Nuit de l’Entrepreneur Touristique : Au-delà de l’événement, une moralisation de masse portée par le ministre porte-parole du gouvernement
Les images de la VIème Nuit de l’Entrepreneur Touristique et de l’hôtellerie (20 septembre 2024), évènement visant à encourager l’abnégation, la créativité et à promouvoir la « destination Burkina », ne sont pas passées inaperçues et dans l’indifférence chez nombre de téléspectateurs de la télévision nationale. Ceux épris surtout d’envie de rassemblement des Burkinabè et de mise en commun des intelligences au profit des causes nationales, s’en sont félicités. Cette nuit-là, au-delà du pesant d’or qu’elle vaut par l’objet, est également méritoire par ce geste de moralisation de masse posé par le président de la cérémonie, le ministre d’État, ministre de la communication, de la culture, des Arts et du tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo. Voir avec lui, aux premières loges, des prédécesseurs et anciens ministres en charge de la culture et du tourisme : Philippe Savadogo, Abdoul Karim Sanogo, Élise Thiombiano, Valérie Kaboré ...
Retrouver des anciens ministres, de divers pouvoirs, en train de communier pour une même cause nationale, comme celle en l’espèce, est sans conteste un message majeur. Il est souhaitable qu’un tel esprit fasse, enfin, sa traite au Burkina. Ce sera un grand pas de réaliser vers le ouf de soulagement. Ces images de la VIème nuit de l’Entrepreneur Touristique revêtent bien un symbole vivant de ce que tous les Burkinabè, victimes et meurtris par le phénomène terroriste peuvent se mettre ensemble autour de l’essentiel. Cette ouverture du ministre d’État fait suite, quelques mois auparavant, à une audience qu’il avait accordée à un grand nombre de ces anciens ministres et devanciers à la tête de ce département en charge de la culture et du tourisme. De bonnes esquisses d’unité et de mobilisation qu’il faut louer à leur juste valeur, avec la même énergie par laquelle l’on dénonce les actes de gouvernance susceptibles d’alimenter les divisions, de mettre le feu aux poudres ; d’où qu’ils viennent.
Les maux qui minent la société burkinabè sont quasiment connus, autant de remèdes proposés. Il faut simplement agir, poser maintenant des actes pour corroborer ces appels à l’unité, à la cohésion, à la fraternité. Ces images offertes par l’ensemble des organisateurs de cet événement sont de ces gestes souhaités et souhaitables, et tout Burkinabè épris du bien-être du pays ne peut que s’en féliciter. C’est donc à juste titre qu’elles fassent l’objet de commentaires.
Les actes impactent plus que les mots, surtout lorsqu’ils sont posés par ceux qui sont au haut sommet de l’État. Comme quoi, on n’a pas besoin de se dénigrer et de cracher sur le passage et les efforts des autres pour mettre en exergue son travail, son action. Tout comme les considérations d’ordre politique qui laissent de côté les intelligences ; une vraie perte pour le pays et pour tout le monde. Ce qui compte, ce n’est pas qui est (ou a été) politique, mais plutôt qui peut être utile à la recherche de solutionnement. Cela est aussi vrai que chaque Burkinabè a précédemment été un maillon politique, ne serait-ce que par adhésion ou opposition à un pouvoir, de façon explicite ou implicite, volontiers ou par résignation ! C’est d’ailleurs la participation consciente à la vie publique nationale qui est souhaitée, l’indifférence ne fait pas avancer. Dès lors, c’est condamner et mettre à l’écart tout le monde, y compris ceux qui sont au pouvoir actuellement, que de vouloir classer les Burkinabè sur ces considérations politiques, subjectives d’ailleurs. Que ceux qui ont posé préjudices à un moment donné, dans leur évolution politique, répondent simplement devant les institutions compétentes, et la marche continue, avec ou sans eux !
Il faut se passer donc de ces détails qui ne tiennent pas la route et qui n’ont d’ailleurs de mérite que de disposer pour ceux qui croient par là tirer les marrons du feu.
On ne doit pas se payer le luxe de se terroriser dans cet espace où le phénomène terroriste n’épargne personne. Le seul combat qui vaut qu’on déploie ses dernières énergies, est celui qui vise à faire face à l’ennemi d’en face ou à contribuer dans cette dynamique. Tout ce qui peut éviter de mettre le feu aux poudres et à enlever une arme à l’ennemi est bien à prendre et à répandre. La société civile de veille doit aussi aider les autorités à jouer ce rôle de moralisation de masse. Ce sera une victoire d’étape très importante dans la guerre contre le mal qui ronge le pays depuis plusieurs années maintenant.
Tout n’est donc pas rapport de force. Encore moins de propagation d’injures, de dénigrements, de haine et d’invectives entre des Burkinabè qui se partagent déjà les mêmes difficultés et angoisses lié au phénomène terroriste.
Vivement, que ces images offertes par le ministre d’État, ministre de la communication, de la culture, des Arts et du tourisme, et tout son staff dans l’organisation de la VIème Nuit de l’Entrepreneur Touristique, puissent inspirer davantage de gestes similaires, surtout dans toutes les sphères du sommet de l’État, pour imprimer un esprit et des comportements nouveaux à la masse.
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net