Mots clés : Dégradation, ressources naturelles, stratégies d’adaptation, Tiéfora

Introduction

La dégradation de l’environnement en général, et des ressources naturelles en particulier constituent une problématique du développement à l’échelle mondiale et surtout pour les pays sahéliens. Selon PNUE (2002) cité par (D.E.C. Da, et al. 2008, p.306), 70% des 2500 millions d’hectares de terres arides du globe utilisées par l’agriculture sont déjà dégradés. Dans les pays à vocation agricole, l’agriculture contribue pour 29 % en moyenne au produit intérieure brut (PIB) et emploi 65 % de la population active (Banque mondiale, 2008, p.03).

En Afrique, la dégradation des terres devient de plus en plus inquiétante avec la croissance rapide de la population et les effets de la variabilité climatique. Les pays de l’Afrique sub-saharienne sont actuellement confrontés à des défis démographique, écologique et économique (A. Benkahla, et al. 2013). L’agriculture qui est l’une des activités économiques en Afrique oblige les agriculteurs à développer des stratégies d’adaptation pour atténuer les effets de la dégradation des terres. Le Burkina Faso est soumis à une croissance accélérée dont les conséquences se répercutent sur les ressources naturelles. La commune de Tiéfora est une commune à vocation agricole. Les agriculteurs développent des stratégies d’adaptation afin de faire face à la dégradation des terres.

1. Méthodologie
1.1 Choix de la Zone d’Etude

Tiéfora est une commune rurale de la province de la Comoé située dans la région des cascades. Il est le chef-lieu de la commune rurale qui est situé à 25 km de Banfora. La commune s’étend sur une superficie totale de 1073 km2, soit 6,77 % de la superficie totale de la province. La commune rurale de Tiéfora a pour coordonnées géographiques 10°37’59’’ de latitude Nord et 4°33’00’’ de longitude Ouest. Elle compte trente (30) villages et est limitée à l’est par la commune rurale de Sidéradougou, à l’ouest par les communes de Banfora et Bérégadougou, au sud par la commune de Niangoloko et au nord par la région des Hauts- Bassins.

Figure 1 : Présentation de la commune de Tiéfora

1.2. Méthode

Une approche qualitative a été utilisée pour cette étude. Un guide d’entretien a permis de recueillir des informations auprès des directions provinciales de l’environnement et de l’agriculture. Un questionnaire individuel a permis de recueillir les informations auprès des exploitants agricoles sur la dégradation des terres. Kobocollect a servi à la collecte et au traitement des données.

Au totale 90 personnes ont été enquêtées dans les trois (3) villages de l’étude ( Compaoré et al., 2024). Ce nombre de personnes a été pris en compte à cause de l’insécurité dans la zone. La méthode boule de neige a permis de toucher les personnes à enquêter.

2. Résultats et interprétation
2.1. Les stratégies adoptées par la population locale

La population locale de Tiéfora a mise en place des stratégies d’adaptation comme l’atteste la figure 2.
Figure 2 : Les techniques de conservation des eaux et des terres adoptées

Source : Enquête terrain, 2022

La figure (2) montre que dans la commune de Tiéfora, l’utilisation des cordons pierreux n’était pas bien développée. En effet durant ces trois dernières années seulement 2,2% des enquêtés utilisent cette pratique. Les cordons pierreux sont des aménagements antiérosifs. Beaucoup pensent que ce type de pratique n’est pas approprié du fait que le sol n’est pas sur une pente, l’eau de pluie qui tombe sur le sol est absorbée directement et pour d’autre l’élaboration du cordon pierreux demande assez d’énergie.

Le fumier organique n’est pas trop utilisé seulement 11,1% de la population l’utilisent.
L’agroforesterie occupe 11,1% de la population, l’espèce développée est l’anacardier qui est produit en masse élevée par les producteurs puisqu’il constitue aussi une source de revenu d’argent.
La rotation des cultures est la technique de culture qui consiste à cultiver sur un même champ en changeant des cultures chaque année. C’est plus adopté dans la zone. En effet, 33,3% de la population l’appliquent. Elle permet au sol d’être exploité durablement. Les semences combinées sont le maïs, l’arachide, le mil.

L’association des cultures est une technique qui associe plusieurs cultures sur un même champ. Pour cela, 27,7% de la population échantillonnée pratiquent cette technique. Ils associent l’arachide, le niébé souvent avec des légumes.
Les semences améliorées sont aussi utilisés afin d’avoir de bons rendements et de faire face aux aléas climatiques. Seules les variétés du maïs sont plus sollicitées. Mais beaucoup d’agriculteurs soulignent que pour rentrer en possession de ces variétés c’est très compliqué. Ce sont les agents de la ZAT (Zone d’Appui Technique) qui s’en chargent, et il faudra être inscrire sur la liste pour pouvoir rentrer en possession.

2.2. Les changements observés par la population locale

Les stratégies agricoles adoptées ont pour but d’améliorer les rendements et de lutter contre la dégradation des ressources naturelles. Ainsi, la population atteste que ces stratégies ont été adoptées afin de s’adapter aux changements climatiques et de lutter contre la dégradation des ressources naturelles. Celles-ci ont aussi lutté contre la famine et a assuré la sécurité alimentaire dans la zone. Pour eux les changements leur permettent de récupérer les terres dégradées ou d’améliorer la qualité des terres. Cette situation augmente le rendement et permet aux populations d’avoir de bons rendements à la fin de la saison.

Conclusion

Des stratégies ont été adoptées pour faire face à cette dégradation des terres dans la commune de Tiéfora. Le taux d’adoption de ces stratégies varie. En fonction des conditions édaphiques de la localité, certaines techniques sont plus adoptées que d’autres. Cependant, l’insuffisance de moyen financier et l’insuffisance de connaissances impactent sur le taux d’adoption de ces stratégies.

KARAMBIRI Bienvenue Lawankiléa Chantal Noumpoa
Institut des Sciences des Sociétés (INSS/CNRST)

Références bibliographiques

Banque Mondiale Washington. 2008. « L’agriculture au service du développement ». Rapport sur le développement dans le monde -Word Bank, 27p.

Benkahla Armel et Peter Hochet (2013). « Gérer ensemble les ressources naturelles du territoire, guide méthodologique pur promouvoir et consolider une gestion négociée des ressources naturelles en Afrique de l’ouest ». Programme Negos -GRN-Mali, Sénégal, Burkina Faso, 75p.

Compaoré Assita, Karambiri Bienvenue Lawankiléa Chantal Noumpoa , Dipama Jean Marie, 2024. Adaptation of Populations to the Degradation of Natural Resources in Tiéfora (Burkina Faso), European Journal of Science, Innovation and Technology, Volume 4, Number 2, pp 172-181

Da Dapola Evariste Constant, Hamma Yacouba., Yonkeu Samuel (2008). « Unités morphologiques et gestion de la fertilité des sols dans le centre-nord du Burkina Faso par les populations locales ». Int.J.Biol.chem.sci.2(3), 315p.