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Burkina : La conquête coloniale française de Boulsa en 1896

Publié le mardi 17 septembre 2024 à 21h45min

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Burkina : La conquête coloniale française de Boulsa en 1896

Comme la plupart des conquêtes coloniales, celle de Boulsa ne fut pas difficile pour le colon français. Aidé par les tensions qui opposaient Boulsa à ses voisins -le reste du Moogho et le royaume du Gulmu -, le capitaine Voulet arrive à Boulsa le 16 décembre 1896 en territoire conquis. Nous retracerons l’itinéraire de cette conquête avec la thèse de Vincent Sedego, historien chercheur au Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST).

L’histoire de Boulsa rapporte que Naaba Wobgo de Boulsa apprit que Moogo Naaba Wobgo demandait son aide militaire contre les Français. Arrivé à Lilliala, Wobgo apprit que Voulet était à Kogo (dans Le Ganzourgou) d’où il devait passer par Boulsa. C’est après son passage dans le pays gourounsi le 9 septembre et son retour à Ouagadougou, le 15 octobre, que Voulet entreprit de rejoindre le Yatenga. II passa par Kogo, gagna Kobouré avant de revenir à Boulsa le 16 octobre 1896. La lecture des différents ouvrages atteste « du caractère pacifique de la conquête de Boulsa ».

Au moment de la pénétration de la colonne Voulet-Chanoine, la chefferie de Boulsa était épuisée par les interminables guerres qui I’opposaient à ses voisins immédiats. L’histoire de Boulsa retient que c’est de retour d’une guerre contre Bogandéso que Wobgo apprit que le Moogo Naaba avait été bouté hors de son palais. Vingt années de campagnes militaires (de 1876 à 1896) avaient fini par affaiblir « l’éléphant » du Namentenga. C’est pourquoi, face à l’avancée des Français, Wobgo résolut de ne pas lutter. Les chefs de Kogo et de Kobouré, qui ont tenté de manifester, ont été mis à mort. Lorsque Voulet arriva furieux, il fut surpris de l’accueil qui lui était réservé. Il but de l’eau qu’on lui tendit, tout en caressant le front du cheval qu’on lui avait offert… et continua sa route, traversant Mané, Boussouma le 18 octobre, Sanmatenga le 20 octobre 1896.

Les bonnes années de grandeur politique, de prestige, de gloire n’étaient plus que souvenirs et nostalgie. L’œuvre de Wobgo prenait ainsi fin. Désormais, les réalités du pouvoir de Boulsa étaient entre les mains du Balum Naaba Rimzekedo, agissant au nom du souverain déchu,

subordonné à la volonté de la France. Celui-ci devait, à la tête d’une armée recrutée à Boulsa même, prendre part à la conquête des autres régions non encore soumises.

Le sort de Boulsa désormais incertain pour ses fils, l’était pour les Français. Ainsi, l’intronisation du Moogo Naaba Siguiri fut une occasion au cours de laquelle la France devait manifester sa grandeur aux Moosé. Étaient présents les souverains de Tenkodogo, Boussouma, Mané… Le Boulsa Naaba Wobgo était absent à cette rencontre. Était-ce le fait du hasard ? L’administration française cherchait-elle déjà à connaître les coutumes et interdits qui existaient entre Boulsa et Ouagadougou ? À l’unanimité, les informateurs retiennent seulement que c’est lors du voyage aller à Tenkodogo, le 5 février 1897, que le lieutenant Voulet traita avec le Koupèla Naaba et le Boulsa Naaba. Wobgo envoya le Balum Naaba Rimzekedo faire sa soumission aux Français et s’engager dans l’armée française pour lutter contre les villages insurgés de Tibga, Bilanga et Turkana du Gulmu.

Wendkouni Bertrand Ouédraogo
Lefaso.net

- SEDOGO (V), « La Haute-Volta, du référendum à l’indépendance », dans Burkina Faso : cent ans d’histoire, 1895-1995, Karthala, 2003, p 529.

- SEDOGO (V), Intégration des anciens occupants de Boo-Nam dans la formation du Namentenga (Boulsa), Mémoire de maîtrise UO, 1995, FLASHS, 123 pages.

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