Burkina : Newlove Kwaku Kushiator, l’inventeur de machines à tisser automatiques qui veut aller plus loin
Newlove Kwaku Kushiator dit Providence fabrique des machines à tisser automatiques, pour le bonheur des populations. Il dit avoir acquis ses connaissances grâce à des phénomènes paranormaux. Bien qu’il ait arrêté l’école en classe de CE2, sa persévérance lui a permis de développer des machines. Aujourd’hui, Providence est passé maître dans la fabrication de machines à tisser automatiques solaires et électriques.
Installé dans un atelier d’environ 30 m2, Newlove Kwaku Kushiator dit Providence travaille avec quatre personnes qui l’aident dans le montage de ses machines. Inventeur burkinabè d’origine ghanéenne, Providence a, à son actif, plusieurs inventions. Actuellement, son invention-phare est la machine à tisser automatique solaire et électrique. Arrivé à Ouagadougou en 2001 après avoir vécu à Bobo-Dioulasso, il décide de se consacrer entièrement à l’invention des machines pour contribuer au développement industriel du pays. Dès lors, Providence met en place le Bureau de recherches et de transfert de technologies (BRTT), afin d’apporter sa touche dans la recherche, l’invention, la conception et la formation. Ce n’est qu’à partir de 2008 qu’il décide de faire connaître ses inventions. Il fabrique des couveuses, des machines à tisser automatiques solaires et électriques, des séchoirs, etc.
La machine à tisser automatique reste son plus grand chef-d’œuvre. Il reçoit des commandes venant d’un peu partout dans la sous-région. Lors de notre passage, il avait plus de dix commandes à satisfaire. Cependant, faute de machineries lourdes, l’inventeur n’arrive pas à exécuter rapidement ses commandes. « Ce sont des travaux qui demandent de gros moyens. En termes de matériaux de travail, nous n’avons pas suffisamment de machineries. Cela fait que quand les gens commandent les machines, cela prend beaucoup de temps parce que nous n’arrivons pas à exécuter rapidement le travail. Quand c’est les travaux en atelier, c’est un peu lent. C’est vraiment ça le souci. Actuellement, quand quelqu’un vient pour commander, nous lui donnons quatre mois pour concevoir la machine », a expliqué Providence.
Les matériaux utilisés pour concevoir les machines sont exclusivement d’origine locale. « Nous utilisons les matériaux locaux. L’idée, c’est d’utiliser les matériaux disponibles au Burkina pour concevoir nos machines, pour ne pas dépendre de l’extérieur », a indiqué Newlove Kwaku Kushiator.
Pour monter ses machines, Providence utilise du fer, des chaînes de motos et de vélos, des tubes carrés, des fils, des relais, des câbles électriques et autres. Les prix des machines à tisser automatiques solaires et électriques vont de 810 000 à plus de trois millions de francs CFA.
« Nous voulons des soutiens, surtout financiers, pour mettre en place des unités de production. Parce que nous voulons que le Burkina soit un pays industriel. Nous voulons faire des produits made in Burkina qui peuvent compétir avec les produits venant d’ailleurs », a lancé l’inventeur.
Et d’ajouter : « J’ai acquis des connaissances après une expérience paranormale. Dans mon enfance, j’ai été en contact avec des gens qui m’ont donné beaucoup de connaissances. Ma vraie formation que j’ai reçue avec ces gens, ce n’est pas pour fabriquer de petites machines. Ma formation, c’est pour construire de grandes infrastructures comme les barrages, les centrales électriques et autres. Étant au Burkina, c’est très difficile d’expliquer cela aux gens. C’est pour cela que je fais de petites choses. Si je prends par exemple le cas de la machine à tisser, ça représente environ 2 à 5% de mes capacités. Donc il y a 95% de mes capacités que je n’ai pas encore mis sur le terrain, parce que je n’ai pas de moyens. Parce que la réalisation de la plupart des infrastructures demande des milliards. »
Il ambitionne de construire des barrages comprenant des systèmes d’irrigation de mille hectares, avec des systèmes de programmation. L’inventeur espère avoir les moyens ou de l’accompagnement pour réaliser son rêve.
Newlove Kwaku Kushiator assure qu’il a plusieurs fois déposé des demandes de financement dans plusieurs ministères, qui sont restées sans suite. Il envisage de déposer d’autres demandes pour espérer avoir des financements afin de mettre en place des infrastructures pour le développement de l’agriculture au Burkina Faso.
Rama Diallo
LeFaso.net