont tout perdu, certains encore fui leurs maisons. Mais très peu bénéficient des interventions psychologiques ou psychosociales.
Deuxièmement, une telle journée de réflexion sur la promotion de la santé mentale dans un contexte de crise est un appel à agir en faveur de la santé mentale communautaire à travers le renforcement de la résilience individuelle, communautaire et sociale.

Enfin, la journée mondiale de la santé mentale est une opportunité pour un pays en crise à rappeler au monde entier, particulièrement aux organisations internationales que les violences, les guerres et les terrorismes sont les principales racines de problème de santé mentale en Afrique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la santé mentale est une urgence en Afrique alors qu’elle est la condition du développement durable.

Quelle est votre approche au niveau du COPAC dans ce combat ?

L’approche du COPAC est d’offrir des formations pour le renforcement des compétences des agents communautaires, des travailleurs sociaux et des professionnels pour une meilleure prise en compte du bien-être et de la santé mentale dans toutes les activités et à tous les niveaux. Aussi, nous apportons notre soutien aux personnes vulnérables en leur offrant des espaces d’écoute thérapeutique et en leur offrant des vivres que nous collectons auprès des autres.

C’est la solidarité qui peut nous sauver ; cette valeur chère à l’Afrique doit s’exprimer davantage. Le COPAC a désormais des professionnels en soutien psychologique de première ligne au Burkina Faso, au Cameroun, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Ce réseau africain nous permet d’apporter du soutien psychologique aux populations de ces pays qui sollicitent nos services.

Interview réalisée par Serge Ika Ki
Lefaso.net

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