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Maladie d’Alzheimer : Les conseils de Dr Michèle Barry pour prévenir les troubles de la mémoire

Publié le lundi 30 septembre 2024 à 22h00min

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Maladie d’Alzheimer : Les conseils de Dr Michèle Barry pour prévenir les troubles de la mémoire

Pathologie neurologique, la maladie d’Alzheimer touche généralement les personnes âgées de 60 ans et plus. Cette maladie existe-elle au Burkina Faso ? Touche-t-elle parfois des jeunes ? Dr Michèle Barry, médecin neurologue, nous répond.

Lefaso.net : Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?

Dr Michèle Barry : La maladie d’Alzheimer est une maladie neurologique qui se caractérise par une destruction progressive et irréversible des fonctions neurologiques principales. C’est une maladie qui détruit les fonctions intellectuelles et c’est la principale forme de démence. Elle affecte la population âgée de 60 ans et plus.

Quelle est la situation actuelle de la maladie d’Alzheimer dans le monde en général et au Burkina en particulier ?

47,5 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, et il apparaît chaque année 7,7 millions de nouveaux cas. Du fait de l’augmentation de l’espérance de vie, la population âgée est de plus en plus nombreuse. La plus récente des études menées au Burkina Faso a identifié une prévalence de 4,55 cas de démence pour 1 000 patients reçus en consultation pour des cas de troubles de mémoire. Ce sont des résultats en dessous de la réalité pour plusieurs facteurs.

Comment se manifeste la maladie ?

La maladie évolue de façon progressive en plusieurs phases. Cependant, la caractéristique principale est le trouble de la mémoire. Le patient a des difficultés à se souvenir des faits récents et, par la même occasion, peine à fixer et à consolider les nouvelles informations. Il ne se souvient pas de là où il a déposé ses affaires, oublie les visites par exemple ou les appels qu’il a reçus. Ensuite, au fur et à mesure, le patient perd en autonomie parce qu’il est de plus en plus incapable d’assurer les activités de la vie quotidienne sans aide : comme se déplacer, gérer la prise de ses médicaments, utiliser un téléphone, manipuler son argent.

À un stade plus avancé dit de démence sévère, le patient perd en autonomie de façon totale. Il ne peut plus assurer les activités de base comme faire sa toilette, se vêtir, s’alimenter tout seul. Cela peut arriver jusqu’à la non reconnaissance des proches et/ou la perte d’informations personnelles (il ne se souvient plus de son nom, de son âge, etc.) La durée d’évolution varie de 8 à 12 ans.

Hormis les troubles de la mémoire, il peut s’associer des signes d’atteinte d’autres fonctions neurologiques telles que le langage à type d’incompréhension, un langage pauvre, les troubles de l’attention, c’est-à-dire que le patient est distrait, il a l’air ailleurs, rêveur et désorienté. Il peut y avoir également des troubles du comportement tels que l’irritabilité, le repli sur soi, la tristesse et l’insomnie. Le médecin utilise différents tests qui explorent la mémoire et les autres fonctions cérébrales pour poser le diagnostic et classifier le stade de la maladie. En dehors de cela, des examens biologiques et d’imagerie cérébrale sont nécessaires pour différencier la maladie d’Alzheimer des autres types de démences.

Dr Michèle Barry, médecin neurologue

Quelle est la cause de la maladie d’Alzheimer ?

La démence dégénérative est le résultat d’un endommagement des cellules du cerveau. Cet endommagement empêche les cellules du cerveau de communiquer entre elles. Lorsque les cellules du cerveau ne peuvent pas communiquer normalement, cela peut avoir des répercussions sur les mécanismes de la pensée, le comportement et les sentiments. C’est un faisceau de facteurs qui peuvent expliquer la survenue de la destruction des cellules du cerveau. Il se peut que ce soit le mode de vie et les habitudes alimentaires tel que l’alcool, le tabac et la non pratique d’activités physiques. Il peut y avoir également des antécédents de maladies chroniques comme l’épilepsie et le traitement antiépileptique, la maladie de Parkinson, les maladies psychiatriques surtout la dépression, les traumatismes crâniens, les maladies métaboliques, les tumeurs malignes et leur traitement.

Quels sont les cas de complications que vous rencontrez ?

La perte d’autonomie marquée et rapide entraîne très souvent des fugues, des errances et divers accidents dans la vie quotidienne qui compliquent la prise en charge (fractures, dénutrition, déshydratation). Il y a aussi la coexistence avec d’autres pathologies chroniques telles que l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies rénales, etc. Tout cela complique le tableau clinique des malades. La présence de troubles du comportement (dépression, irritabilité, anxiété) complique énormément la prise en charge.

Existe-t-il un traitement adapté ?

Il n’existe pas de traitement à ce jour capable de ralentir l’évolution de la maladie. Les traitements actuellement disponibles améliorent les symptômes de la maladie, sans agir sur la cause. Mais en dehors des médicaments, une équipe pluridisciplinaire (auxiliaires de vie, kinésithérapeutes, orthophonistes, gérontologues et psychologues) peut accompagner le malade.

Peut-on prévenir cette maladie ?

Oui, il faut avoir un mode de vie sain. Avoir une ration alimentaire équilibrée. Consommer peu d’alcool, pratiquer des activités physiques.

Est-ce que la maladie touche les jeunes ?

Chez les jeunes, c’est rare mais il peut y avoir des personnes de la quarantaine ou de la cinquantaine qui développent la maladie.

Quels conseils avez-vous à donner à la population pour éviter cette maladie ?

Il faut aller en consultation lorsqu’on constate les premiers signes de trouble de mémoire, quel que soit l’âge. Après consultation, si vous avez la maladie d’Alzheimer, une prise en charge sera proposée afin que vous puissiez améliorer votre état de santé.

Interview réalisée par Rama Diallo
LeFaso.net

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