LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Ce sont nos choix qui montrent qui nous sommes, bien plus que nos capacités.” Joanne K.Rowling

Burkina/Théâtre : « Sié et la querelle des lézards », une première éblouissante à l’espace culturel Gambidi

Publié le lundi 23 septembre 2024 à 20h40min

PARTAGER :                          
Burkina/Théâtre : « Sié et la querelle des lézards », une première éblouissante à l’espace culturel Gambidi

La salle de théâtre Soni Lanbou Tansi de l’espace culturel Gambidi a accueilli, le dimanche 22 septembre 2024, la première du spectacle de théâtre-marionnette « Sié et la querelle des lézards ». Écrite et mise en scène par le slameur et comédien Léger Dah, cette œuvre hybride d’une durée d’une heure mêle habilement théâtre et marionnettes. Interprétée par Christian Léger Dah lui-même, Issouf Ayôfè Minoungou et Fatoumata Dramé, cette pièce raconte l’histoire d’une fratrie dans un camp de déplacés internes, quelque part dans un Burkina Faso en proie au terrorisme. Nous avons rencontré l’auteur à la sortie du spectacle.

Lefaso.net : « Sié et la querelle des lézards », qu’est-ce que vous racontez à travers ce spectacle ?

Christian Léger Dah : En tant qu’artiste, il était important pour moi de prendre la parole sur la situation que vit mon pays depuis plus de dix ans. Je suis slameur et je n’avais pas écrit de texte qui me satisfasse, alors avec le soutien du BBDA, j’ai eu l’opportunité d’entrer en résidence pour écrire et mettre en scène cette œuvre. C’est ma première signature en tant que metteur en scène et dramaturge, un moment particulier pour moi.

Dans ce spectacle, il y a plein de symboles. Par exemple, la calebasse qui se brise pendant la querelle entre le frère et la sœur, puis est réparée par le grand frère avec une ficelle et une aiguille. C’est un symbole africain qui, je l’espère, permettra au public de saisir le message que je veux passer. Le spectacle se déroule dans un camp de déplacés internes. L’histoire suit une fratrie : l’aîné, muet depuis qu’il a été enrôlé de force par des terroristes, revient traumatisé et perd l’usage de la parole ; le cadet, sculpteur, est manchot après avoir été mutilé ; et la benjamine est enceinte après avoir été violée par des hommes armés. « La querelle des lézards » est le conte que Sié racontait à ses frères pour apaiser les tensions, réadapté ici pour toucher tous les publics.

Une partie du message est de mettre fin à la stigmatisation contre certaines communautés. Quel est le message principal que vous souhaitez faire passer à travers cette pièce ?

Je veux appeler les Burkinabè à cultiver la notion de vivre ensemble, de patriotisme et de sacralité de notre terre ancestrale. C’est le message clé que je souhaite véhiculer. J’espère que ce spectacle aura un impact positif.

Dans quelles conditions avez-vous travaillé sur ce projet jusqu’à la première de ce soir ?

J’ai été accompagné par le Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA), sans quoi je ne suis pas sûr d’avoir pu produire ce spectacle. Ce soutien m’a permis de travailler plus sereinement. J’ai eu du mal à écrire au départ, surtout à trouver un bon angle. J’avais la pression de produire une œuvre de qualité, et aujourd’hui, je suis rassuré par la présence de professionnels et de ma famille.

Christian Léger Dah

Quelles sont les perspectives avec ce spectacle ?

Il s’agissait de la sortie de résidence, mais je prévois de programmer rapidement des reprises. J’ai intégré des marionnettes pour attirer les enfants et envisage de jouer ce spectacle dans les écoles, les universités, et même à l’international. J’aimerais aussi le traduire en plusieurs langues nationales et envisager une version radiophonique pour atteindre un public plus large.

Vous parlez de l’insécurité que connaît notre pays. Comment vivez-vous cela en tant qu’artiste ?

C’est difficile et douloureux. La création de ce spectacle est pour moi un acte de patriotisme. La situation est complexe pour les artistes, car nous vivons de projets. La situation sécuritaire a affecté notre capacité à faire des tournées, ce qui a porté un coup dur à notre activité.

Un message à l’endroit du public ?

J’invite le public à venir voir ce spectacle qui, j’espère, plaira. Écoutez bien le message, qui va au-delà des mots, car cette pièce est un condensé de symboles. Je souhaite au Burkina, aux Burkinabè, paix, stabilité et prospérité. Amen.

Entretien réalisé par Auguste A. Paré
Lefaso.net

Portfolio

PARTAGER :                              

Vos réactions (1)

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique