Lutte contre la désertification : Une centaine de jeunes africains en « pèlerinage » au Burkina Faso
Le Burkina Faso accueille du 24 au 28 septembre 2024, la troisième édition de la Caravane verte des jeunes de la Grande muraille verte, dont la cérémonie de lancement a eu lieu ce mardi 24 septembre à Ziniaré, chef-lieu de la région du Plateau-Central. Placée sous les auspices du ministre de l’environnement, Roger Baro, cette caravane a mobilisé une centaine de jeunes des onze Etats membres de l’agence pour relever les défis liés à la désertification, la dégradation des terres et le changement climatique.
Aucun pays de la bande sahélo-saharienne, du Sénégal à Djibouti, n’est épargné par le changement climatique et son lot de désolations : inondations, sécheresse, famine, migrations, etc. Face aux défis climatiques, sociaux et économiques que traversent ces pays, en plus de ceux liés à l’insécurité, les jeunes ont un rôle important à jouer. D’où l’importance de cette caravane verte, troisième du genre, qui réunit au Burkina Faso, les jeunes de onze États membres de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte.
Pour la postérité
À la cérémonie de lancement de la caravane, ce mardi 24 septembre, Naaba Sanem de Ziniaré, a rappelé aux jeunes que planter un arbre et l’abandonner, c’est comme mettre au monde un enfant et ne pas s’en occuper. « Vous êtes en train de poser les jalons d’une histoire qui va perdurer des siècles après vous. Planter, c’est une autre prière, car tous ceux qui seront à l’ombre de ces arbres et qui cueilleront les fruits vous feront des bénédictions », a-t-il ajouté.
« Plus de 3/4 de la population burkinabè a moins de 35 ans. La jeunesse ne peut être une richesse véritable que si elle est bien exploitée et que les jeunes prennent conscience de leur force pour impulser la dynamique du changement », a indiqué le président de la délégation spéciale de la commune de Ziniaré dans son allocution lue par son représentant Yacouba Dialla. Pour lui, l’heure n’est plus aux discours mais à l’action.
Impliquer les jeunes pour la sauvegarde de l’environnement
Selon le secrétaire exécutif de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte, Dr Brahim Said, cette caravane permettra d’impliquer les jeunes dans le processus de mise en œuvre de la Grande muraille verte et de les conscientiser sur la nécessité de bâtir une solidarité autour de la protection de la nature en vue de lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
A en croire Nabasnogo Roch Pananditigri, coordonnateur national de la Grande muraille verte au Burkina Faso, cette caravane est plus qu’un simple événement. « C’est une véritable plate-forme d’échanges et d’action qui offre aux jeunes l’opportunité de s’engager dans des actions citoyennes au profit des populations de leurs terroirs », a-t-il affirmé avant d’inviter les jeunes à profiter pleinement de cette expérience car « Ensemble, nous pouvons faire une différence ».
« Vous serez des ambassadeurs de la Grande muraille verte, des porte-voix qui agissent pour un monde meilleur. Chaque action, si petite soit elle, contribue à notre objectif commun. Que votre engagement soit une source d’inspiration pour les générations futures », a exhorté le ministre de l’environnement, Roger Baro, dans son discours lu par le haut-commissaire de la province de l’Oubritenga, Sahabani Zeba.
Le Programme alimentaire mondial, un partenaire clé
Pour l’atteinte de ses objectifs, l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte peut compter sur ses partenaires parmi lesquels le Programme alimentaire mondial (PAM). Selon Wendpagnangde Jocelyne Sankima, chef du bureau terrain du PAM basé à Kaya, l’organisation accompagne la caravane car elle souscrit entièrement à toute initiative visant à réduire la vulnérabilité des populations face à l’insécurité alimentaire. Elle a rappelé que le PAM et l’Initiative ont signé un protocole d’accord pour impliquer tous les jeunes dans la réduction des effets du changement climatique dans la zone du Sahel.
Le PAM n’est pas la seule structure qui soutient l’organisation de la troisième édition de la Caravane verte. Au rang des partenaires, il y a également l’Agence de coopération internationale de la Fédération Wallonie Bruxelles et de la région Wallonne (APEFE), SOS Sahel, Tree Aid, l’ONG APIL et le Secrétariat permanent des organisations non gouvernementales (SPONG).
Au menu de la caravane
Après la cérémonie de lancement, les jeunes ont mis en terre des pieds de neemiers, de cola et d’autres plants. Il est prévu également au cours de cette caravane des visites de sites touristiques de la région du Plateau-central, une visite guidée au palais de Naaba Sanem de Ziniaré pour des échanges autour de l’arbre, des panels sur les questions de gestion de l’environnement, de cohésion sociale et de paix. À l’issue de ces échanges, les participants entendent proposer une charte en faveur de l’environnement, selon le coordonnateur national de la grande muraille verte.
Rendez-vous en 2025 au Niger et au Nigéria
Dr Sakhoudia Thia, chef du service recherche développement au sein de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte, a annoncé que la quatrième édition de la Caravane verte se tiendra en 2025 au Niger et au Nigeria. La première édition ayant déjà eu lieu au Sénégal, au Mali et en Mauritanie en 2022 et la deuxième au Tchad en 2023.
HFB
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Encadré
L’Initiative de la Grande Muraille Verte (IGMV), est un rêve ambitieux mené par les Africains pour lutter contre la désertification, la dégradation des terres et le changement climatique dans la région du Sahel. Le concept a émergé en 2005 et a été approuvé et lancé par l’Union africaine en 2007.
L’initiative a évolué et mobilisé des ressources politiques, techniques et financières de divers acteurs pour mettre en œuvre une mosaïque d’activités dans le but de contribuer à la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées, à la séquestration de 250 millions de tonnes de carbone et à la création de 10 millions d’emplois verts d’ici 2030. On estime que 33 milliards de dollars américains sont nécessaires pour atteindre les ambitions de l’IGMV d’ici 2030.
Cette initiative ambitieuse s’étend sur la vaste région sahélo-saharienne et vise à lutter contre la perte de biodiversité et la désertification résultant de l’avancée incessante du désert du Sahara, en créant une barrière vivante d’arbres et de végétation.
L’IGMV transcende la simple reforestation ; en restaurant les terres dégradées, cette muraille verte de 8 000 km favorise la biodiversité, améliore la sécurité alimentaire, crée des emplois et transforme la vie de millions de personnes à travers 11 pays, de Djibouti à l’est au Sénégal à l’ouest.
L’IGMV contribue à la mise en œuvre des conventions de Rio tout en assurant un alignement avec l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, les Objectifs de Développement Durable de 2030 et la Décennie des Nations Unies pour la Restauration des Écosystèmes (2021-2030).
Source : Banque mondiale
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