Catholic relief services : Les partenaires étatiques et des collectivités à l’école du leadership humanitaire
Catholic relief services (CRS) a convié ses partenaires étatiques et des collectives à une session de formation sur la localisation, du jeudi 8 au vendredi 9 août 2024, à Ouagadougou. L’objectif de cette formation est d’outiller ses acteurs qui constituent des maillons incontournables dans la chaîne de valeur du concept de leadership humanitaire - de plus en plus en vogue dans le secteur humanitaire. L’évènement a connu la présence du représentant résidant par intérim, Edouard Nonguierma et du directeur adjoint des programmes de CRS Burkina Faso, Abdoulaye Bikienga.
La localisation. D’ordinaire on emploie ce mot pour faire référence à l’application Maps, qui nous permet de quitter un point A pour un point B. Mais dans le domaine humanitaire, ce mot a une autre connotation. « Pour CRS, la localisation, encore appelée local leadership, signifie qu’un groupe diversifié d’acteurs locaux définit les priorités du travail de secours et de développement, conçoit des projets, demande et obtient des subventions, pilote une mise en œuvre réussie, mesure et évalue les résultats, le tout sans gestion par une organisation non-gouvernementale internationale. Elle inclut le respect du rôle des acteurs locaux, parce que ce sont eux qui fondent nos actions. On leur vient en soutien en tenant compte de leurs besoins, et non, en fonction de la vision que nous avons tracé et que nous voulons qu’ils appliquent à la lettre », a défini aux partenaires, Orkiatou Zampou, responsable du département leadership local de CRS.
Dans sa communication, elle est revenue sur les dimensions de la localisation, au nombre de sept. Il s’agit du financement, des partenariats, du renforcement des capacités, de la révolution de la participation, des mécanismes de coordination, de la visibilité des acteurs et actrices nationaux, et de l’influence politique de ces derniers, qui ont une empreinte significative dans les débats de politique internationale. En sus, elle est revenue sur l’accord du Grand Bargain, lancé lors du sommet mondial sur l’action humanitaire en mai 2016, à Istanbul, en Turquie. Pour rappel, cette institution regroupe 66 signataires, qui sont les plus grands contributeurs en matière humanitaire. On y dénombre certains pays, mais aussi des ONG, parmi lesquelles CRS. Et même si l’Etat burkinabè n’est pas signataire, de cet accord, sa contribution dans le processus de localisation n’en est pas moins négligeable.
« On constate des financements de plus en plus directs, des bailleurs vers les acteurs nationaux/locaux et sans intermédiaire d’un acteur international. Les organisations locales ont aussi acquis beaucoup de capacités, dans le cadre de la réponse humanitaire. Et en observant la vision politique du gouvernement, on constate une démarche tendant à la localisation et à la valorisation des ressources et des compétences endogènes. C’est pourquoi du côté de CRS, nous estimons que la localisation ne peut pas marcher sans l’Etat, qui joue un rôle central, et sans qui, les actions même des ONG ne peuvent porter fruit » a assuré Orkiatou Zampou de CRS.
Parlant d’ailleurs du rôle de l’Etat dans l’agenda localisation au Burkina, Yandi Lompo, chargé de l’humanitaire au Secrétariat permanent des ONG, a insisté sur l’impact qu’il doit avoir dans tout ce processus. « L’Etat a une responsabilité essentielle pour s’assurer d’une transition vers la localisation des actions humanitaires et de développement. Sans l’Etat, les ONG, et même les autres acteurs ne pourront pas faire le travail qu’il faut pour relever la question humanitaire », a-t-il souligné aux partenaires étatiques.
A cet acteur clé et incontournable, s’ajoutent les organisations nationales qui, dit-il, doivent rester engagées et motrices pour atteindre les objectifs fixés. « Elles ne doivent pas se cantonner à un rôle passif, expectatif des subventions, partenariats et assistances techniques. Les initiatives de localisation n’auront un impact positif que si elles sont saisies. Les OSC doivent ainsi rester proactives pour identifier et mettre en œuvre des solutions innovantes pour renforcer leur structuration et leurs capacités, s’engager de façon dynamique et constante dans les instances de coordination ou d’influence, développer I’ entraide mutuelle et un esprit de solidarité entre elles », a-t-il expliqué aux participants.
Soulignons que cette formation a permis aux partenaires d’exposer aussi les difficultés qu’ils rencontrent dans la résolution de certains problèmes qui touchent au mandat des ONG. Ce fut donc une occasion d’échanges francs et sincères et surtout de recherche de solutions concertées aux contraintes et aux défis communs. « Au lieu de s’attaquer aux effets, il faut s’attaquer aux causes et trouver la solution ensemble », a conseillé Orkiatou Zampou.
CRS fait partie des organisations leaders et pionnières dans le domaine du leadership humanitaire ou du local leadership au Burkina Faso En témoigne la fermeture de ses sous-bureaux au profit de ses partenaires depuis 2021, la mise à disposition de fonds propres pour promouvoir le leadership humanitaire des organisations nationales et locales, l’organisation du forum sur la localisation en 2023 qui a abouti à la désignation du SPONG pour coordonner et harmoniser les initiations en matière de localisation au Burkina Faso, la formation des hommes et femmes de médias le 18 juillet dernier et enfin la tenue de la première journée du leadership local le 23 juillet dernier avec un focus sur le rôle et la responsabilité des organisations nationales.
Pour rappel, CRS a été créé en 1943 par les évêques des Etats-Unis. C’est donc l’agence humanitaire internationale officielle de la communauté des catholiques des Etats-Unis. L’institution est présente dans plus de 100 pays à travers le monde, touchant plus de 122 millions de bénéficiaires. Elle est établie au Burkina Faso depuis 1960 sur invitation de la conférence épiscopale du Burkina Faso et intervient sur cinq axes stratégiques à savoir que tous les gens vivent dans des sociétés justes et pacifiques ; que tout le monde survive et prospère face aux catastrophes ; que tous les peuples gagnent des moyens de subsistance dignes et résilients dans des paysages florissants ; que tous les enfants atteignent leur plein potentiel de santé et de développement dans des familles sûres et nourricières ; et que tous les jeunes soient habilités à s’épanouir.
Erwan Compaoré
Lefaso.net