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SAMAO 2024 : Les opportunités d’industrialisation de l’Afrique que pourraient offrir les minéraux critiques et la transition énergétique jaugées au cours d’un panel

Publié le vendredi 27 septembre 2024 à 21h55min

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SAMAO 2024 : Les opportunités d’industrialisation de l’Afrique que pourraient offrir les minéraux critiques et la transition énergétique jaugées au cours d’un panel

La Semaine des activités minières de l’Afrique de l’Ouest (SAMAO) édition 2024 continue de dérouler les différents panels inscrits à son programme. Ce 27 septembre 2024, c’est le panel 2, portant sur le thème « Minéraux critiques et transition énergétique : quelles opportunités d’industrialisation pour l’Afrique ? » qui a retenu toutes les attentions. Modéré par le Pr Sié Kam, directeur du Laboratoire des énergies thermiques et renouvelables, il a offert l’occasion à quatre panelistes du Burkina, du Mali et du Cameroun, de développer divers sous-thèmes en lien avec le thème principal.

Les minéraux critiques sont essentiels à la construction des infrastructures de la transition énergétique et numérique telles que les panneaux solaires, les éoliennes, les véhicules électriques, les écrans tactiles, le stockage de données, la connexion des systèmes entre eux, etc. Les besoins mondiaux en minerais critiques ont connu une croissance considérable ces dernières années, due à l’accélération de la transition énergétique et numérique.

Des études ont permis de révéler que l’Afrique dispose de larges ressources et gisements en minerais critiques, notamment sur quatre minerais considérés comme critiques. Il s’agit du cobalt, du manganèse, du chrome et du platine. L’Afrique est également très présente sur cinq autres minerais à savoir la bauxite, le graphite, le cuivre, le nickel et le zinc.

Mireille Medah/Nana directrice des énergies renouvelables au ministère de l’énergie des mines et des carrières

Quant à la transition énergétique, elle consiste en la transformation d’un système de production énergétique, de sorte à passer d’un système essentiellement fondé sur les énergies fossiles et polluantes, à un système fondé sur les énergies renouvelables moins polluantes, explique le Pr Sié Kam. Le passage à la transition énergétique est motivé par le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources fossiles non renouvelables ainsi que la récurrence des catastrophes naturelles en lien avec l’utilisation des énergies fossiles. La transition énergétique se fait en trois volets que sont la transformation du système de production énergétique, l’efficacité énergétique et la sobriété énergétique.

Le présent panel a consisté à mener la réflexion, pour dégager les opportunités d’industrialisation que pourraient offrir ces minéraux au continent africain. Première paneliste, Mireille Médah/Nana, directrice des énergies renouvelables au ministère de l’Energie, des mines et des carrières, s’est appesantie sur la politique de transition énergétique au Burkina Faso. Elle a laissé entendre que le gouvernement a affiché sa volonté d’aller vers le mix électrique, en diversifiant les sources de production.

Au titre des objectifs visés par le Burkina Faso à travers la transition énergétique, Mireille Médah a cité la diversification des sources de production tout en augmentant la part des énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique qui devrait permettre, avec la diversification des sources de production, de réduire la dépendance à l’égard des importations d’énergies. A cela s’ajoutent la décarbonisation de l’économie et la promotion de la recherche dans les technologies à faible intensité de carbone.

photo de famille des panelistes

Le pays a entrepris plusieurs réformes à travers l’adoption de plusieurs documents et stratégies. Il s’agit de la politique sectorielle de l’énergie, le plan d’action des énergies renouvelables, le plan national d’efficacité énergétique, la stratégie nationale de l’économie verte, la stratégie nationale de l’électrification rurale, etc. La mise en œuvre de ces documents et stratégies permet de constater plusieurs acquis sur le terrain. Il s’agit de la libéralisation du secteur de production de l’énergie qui attire le secteur privé dans les investissements des énergies renouvelables. Aussi, il a été constaté la hausse de l’énergie solaire installée qui est passée de 64,71 Mégawatts en 2022 à 159 Mégawatts en 2024, soit une hausse de 147%. Des systèmes solaires ont aussi été installés dans 34 CMA, des kits solaires distribués.

Le deuxième paneliste, Issa Coulibaly, a articulé sa communication autour des minéraux critiques et de la transition énergétique au Mali. Il explique que même si son pays regorge de plusieurs substances comme le manganèse, l’uranium, le phosphate, le choix a été fait de se focaliser sur le lithium, l’uranium, le cobalt, le titane. A ce jour indique-t-il, le Mali dispose de deux sociétés d’exploitation de lithium qui entreront bientôt en production. Pour relever les défis de la transition énergétique, il pose quelques prérequis que sont le renforcement des capacités, l’élaboration d’un cadre législatif et réglementaire, la mutualisation des efforts à travers des échanges techniques entre les pays tout en harmonisant les cadres législatifs des différents pays.
A la question de savoir si la transition énergétique et les minéraux critiques peuvent concourir à l’industrialisation de l’Afrique, Ibrahima Djibo, consultant international répond sans détour par l’affirmative.

Pour lui, l’énergie est la clé du développement de tous les pays. « C’est sur elle que le continent construira son industrialisation. Malheureusement, le potentiel énorme du continent n’est pas très bien utilisé. L’avantage que nous avons est que nous pouvons transformer le secteur énergétique très rapidement en nous basant sur les expériences des autres pays », a-t-il relevé.

Issa Coulibaly, expert malien

Ibrahima Djibo fait remarquer que le seul potentiel de l’Afrique ne suffit pas. « Il faut une volonté politique, des cadres d’investissement attractifs et une approche politique holistique qui seront nécessaires pour bénéficier pleinement des avantages des énergies renouvelables. Ce qui veut dire que les investissements moyens annuels pour toute l’Afrique dans le système énergétique doivent doubler d’ici 2030 pour atteindre environ 45 à 60 milliards de dollars US ».

Pour le consultant international, l’Afrique doit remplir certaines conditions pour arriver à une industrialisation par la transition énergétique. Ce sont la formation professionnelle ciblée afin de disposer de personnels qualifiés et en nombre pour gérer les défis de l’industrialisation. Il y a aussi la nécessité de disposer de mécanismes financiers des secteurs publics et privés africains pour assurer des financements consistants. Ibrahima Djibo ajoute qu’il faut également des systèmes de production et de fabrication inter-étatiques.
Les différentes communications ont suscité chez les participants des questions, auxquels les panelistes ont apporté des éléments de réponse.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net

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