Burkina : Deux projets mis en place pour lutter contre la malnutrition et encadrer les enfants talibés
La cérémonie de lancement officiel des projets intitulés « Approche multisectorielle pour la prévention et la prise en charge de la malnutrition aiguë chez les enfants de 0 à 59 mois et les femmes enceintes et allaitantes » et « Renforcement de l’éducation et la protection des enfants talibés (PREPET) » a eu lieu à Ouagadougou, ce jeudi 12 septembre 2024.
Le Burkina Faso est confronté à une crise sécuritaire, un déplacement des populations, des crises sanitaires (épidémies et pandémies), le changement climatique et la pauvreté. Ce qui a augmenté l’insécurité alimentaire chronique. A la fin du mois de mars 2023 selon le rapport du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR), ces trois régions (la Boucle du Mouhoun, les Hauts-Bassins et le Centre-ouest) abritent 261,289 personnes déplacées internes (dont 109,755 enfants de moins de 5 ans soit 42%) représentant environ 13% des déplacés du pays.
Le total des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère était de 35,786 en 2023 représentant 21% du total d’enfants attendus du pays en 2023 dont la majorité se trouvent dans la région de la Boucle du Mouhoun.
Sur l’ensemble du territoire, à la date du 31 mai 2023, le nombre d’établissements scolaires fermés est de 6 149. Ces fermetures représentent environ 23,48 % des structures éducatives. Elles affectent 1 041 681 élèves soit 505 748 filles (48.55%) ainsi que 31 004 enseignants dont 9 937 femmes.
Malgré la fermeture de certaines structures éducatives en raison de la crise sécuritaire, les foyers coraniques ont été épargnés. Ces foyers ont démontré leur résilience en zone de choc et en zone de déplacement en particulier en suivant les mouvements de population. Pour le cas spécifique des foyers coraniques, le recensement national (2021) réalisé par la Direction générale des études et des statistiques sectorielles (DGESS) révélait l’existence de 5 467 foyers coraniques regroupant 160 958 enfants dont 53 649 filles. En ce qui concerne les écoles franco-arabes, elles totalisent selon les données de la DGESS, 362 079 élèves dont 169 139 filles répartis dans 2 380 structures éducatives.
La mise en œuvre de ces deux projets représente donc un ouf de soulagement pour les populations en situation de vulnérabilité.
Le nombre de bénéficiaires pour le projet nutrition est de 989 143 enfants de 0 à 59 mois et 408 334 femmes enceintes/ allaitantes. En ce qui concerne le projet éducation, 8 600 enfants talibés vont être touchés. Les régions de la boucle du Mouhoun, du Centre-ouest et des Hauts-Bassins sont les zones d’intervention des projets qui vont s’étaler sur trois ans (Décembre 2023 à Décembre 2026).
L’UE et l’UNICEF, des alliés de la nutrition et de l’éducation au Burkina Faso
6,5 milliards de Francs CFA vont être mobilisés pour la réalisation des projets. L’Union européenne (UE), dans sa dynamique de promouvoir la sécurité alimentaire et l’éducation pour tous, est le plus grand partenaire financier de ces projets.
« Ces deux projets sont très important pour le développement du capital humain au Burkina Faso. Je suis convaincu qu’ils vont faire une grande différence. Nous allons travailler avec les jeunes. Nous savons à quel point la jeunesse occupe une place importante dans le pays. Nous allons donc développer des actions très concrètes qui vont faire une grande différence en ce qui concerne le problème de la malnutrition et des enfants talibés dans le pays.
L’UE est engagée depuis plusieurs décennies auprès du Burkina Faso pour l’accompagnement des actions de développement dans tous les secteurs clés. Cette coopération dynamique a su s’adapter au contexte difficile que connaît le pays avec la crise sécuritaire et humanitaire.
Nonobstant les nombreux défis qui se présentent dans les secteurs des services sociaux de base, l’Union européenne poursuit son soutien au pays, pour le renforcement de la résilience, à travers la mise en œuvre de programmes multisectoriels destinés à répondre aux besoins des populations », a souligné l’ambassadeur de l’UE au Burkina Faso, Daniel Aristi Gaztelumendi.
La mise en œuvre des deux projets est assurée par l’UNICEF.
« Le Burkina Faso - consacre environ 24% de son budget national à l’éducation et lance des initiatives visant à transformer ce secteur - témoigne de la conviction du gouvernement que l’éducation est non seulement une priorité, mais également le socle d’une société prospère.
Je salue également la détermination du gouvernement à améliorer l’état nutritionnel de ses populations. Les progrès réalisés ces dernières années sont significatifs : des stratégies innovantes, l’adoption de décrets et de lois pour la protection de l’allaitement maternel, l’augmentation des budgets alloués à la nutrition, et l’introduction d’une ligne budgétaire spécifique au ministère de la Santé en sont quelques exemples.
Ces efforts illustrent la reconnaissance du fait que la nutrition est le fondement du développement physique et cognitif de l’enfant, conditionnant sa capacité à apprendre et à devenir un membre productif de la société. L’UNICEF s’aligne sur ces principes et est fier de soutenir ces initiatives, en reconnaissant que l’éducation est le fondement de l’avenir d’une nation et que la nutrition en est la pierre angulaire.
Les résultats du projet vont nous aider à avoir plus tard, des adultes qui seront en mesure de contribuer au développement de ce pays », a déclaré le représentant de l’UNICEF au Burkina Faso, John Agbor.
Des dires du secrétaire général du ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, Ibrahima Sanou, ces deux projets s’inscrivent en droite ligne avec les besoins du Burkina Faso. Il a aussi précisé qu’ils répondent aux véritables besoins des bénéficiaires. Il a donc remercié les initiateurs et a invité les parties prenantes à plus d’engagement dans la mise en œuvre des projets. Il a laissé entendre que les services spécialisés du ministère de l’Éducation et de la Santé vont tout mettre en œuvre pour la réussite des projets.
SB
Anita Zongo (stagiaire)
Lefaso.net