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Burkina/Littérature : « Je veux contribuer à éveiller certaines consciences sur les enjeux cruciaux du moment », William Bationo, écrivain

Publié le lundi 9 septembre 2024 à 21h30min

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Burkina/Littérature : « Je veux contribuer à éveiller certaines consciences sur les enjeux cruciaux du moment », William Bationo, écrivain

« L’éclat dans la nuit ». Tel est le titre de l’œuvre de l’écrivain William Bationo, expert en médias et développement. Dans cette interview qu’il nous a accordée, l’homme revient sur son parcours professionnel et son œuvre qui relate la situation sécuritaire du Burkina Faso et la résilience des populations.

Lefaso.net : Veuillez-vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas.

William Bationo : Je me nomme Belélé Jérôme William Bationo, je suis expert en médias et développement. Je travaille pour l’ONG Media in Cooperation and Transition (MiCT). C’est une organisation basée à Berlin pour laquelle j’ai la charge de la mise en œuvre de quelques projets dont actuellement, un en Afrique de l’Ouest appelé « Media for Peace » et un autre de soutien aux journalistes et créateurs de contenus médiatiques d’Afrique francophone et de Haïti, intitulé « Fellowship for Critical Voices ». Je suis également formateur en médias et consultant pour diverses institutions.

On vous a plus connu en tant que journaliste qui, plus tard, s’est intéressé aux questions climatiques. Aujourd’hui, vous êtes consultant en développement et agent international. Pouvez-vous revenir brièvement sur votre parcours ?

Avant de parler de mon parcours, je profite de l’occasion pour dire encore merci à tous ces aînés et amis qui ont été là pour me tendre la main tout au long du chemin. Pour mon parcours académique, j’ai fait une maîtrise en psychologie à l’université de Ouagadougou, une licence professionnelle en management des ressources humaines à l’IAPM et un master en communication à l’IIM-Ouaga. Plus tard, j’ai fait un autre master en sciences-technologies-santé à l’université Paris-Saclay avec une spécialisation en climat et médias de l’École supérieure de journalisme de Lille.

En ce qui concerne ma carrière professionnelle, elle a débuté à proprement dit en presse écrite en 2011-2012 à L’Observateur Paalga, puis un passage en télévision à Burkina Info comme JRI [journaliste reporter d’images]. Ensuite, un retour à la presse écrite comme rédacteur en chef à Infos Sciences Culture, parallèlement à des activités de journaliste correspondant et de consultation médias que j’ai menées notamment pour l’Union européenne, le Goethe-Institut et d’autres institutions. Par la suite, j’ai aussi travaillé entre 2018-2019 pour la Fondation Hirondelle au Burkina Faso à travers le Studio Yafa, avant de me retrouver depuis 2020 comme consultant permanent et expert en médias et développement pour l’ONG MiCT et d’autres institutions.

Actuellement en Allemagne, comment gère-t-on la distance d’avec les parents restés au pays ? Avez-vous souvent le mal du pays ? Comment gérez-vous cela ?

Concernant la distance avec les parents, on la gère en utilisant des canaux de communication moderne disponibles. Quant au mal du pays, il est parfois là mais on gère cela avec nos différentes possibilités et ça passe. Il faut dire aussi que c’est une des raisons qui m’avaient poussé à revenir m’installer au pays pour une expérience de travail, mais que j’ai finalement interrompu au bout de huit mois. Toutefois, je rends grâce à Dieu, car il faut dire que je suis chanceux du fait de mon boulot actuel qui me permet d’être là en Afrique 3 à 4 fois au cours de l’année. Ce qui permet de ne pas trop sentir le mal du pays.

Déjà en tant que journaliste, vous vous essayiez déjà à l’écriture des œuvres littéraires. La littérature, ça vous connaît, dirait-on. Comment a débuté cette passion pour l’écriture ?

Je dirai que cette passion a débuté comme pour beaucoup de personnes dans la lecture. Bien que je sois passionné de sciences et que j’aie eu une formation scientifique au lycée et bien plus tard, j’ai toujours été amoureux de la littérature et des belles lettres. Ce qui m’a conduit à m’essayer dans l’écriture, même si c’était de manière ponctuelle et sans une réelle volonté de publier. C’est d’ailleurs cet amour de l’écriture qui m’a finalement conduit dans le journalisme, particulièrement au début dans la critique d’art et des œuvres littéraires. Avec le temps, ayant maintenant la possibilité de laisser exprimer pleinement cet amour de l’écriture, je m’essaie donc un peu plus avec fantaisie mais aussi un peu de réalisme dans la production d’œuvres littéraires.

Sur votre profil, on peut aussi lire que vous avez fait des études en psychologie. Vous avez ou portez donc plusieurs casquettes. Au moment de vous plonger dans l’écriture d’une œuvre, laquelle de ces multiples casquettes prend le dessus ?

Je dirai qu’il est difficile de séparer les différentes casquettes comme vous les appelez, car pour moi, elles sont intrinsèquement liées. Elles forment un tout qui détermine en grande partie ce que je suis en tant qu’individu et personne. Je ne pense pas qu’un aspect de mon parcours prenne le dessus sur l’autre. Peut-être le « psychologue » est plus présent, même si je n’en suis pas un (rires). Mes études en psychologie ont certainement des traces dans ce que je fais, mais je reste le fruit de beaucoup d’influences qui prennent le dessus quand je me plonge dans l’écriture. Il faut dire que je fusionne mon expérience dans tous les domaines et mon engagement personnel sur certaines thématiques pour tisser les récits afin d’inviter surtout à la réflexion. Cela se fait aussi sur la base des réalités socioculturelles de mes origines et sociopolitiques de notre temps.

« L’éclat dans la nuit », c’est le titre de votre dernière œuvre, qui touche beaucoup plus au vécu des sociétés et à leur résilience face à l’adversité. Qu’est-ce qui vous a motivé à la rédiger et que voudriez-vous que l’on retienne de cette œuvre ?

Comme je le disais, j’écris plein de bouts d’histoires, de fictions et de fantaisies, à la base sans volonté réelle de publier. Ce qui m’a motivé avec « L’Éclat dans la nuit », c’est le contexte actuel de plusieurs régions du monde et particulièrement des pays du Sahel. L’idée est d’apporter ma touche dans la réflexion, si possible contribuer à éveiller certaines consciences sur les enjeux cruciaux du moment. À travers ces thèmes dont les vécus des sociétés et leur résilience, je tente d’explorer les complexités de l’identité des hommes et du changement, en essayant de mettre en lumière les luttes et les espoirs qui façonnent nos vies dans un monde en constante évolution.

« L’éclat dans la nuit », le titre de l’œuvre de l’écrivain William Bationo

De cette œuvre, je souhaite donc interpeller sur la nécessité de lutter contre les démons intérieurs qui sont en chacun de nous pour laisser place à l’illumination, surtout quand on est face à une situation de lutte pour un quelconque pouvoir. C’est aussi une œuvre qui se veut socialement engagée contre l’arbitraire et la violence, peu importe de qui ou d’où qu’elle vienne.

Auparavant journaliste, aujourd’hui chef de famille (je suppose) et travailleur dans les organisations internationales. Comment arrivez-vous à gérer vie sociale et écriture de vos œuvres ?

Oui, il y a une vie de famille (rires), qui fait d’ailleurs partie intégrante de cette gestion, notamment dans l’écriture de mes œuvres. Car la personne qui me lit en premier est mon épouse. C’est avec elle que j’échange sur mes idées et je prends en compte ses avis et suggestions sur ce que j’écris. Il faut surtout noter que l’écriture pour moi est une sorte d’exutoire, ce qui est vraiment plaisant entre deux voyages de travail. En somme, il faut dire qu’il n’y a aucun problème dans la gestion de la vie sociale et professionnelle et ma passion de l’écriture. Mieux, je dirai que tout est complémentaire.

Combien de temps cela vous a-t-il pris pour la rédaction de cette œuvre et quels sont les retours qui vous ont été faits jusque-là ?

Entre plusieurs choses, je dirai que cela m’a pris autour de quatre mois pour rédiger l’œuvre. Mais à la fin, je ne savais réellement pas quoi en faire. Un jour j’ai juste cherché sur internet une maison d’édition à laquelle j’ai envoyé le manuscrit et dans la même semaine, j’ai reçu un retour positif pour l’autoédition sans frais. Cela m’a encouragé et j’ai également proposé de faire une publication en Afrique. Pour la suite, je n’ai reçu que des retours positifs et d’encouragement de plusieurs personnes aussi bien du Burkina Faso que d’ailleurs. Il faut aussi dire que certaines personnes, qui n’ont pas lu l’œuvre mais qui ont juste vu des extraits en ligne, m’ont également beaucoup questionné (rires). Mais globalement je suis heureux de l’accueil reçu par l’œuvre.

Le message que vous passez à travers « L’Éclat dans la nuit » a trait à la question sécuritaire que traverse le Burkina Faso. Pour vous qui êtes à l’extérieur et qui entendez souvent les échos d’attaques terroristes dans votre pays natal, comment gérez-vous cette pression et où trouve-t-on la force de surmonter cela ?

La pression est constante et permanente. Quant à la force pour surmonter, il arrive quelquefois qu’elle ne soit pas là. Car il faut surtout dire que nous n’entendons pas que les échos de ces tristes attaques, mais recevons même parfois des images insoutenables à travers certains canaux des réseaux sociaux.

Au-delà, on essaie de garder la communication permanente pour encourager nos amis et parents sur le terrain et aussi en faisant notre possible dans le cadre de notre travail pour proposer des alternatives qu’on espère durables.

Après « L’éclat dans la nuit », à quoi devrait-on s’attendre dans les jours à venir ?

Vous verrez que la fin de la trame de « L’éclat dans la nuit » annonce le début d’une nouvelle aventure. L’appétit venant en mangeant, la suite de cette nouvelle aventure pourrait voir le jour dans les mois à venir. Mais avant, nous avons une autre œuvre déjà prête qui devrait être publiée dans le dernier trimestre de l’année.

Quel est votre mot de fin ?

Je voudrais tout d’abord vous adresser mes remerciements pour l’occasion qui m’est offerte de m’exprimer dans votre média puis, comme dans « L’Éclat dans la nuit », une fois encore, rendre hommage à toutes victimes des différentes crises notamment celle dans notre pays et souhaiter la paix et la cohésion entre tous les fils et filles du Burkina Faso.

Interview réalisée par Erwan Compaoré
Lefaso.net

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