Introduction

Les variations climatiques restent un sujet très important et d’actualité, non seulement pour le siècle actuel, mais aussi et surtout pour les populations dont la survie en dépend au regard de leur forte dépendance. Les régions du Sahel ont connu des variations climatiques. Ces variations climatiques observées s’imbriquent dans des changements globaux de l’environnement à l’échelle de la planète. Au Burkina Fao, les constantes variations du climat ont affecté la plupart des secteurs de production. En effet, les principaux secteurs de production, pourvoyeurs d’emplois, de ressources alimentaires et économiques pour plus de 80 % de la population, que sont l’agriculture et l’élevage, ont été profondément impactés au regard à leur forte dépendance à la pluviométrie.

Le sésame qui fait partie des spéculations produite au Burkina Faso, fait fasse à la variabilité climatique surtout dans la commune de Bérégadougou (Sanogo et al, 2024). La rudesse de ses impacts sur les populations et leurs activités économiques nécessite un suivi constant de l’évolution du climat dans la perspective d’anticiper les éventuelles variations (Ali et Lebel, 2009). En effet, plusieurs études ont été menées sur la dynamique climatique dans le sahel (Ozer et al., 2010. Les projections climatiques actuelles prévoient de fortes variations climatiques avec une tendance à l’accentuation des épisodes de sécheresse surtout dans la zone sahélienne GIEC (2007). Ainsi, cette étude a pour objectif d’analyser la dynamique climatique dans la commune rurale de Bérégadougou.

1 Cadres de l’étude
Cadre géographique

La commune rurale de Bérégadougou a pour coordonnées géographiques 10°46’0"de Latitude Nord et 4°45’0" de Longitude Ouest. Elle est limitée à l’Ouest et au Nord-Ouest par la commune rurale de Moussodougou, à l’Est par la commune rurale de Tiéfora, au Nord par la commune rurale de Toussiana et au Sud par la commune urbaine de Banfora (figure 1).

Cadre méthodologique

La démarche méthodologique adoptée est basée sur les données quantitatives
Des données de pluviométrie, de température, d’humidité et de l’évaporation de 1991 à 2022 de la station de Bérégadougou ont été collectées auprès de l’Agence Nationale de la Météorologie. Le choix de cette station s’explique par le fait que c’est la station qui couvre la zone de l’étude. De même, l’analyse de la variabilité interannuelle des précipitations a été faite avec les anomalies standardisées réduites. Ces anomalies ont été calculées en utilisant la formule d’analyse de la variabilité interannuelle des indices suivants :

où : x_i^’ = anomalie centrée réduite pour l’année i
x_i = la valeur de la variable ;
x ̅= la moyenne de la série.
σ(x)= l’écart type de la série

2 Résultats
2.1. Evolution de la pluviométrie

La commune rurale de Bérégadougou appartient au domaine climatique sud soudanien marquée par deux saisons résultant des mouvements de la Convergence Inter tropicale. Ainsi, on y observe une saison sèche allant de mois de novembre à avril (figure 2).

Figure 2 : Diagramme pluviothermique de la commune de Bérégadougou

Source : ANAM, 2023

Cette saison sèche est caractérisée par une période froide qui dure de novembre à la mi-février et une période chaude et sèche qui s’étale de la mi-février à la mi-mai. La saison des pluies s’étale du mois de mai à octobre. Le mois d’août est le plus orageux avec des précipitations de plus de 250 mm . Ces hauteurs pluviométriques peuvent entraîner des inondations dans les exploitations agricoles familiales et dans les habitations.
Une autre particularité de la commune rurale de Bérégadougou, est la grande variabilité interannuelle des précipitations. A Bérégadougou, les années 1992,1996, 1999, 2001,2002, 2004, 2005, 2009, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2021 sont considérées comme sèche car les moyennes pluviométriques sont en dessous de 900 mm qui est la moyenne de la série. Par ailleurs, l’année 1992, est la plus sèche avec 683 mm de pluie. ; L’année 2020 avec 1490,3 mm est la plus arrosée de toutes les années humides de la série. Par ailleurs, l’indice standardisé des précipitations (SPI) permet de détecter rapidement les situations de sécheresse. Il est moins complexe que bien d’autres indices (l’indice de sécheresse de Palmer par exemple). Ainsi, l’évolution de l’indice standardisé des précipitations (figure 3) de la commune rurale de Bérégadougou, permet de dégager les conclusions suivantes.

Figure 3 : Evolution de l’indice standardisé des précipitations

Source : ANAM, 2023

Les années 1996, 1999, 2002, 2004, 2013, 2014 et 2015 sont proches de la normale car les valeurs de l’indice SPI sont comprises entre -0,99 à 0,99. Les années 2001, 2005, 2009 et 2017 sont modérément sec car les valeurs SPI sont comprises entre -1,0 à -1, 49 tandis que les années 2000, 2006, 2018, 2019 et 2021 sont modérément humide car les valeurs de l’indice SPI sont situées entre 1,0 à 1,49. Par contre, l’année 1992 est extrêmement sec avec une valeur de l’indice de SPI comprise entre -2 et moins tandis que l’année 2020 est extrêmement humide avec l’SPI compris entre 2 et plus. L’analyse de l’évolution de l’indice standardisé des précipitations sur la série de 1991 à 2022, soit 30 ans, a permis de comparer en toute confiance entre les sécheresses passées et actuelles dans l’espace géographique de la commune rurale de Bérégadougou, domaine du climat sud soudanien de la zone tropicale sèche. Aussi, quel que soit l’année de la série, les précipitations sont toujours supérieures à 680 mm . Néanmoins, l’année 2020, considérée extrêmement humide, pourrait engendrer des inondations dans les parcelles d’exploitations dans les concessions.

2.2. Variation de la température à Bérégadougou

Une autre particularité de la commune rurale de Bérégadougou, est la grande variabilité interannuelle de ses températures moyennes annuelles (figure 4).

Figure 4 : Evolution interannuelle des températures moyennes annuelles

Source : ANAM, 2023

La figure 4 atteste que les campagnes de sésame des années 1998, 2002, 2003, 2004, 2005, 2010 et 2016 ont enregistré des températures moyennes annuelles supérieures à 28°C tandis que les autres années ont des températures moyennes comprises entre 27 °C et 28 °C. La campagne agricole de sésame la plus chaude se situe en 2017 avec 28,5°C tandis que 1992 est la moins chaude avec 27,38°C. Aussi, l’analyse de la série de 1991 à 2021 atteste une augmentation de la température de 1,2 °C (0,025°C/an).

2.3. Variation de l’évaporation
L’évapotranspiration se manifeste par évaporation du sol et par la transpiration de la plante en générale. Elle est la quantité d’eau transférée du sol vers l’atmosphère. Elle est assez élevée dans la commune rurale de Bérégadougou car elle est supérieure à 2000 mm quel que soit l’année de la série d’études.

Figure 5 : évolution interannuelle de l’évaporation potentielle

Source : ANAM, 2023

Conclusion

L’analyse des paramètres climatiques sur la série de 1991 à 2021, a montré que le climat varie dans la zone de Bérégadougou. Les conditions pluviométriques, thermiques, et de l’évapotranspiration potentielle sont propices. Cette situation favorable du climat fait que c’est une zone de forte production du maïs, du sésames, etc. Mais la variabilité climatique pourrait impacter la production agricole pluviale à Bérégadougou.

KARAMBIRI Bienvenue Lawankilea Chantal Noumpoa,
Institut des Sciences des Sociétés (INSS/CNRST)

Bibliographie

Ali A. & Lebel T. (2009). The Sahelian standardized rainfall index revisited” in Int. J. Climatol. 29, pp. 1705-1714

GIEC (2007). Bilan 2007 des changements climatiques. Genève, Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, 103 p.

Ozer P., Hountondji Y. C., Niang A. J., Karimoune S., Laminou M. O. & Salmon M. (2010). Désertification au sahel : historique et perspectives. BSGLg, 54, pp. 69-84.

Sanogo Salifou, Karambiri Bienvenue Lawankilea Chantal Noumpoa, Badini Mahamoudou, Yanogo Pawendkisgou Isidore, 2024. Climat variability and sesame production in the rural community of Bérégadougou, Burkina Faso, bullettin of the serbian géographical society, 104(1) 223-236.